Sélectionneurs de fonds professionnels : risque accru et opportunités en 2021, selon une étude Natixis IM

La Rédaction
Le Courrier Financier

Natixis Investment Managers (Natixis IM) — acteur mondial de la gestion d’actifs — publie ce jeudi 18 février les résultats de son enquête mondiale annuelle (en anglais) sur les sélectionneurs de fonds. D'après ce document, ces derniers positionnent leurs portefeuilles de manière à profiter du potentiel de hausse en 2021. Cette stratégie dans un contexte de volatilité continue des marchés et de taux d'intérêt négatifs.

Prendre en compte la Covid-19

Malgré le nouvel optimisme suscité par l'approbation des vaccins Pfizer et Moderna fin 2020, six sélectionneurs de fonds sur dix estiment que la « nouvelle normalité » due au Covid va s’installer dans la durée, et deux tiers prédisent que l'économie mondiale ne se rétablira pas en 2021.

Les préoccupations principales concernant la pandémie et la situation politique ne se sont pas nécessairement traduites par une opinion négative sur les marchés et la majorité (80 % des répondants) pense que les banques centrales soutiendront le marché en cas de nouveau ralentissement. Les sélectionneurs de fonds considèrent la volatilité (49 %) et les taux négatifs (39 %) comme les principaux risques de portefeuille en 2021 — suivis de l'inflation (37 %), du resserrement du crédit (34 %) et des problèmes de liquidité (25 %).

Avec l'augmentation probable des incitations fiscales et monétaires de la part des décideurs politiques, les sélectionneurs s'attachent à déceler des opportunités d’investissement dans des conditions de marché complexes. Les projections à la fin du quatrième trimestre 2020 privilégient ainsi une stratégie de prise de risque : 66 % des répondants déclarent que les portefeuilles offensifs surperformeront les portefeuilles défensifs en 2021. Trois sélectionneurs sur cinq pronostiquent également une surperformance des petites capitalisations par rapport aux grandes (61 %) et des marchés émergents par rapport aux marchés développés (60 %).

Avantage aux stratégies actives

Plus de quatre sélectionneurs de fonds sur cinq (83 %) estiment que les marchés favoriseront les investissements actifs en 2021. 70 % prévoient également que les investissements actifs surpasseront les investissements passifs cette année, anticipant dès lors le potentiel d'une plus grande volatilité et une surperformance des actions value par rapport à la croissance. L'engagement en faveur de stratégies actives a été nettement renforcé en 2020, alors que deux tiers des sélectionneurs de fonds déclarent que les investissements actifs sur la plateforme de leur société avaient surperformé pendant le ralentissement du marché.

Les acheteurs professionnels craignent cependant que les investisseurs individuels ne soient pas en mesure de gérer positivement les risques auxquels ils seront confrontés en 2021. Les bonnes performances du marché tout au long de la pandémie ont ainsi poussé les investisseurs particuliers à prendre plus de risques, et 78 % des sélectionneurs de fonds craignent qu'une volatilité accrue n'amène les particuliers à liquider leurs investissements prématurément.

En conséquence, les sélectionneurs de fonds estiment que leurs sociétés vont faire évoluer l'offre d'investissement afin d’obtenir une plus grande cohérence dans les portefeuilles de leurs clients et ainsi mieux répondre à leurs besoins, 80 % d'entre eux déclarant que l'accent est mis sur la qualité plutôt que sur la quantité. Compte tenu de l'accent mis sur les actifs plus risqués et plus volatils et des préoccupations relatives aux liquidations potentielles, plus de la moitié (54 %) des 295 acheteurs professionnels dont les sociétés proposent aux clients des portefeuilles modèles prévoient de transférer davantage de clients vers ces portefeuilles.

« Les sélectionneurs de fonds ont modifié à la fois leur stratégie et leur offre de produits pour mieux s'adapter à un marché impacté par la pandémie et pour mieux répondre aux nouveaux besoins de leurs clients. Les résultats de cette étude renforcent notre conviction selon laquelle la gestion active et les stratégies ESG sont des réponses pertinentes pour les sélectionneurs de fonds qui tentent de tirer parti de cet environnement de marché, créer de la performance sur le long terme et de manière responsable, tout en optimisant la gestion du risque », commente Babak Abrar, directeur général adjoint, co-responsable de la distribution pour l’Europe francophone chez Natixis IM.

