Obligations vertes : un soutien pour les entreprises à l’origine du changement mondial

Responsabilité sociale - Les explications de Juhamatti Pukka, Responsable du Fixed Income chez Evli.

Il n’y a pas si longtemps, l’investissement sur critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) était considéré comme marginal. Aujourd’hui, la pandémie nous oblige à réexaminer la manière dont nous allouons nos ressources financières. Et, autre évidence de cette période « sans précédent », la durabilité se révèle aujourd’hui comme la « nouvelle norme ». Nous avons en effet maintenant un sentiment d’urgence.

Et nous avons aussi des preuves. Les villes polluées ont à nouveau un ciel bleu. Les canaux troubles de Venise sont à nouveau transparents. Nous travaillons même à nouveau à la maison. La pandémie nous a fourni une confirmation tangible de l’impact positif que peut avoir la réduction des émissions de carbone sur le monde.

L’ESG, un segment d’avenir

Être responsable et être un capitaliste à la recherche de rendement n’est pas nécessairement contradictoire. Il est possible d’être vert et de faire du vert. Les questions ESG auraient pu passer au second plan lors de la crise financière, mais nous constatons aujourd’hui que les investisseurs ont redoublé d’intérêt pour l’ESG et prennent la chose plus au sérieux que jamais. Nous ne pouvons pas encore prouver qu’il s’agit d’une réaction face à la pandémie, mais… Les chiffres ne mentent pas :

  • Le vert est mature : 668 milliards d’euros d’actifs sous gestion pour les fonds ESG en Europe (source Morningstar Direct au 20 mai 2020) ;
  • Le vert se développe : 30 milliards d’euros de collecte au premier trimestre, contre 148 milliards d’euros de sorties pour les autres fonds européens (source Morningstar Direct au 30 avril 2020) ;
  • Le vert bénéficie de stimulus pour continuer à croître : 6,9 millions d’USD d’investissements en infrastructures sont nécessaires chaque année pour atteindre les objectifs climatiques (source OCDE, 2018) ;
  • Le vert est performant : les fonds ESG ont obtenu des performances supérieures à celles des fonds non ESG sur un, trois, cinq et dix ans (source Morningstar / Financial Times).

C’est dans ce contexte que notre équipe obligataire se prépare à lancer une nouvelle stratégie dédiée au segment des obligations vertes. Nous adopterons la même stratégie qui a fait ses preuves sur nos autres fonds et nous l’adapterons pour investir en obligations corporate vertes et durables.

Analyse, suivi et engagement

Nos clients investisseurs sont enclins à placer leur argent dans des initiatives écologiques, mais ils manquent de temps et de ressources pour évaluer correctement les options. Surtout s’ils n’ont pas de spécialiste en interne des questions ESG. Notre nouvelle stratégie axée sur les obligations vertes vise à parer à ces difficultés. Nous nous chargeons de l’analyse, du suivi, de l’engagement vis-à-vis des entreprises, de l’exclusion de celles qui ne sont pas à la hauteur, et du reporting auprès des investisseurs.

Le segment des obligations corporate vertes correspond parfaitement à notre expertise. Evli est un pionnier de l’investissement sur le marché européen des obligations corporate, et nous avons pris en considération les questions ESG dans notre gestion depuis plus de dix ans. Non seulement nous disposons d’une équipe obligataire très expérimentée, mais nous avons également une équipe ESG interne. Et sur notre nouvelle stratégie d’obligations vertes, une analyste investissement responsable dédiée sera également en charge du suivi de la stratégie.

Nous ne faisons pas non plus de l’investissement vert passif. Nous veillons à ce que les entreprises entendent notre voix, et celle de nos clients. Non seulement nous rencontrons et communiquons directement avec les entreprises, mais nous participons aussi activement à plusieurs engagements communs, tels que Climate Action 100+, les lettres aux investisseurs du Carbon Disclosure Project (CDP), la déclaration des investisseurs aux gouvernements sur le changement climatique et l’engagement mené par les PRI sur le secteur du pétrole et du gaz.

Un investissement à impact

Même si certains investisseurs ne visent pas spécifiquement les investissements verts, la question de l’impact des investissements reste néanmoins omniprésente. Pour ce faire, nos fonds répondent à des critères d’exclusion stricts.

Et sur les obligations vertes, nous nous assurerons que les investissements en respectent les principes, c’est-à-dire que l’entreprise dans laquelle nous sommes investis fait ce qu’elle dit qu’elle fera et qu’elle le fait avec transparence.

