ISR : la diplomatie climatique s’intensifie

Responsabilité sociale - Le 22 avril dernier, les Etats-Unis organisaient le Sommet sur le Climat. Les pays invités y ont présenté leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la décennie à venir. Qu'en est-il de la France ? Que faut-il en déduire pour l'avenir de l'ISR ?

Le président Biden a profité de son sommet sur le climat de ce jeudi 22 avril pour annoncer un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de 50 % à 52 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Cet objectif va bien au-delà de la trajectoire fixée par Barack Obama qui préconisait une réduction d’environ 37 % d’ici 2030 pour respecter l’Accord de Paris.

Le changement c’est maintenant

Il s’agit également d’un objectif plus important que la réduction d’environ 40 % proposée dans le rapport de la Chambre des démocrates sur la crise climatique de l’été dernier. La plupart des réductions annoncées proviendront du secteur de l’électricité, puis de celui des transports, ce qui impliquera une accélération considérable du développement des énergies renouvelables et des véhicules électriques, ainsi qu’une décarbonation rapide de l’industrie lourde dans les États de la « rust belt ».

Concomitamment, l’Union européenne (UE) a obtenu un accord entre le Conseil et le Parlement sur son objectif de réduction de 55 % par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2030. Pour Pascal Canfin, Président de la commission Environnement du Parlement européen, bien que le Parlement souhaitait aller plus loin, ce nouvel objectif va « changer les règles du jeu ».

Combustibles fossiles dans le viseur

« Nous allons aller deux fois et demi plus vite dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans la décennie qui vient, que dans celle qui a précédé », a-t-il détaillé sur France Inter la semaine dernière. Le Royaume-Uni a également promis une réduction de 78 % des émissions par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2035, en plus de la récente réduction de 68 % d’ici à 2030 et le Japon a augmenté son objectif de réduction des émissions de 46 % (contre 26 % auparavant) d’ici 2030 par rapport à 2013.

Par ailleurs, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède s’engageraient à mettre fin aux garanties publiques à l’exportation pour les projets de combustibles fossiles. Aujourd’hui, plus de 35 % de tous les crédits à l’exportation des pays de l’OCDE vont à des projets liés au charbon, au pétrole et au gaz.

L’exception économique française

La France fait exception, avec une part de seulement 2 %, ce qui représente tout de même 400 millions d’euros d’aides publiques. La Grande-Bretagne, la France et la Suède ont déjà présenté des plans visant à mettre fin aux garanties à l’exportation pour le secteur des combustibles fossiles, tandis que les autres pays du groupe doivent encore décider à quel rythme ils supprimeront progressivement leur soutien.

En France, le financement des nouveaux projets d’exploitation du pétrole de schiste devrait prendre fin en 2021. Les exportations de gisements pétroliers devraient suivre en 2025, avant les projets gaziers en 2035. Monsieur Le Maire a ajouté qu’il espérait que l’administration du président américain Joe Biden rejoigne le groupe à la suite d’un prochain examen du financement des exportations américaines.

François Lett - Ecofi

Directeur du développement éthique et solidaire

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