Optimisme de rigueur en termes d’opportunités, en particulier ESG

D’après les résultats de l'enquête, les acheteurs professionnels sont particulièrement optimistes en termes d’allocation sectorielle, en particulier sur la santé – 56 % des répondants considérant que le secteur va surperformer – suivi par les biens de consommation (46 %), les entreprises de technologies de l'information (45 %), l'énergie (44 %) et les services financiers (44 %).

Les stratégies ESG se sont démarquées et avérées gagnantes malgré les turbulences de marché en 2020, et 57 % des sélectionneurs interrogés estiment que cette surperformance se poursuivra en 2021. Afin d'accéder à l'ensemble des opportunités de marché, plus de la moitié des acheteurs de fonds ont l'intention de compléter leur offre de portefeuilles modèles et d'améliorer leur gamme avec des stratégies spécialisées en investissements ESG et thématiques.

Dans un contexte de taux d'intérêt faibles voire négatifs et de croissance faible, l'enquête révèle que l'investissement value fait son retour cette année. À l'approche de 2020, les acheteurs de fonds avaient concentré leur attention sur les secteurs à fort potentiel de croissance séculaire, alors qu'à l'inverse, en 2021, 63 % des acheteurs de fonds prévoient que les actions value surpasseront la croissance.

Plus d'un tiers (36 %) des sélectionneurs de fonds interrogés ont l'intention de réduire leurs participations en actions américaines afin de tirer parti des opportunités offertes par les performances du marché dans d'autres territoires, 55 % d'entre eux prévoyant ainsi d'acquérir des actions de la région Asie-Pacifique.

Les sélectionneurs de fonds cherchent également à réorienter les portefeuilles pour saisir les opportunités offertes par les marchés émergents hors Asie, 65 % d’entre eux déclarant ainsi que les marchés émergents sont plus attractifs aujourd'hui qu'ils ne l'étaient avant la pandémie, et plus de la moitié (52 %) confirment qu'ils vont accroître leurs positions sur ces marchés.

Lire (6 min.)

Crise sanitaire : les sélectionneurs de fonds face au ralentissement de l’économie mondiale

La Rédaction
Le Courrier Financier

Natixis Investment Managers (IM) — spécialiste mondial de la gestion d'actifs — publie ce lundi 6 avril une enquête sur la stratégie des sélectionneurs de fonds, face à la crise sanitaire. Le document s'intitule « Alpha, diversification, protection : les trois mots d'ordre des sélectionneurs professionnels de fonds dans une époque d'anxiété » (en anglais). La plupart avaient anticipé un grand retour de la volatilité ces dernières semaines, en intégrant un biais plus défensif dans leurs allocations.

L’enquête a été menée au quatrième trimestre 2019 auprès de plus de 400 sélectionneurs de fonds pour divers établissements tels que les banques privées, les compagnies d’assurances, les fonds de fonds et autres plateformes de distribution auprès des particuliers. La grande majorité d’entre eux prévoyaient déjà une plus grande volatilité sur le marché des actions (79 %) et des obligations (72 %).

Protéger les portefeuilles

Personne n'aurait pu prévoir les niveaux historiques de volatilité enregistrés sur les marchés à travers le monde depuis février 2020. Cependant, les acheteurs de fonds avaient déjà signalé qu'ils adopteraient une approche d'aversion au risque dans la sélection des fonds au cours de l'année 2020. Près de la moitié (44 %) projetaient déjà de réduire la voilure sur les actions américaines, tandis que 73 % ont déclaré être prêts à sous-performer leurs pairs en échange d’une meilleure protection à la baisse.

Préoccupations sur les niveaux de valorisation des actions, questions sur la viabilité d'un contexte durable de taux d'intérêt bas ou sur les effets persistants de l'incertitude géopolitique... Les sélectionneurs de fonds s'attendaient à ce que la reprise ne se poursuive pas en 2020. En conséquence, ils se tournent vers les gérants actifs pour les aider à se placer dans le contexte d'une plus grande dispersion sectorielle sur les marchés.