La plupart des obligations corporate traditionnelles sont émises pour le financement des « besoins généraux de l’entreprise », mais il s’agit d’un terme fourre-tout et l’investisseur ne peut avoir que peu d’influence ou d’indices sur ce que l’entreprise fera réellement avec l’argent prêté.

Eviter le « green washing »

Les obligations vertes sont différentes, ou du moins elles devraient l’être : celles qui sont émises correctement ont une utilisation clairement identifiable avec une utilisation spécifique du financement. Mais certaines obligations dites vertes ne le sont pas pour autant. Il arrive qu’une entreprise se livre à du « green washing » en émettant des obligations vertes qui ne sont vertes que de nom. Elles peuvent avoir des descriptions vagues de l’utilisation du financement, sans véritable plan définitif ni intention d’utiliser les fonds de manière écologique.

L’équipe obligataire d’Evli, avec l’analyste dédiée à l’investissement responsable sur la nouvelle stratégie verte, peut identifier les émetteurs qui le font correctement. De nombreux fonds dits « verts » ou ESG n’ont qu’une petite quantité d’obligations vertes et beaucoup de ces obligations vertes ne sont pas si vertes que ça, après tout. Et les investisseurs n’ont pas le temps d’examiner les détails.

Nous avons le temps, les outils et les ressources. Outre l’engagement direct avec les entreprises, et indirectement par le biais des engagements conjoints, nous utilisons également des bases de données avec des systèmes de notation standardisés qui contribuent à améliorer notre transparence et notre objectivité, pour nous-mêmes et nos reportings clients. Grâce à la notation des bases de données, des comparaisons peuvent être faites entre les émetteurs d’obligations et entre les fonds.

Nouvelle stratégie verte…

Les gérants d’Evli ne sont pas des traders à court terme. Nous investissons sur le long terme. Et l’investissement vert est justement un investissement à long terme. Les entreprises qui sont actives sur le marché des obligations vertes ont tendance à être plus tournées vers l’avenir et à innover, en investissant pour répondre aux exigences de l’avenir. En revanche, les émetteurs non-écologiques sont généralement des sociétés traditionnelles et matures qui préfèrent le statu quo.

C’est pourquoi notre nouvelle stratégie verte sera entièrement axée sur le segment des obligations corporate. Nous sommes convaincus que les entreprises joueront un rôle déterminant dans le développement d’un environnement plus propre. À notre avis, une approche purement corporate bénéficie de l’absence d’exposition aux organismes publics et parapublics comme c’est le cas dans d’autres fonds verts, car l’allocation des actifs est plus efficace avec des fonds plus spécialisés.

Ces entreprises participent aux innovations liées aux principales tendances mondiales. Le mot « stimulation » revient souvent dans le monde de la finance ces derniers temps. Les émetteurs verts disposent de leur propre type de stimulation avec les 6 900 milliards de dollars nécessaires chaque année pour les investissements en infrastructures afin d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies et les objectifs de l’accord de Paris. C’est aux entreprises de faire ces investissements. Les obligations vertes sont un moyen direct de les y inciter et de les soutenir.

… et qualité du crédit à long terme

Les émetteurs verts bénéficient également de l’avantage d’un changement de réglementation pour stimuler leurs activités, tandis que les émetteurs non verts, qui sont dans le statu quo, considèrent probablement le changement de réglementation comme un obstacle. Ce mois-ci, même Christine Lagarde, Présidente de la BCE, a demandé que les achats des banques centrales soient plus « verts ».

Ainsi, alors que presque tous les secteurs du monde sont en difficulté en ce moment, du commerce de détail aux compagnies aériennes, ce sont les secteurs verts, comme les énergies renouvelables, qui sont parmi les rares qui devraient se développer tout au long de 2020.

Nous avons déjà constaté la performance supérieure des fonds ESG par rapport aux fonds non ESG. Imaginez maintenant le type de surperformance que l’on peut attendre lorsque cette augmentation de 6 900 milliards de dollars entrera en jeu. Le virage vert ne consiste pas à sacrifier les attentes de rendement ou à se contenter d’une classe d’actifs sous-performante pour faire le bien. La voie vers un avenir plus propre est pavée, non pas d’or, mais de vert.

Juhamatti Pukka - Evli Fund Management

Responsable du Fixed Income

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