Les trois quarts des sélectionneurs de fonds (75 %) étant prêts à payer des frais plus élevés en cas de surperformance potentielle. Les sélectionneurs de fonds ont également évalué la popularité des investissements passifs comme étant source de risque systémique et de volatilité, les titres les plus performants recevant une pondération plus importante. Les sélectionneurs ont fait part de leurs inquiétudes quant au risque de pertes importantes en cas de ralentissement.

Le risque et le rendement

Malgré la volatilité accrue et les perturbations à court terme, les hypothèses de rendement à long terme des sélectionneurs de fonds restent assez stables, ayant déjà pris en compte les fluctuations des cycles du marché. La grande majorité des sélectionneurs (85 %) ont déclaré que les hypothèses de rendement de leur société étaient réalistes. Toutefois, de nombreux sélectionneurs avaient prévu un certain retour à la moyenne après une riche année 2019, avec 38 % de répondants en plus qui s'attendaient à des hypothèses de rendement plus basses que celles qui ont été relevées.

L'enquête révèle également que les préférences sectorielles des sélectionneurs reflètent déjà les attentes d'une faible croissance économique. Peu d'entre eux s'attendaient à ce que les secteurs procycliques des matériaux et de l'industrie surpassent les performances. Les sélectionneurs étaient plus optimistes quant aux secteurs à forte croissance séculaire, s'attendant à une surperformance dans les technologies de l'information (44 %), les soins de santé (42 %) et les services financiers (32 %).

Vent de succès pour l’ESG

Sur des marchés turbulents, les facteurs ESG sont également de plus en plus reconnus comme un facteur de risque important. Interrogés sur la raison principale de l'intégration des facteurs ESG dans leurs décisions d'investissement, 22 % des sélectionneurs de fonds ont déclaré qu'ils minimisaient le risque global, 21 % ont déclaré qu'ils généraient des rendements ajustés au risque élevé et 19 % ont déclaré qu'ils amélioraient la diversification.

L'enquête a révélé que 62% des sélectionneurs de fonds perçoivent une demande croissante de la part des clients pour mieux concilier leurs stratégies avec les valeurs des investisseurs. L'Europe a été la première à mettre en œuvre les principes ESG et continue de montrer la voie, avec des taux d’implémentation plus élevés et un actionnariat actif, dans le cadre duquel les sociétés d'investissement entament un dialogue avec les entreprises sur les questions ESG.

Diversifier avec le patrimoine privé

Bien que certains expriment certaines inquiétudes quant à l'utilisation d'investissements alternatifs, les sélectionneurs pensent généralement que les avantages dépassent les inconvénients, en particulier dans le cas des investissements privés. Près de la moitié (49 %) des répondants affirment que les actifs privés joueront un rôle plus important dans leur stratégie de portefeuille à l'avenir.  

Huit sélectionneurs sur dix (82 %) estiment que le contexte actuel des obligations à faible rendement va déclencher un mouvement vers des actifs alternatifs. Cette chasse au rendement explique probablement l'intérêt pour les actifs alternatifs liés aux revenus — tels que les infrastructures, l'immobilier et la dette privée. La moitié (49 %) déclarant que les actifs privés joueront un rôle plus important dans leur portefeuille. Après la volatilité des dernières semaines, les acheteurs auront trouvé une nouvelle appréciation pour les stratégies capables de produire des rendements non corrélés et offriront un plus grand potentiel de gestion des risques. 

Estelle Castres, co-directeur de la distribution, France, Belux, Genève, Monaco et Israël, Natixis Investment Managers, déclare : « Les sélectionneurs de fonds professionnels doivent désormais répondre au défi de la recherche de rendements tout en tenant compte du contexte de forte volatilité des marchés, des valorisations actuelles, et de critères à considérer tels que l’ESG. Alors que de nouveaux événements se profilent à l’horizon, notamment les élections présidentielles américaines, les sélectionneurs de fonds surveilleront les conditions de marché avec une vigilance accrue. »

Lire (6 min.)

Amiral Gestion – Jacques Sudre : Dans un contexte cher, miser sur la sélection et la flexibilité

Roxane Nojac
Le Courrier Financier
Comment s'orienter dans un marché obligataire trop cher ? Selon Jacques Sudre d'Amiral Gestion, en opérant une sélection fine des obligations, en maitrisant le risque de taux, et en conservant une trésorerie permettant de saisir les opportunités quand les conditions de marché redeviennent attractives.
Voir (<1 min.)