EXCLUSIF / L’intégration de la compétence RSE : clé de voûte d’une finance plus responsable

Responsabilité sociale - Les entreprises intègrent de plus en plus les enjeux de développement durable dans leur stratégie. Quel rôle la finance durable peut-elle jouer dans le processus RSE ? L'éclairage d'Isabelle Mouret de Lotz, consultante en recrutement Finance Durable chez Birdeo.

Dans la transition en cours vers une économie plus juste et plus durable, le secteur de la finance — en tant qu’accélérateur de mise en œuvre de projets à impact positif — a un rôle majeur à jouer.

Banques, sociétés d’assurance, fonds d’investissement, agences de notation, cabinets de conseil spécialisés, plateformes de financement participatif, agences de communication extra-financière… nombreux sont les acteurs financiers en mesure de contribuer et de soutenir cette nouvelle économie. Le secteur opère une mutation progressive depuis une quinzaine d’années.

Les Accords de Paris fin 2015 et, plus récemment, la prise de conscience généralisée induite par la crise sanitaire mondiale, ont renforcé le besoin de toute l’industrie de la finance de s’entourer de professionnels tant rompus à l’exercice complexe des métiers de la finance, que convaincus de la nécessité d’analyser la valeur globale (financière et extra-financière) des projets et produits dont ils ont la charge ou qu’ils soutiennent.

Finance, l’évolution sociétale et environnementale…

La transformation de notre société ne pourra se faire sans le soutien d’une finance consciente de son impact environnemental et sociétal. Un constat tout à la fois bien compris par les législateurs, proposant progressivement diverses lois et certifications incitatives (loi PACTE, label ISR, règlement Disclosure, etc.), et de plus en plus prégnant dans l’opinion collective.

Alors qu’il y a encore une dizaine d’années rares étaient les financiers précurseurs sur la thématique de l’impact — souvent mus par une démarche personnelle découlant de leur histoire et de leur culture propre — tous font aujourd’hui face à une double pression, réglementaire et sociétale, qui questionne le cœur même de leur mission.

Il ne leur est donc désormais plus possible de se contenter d’agir avec pour seul objectif la rentabilité, celle-là même étant de plus en plus souvent calculée sur la base d’indicateurs extra-financiers.

Confrontés à un devoir d’exemplarité dans la prise en compte des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), ils se doivent ainsi de prendre part à la redirection des flux financiers vers des activités qui contribuent à la transition écologique et sociale. Une évolution qui fait naître de nouveaux besoins de compétences au sein du secteur.

… qui transforme peu à peu ses métiers

Depuis quelques années, le secteur de la finance cherche ainsi à se doter de profils aux compétences élargies dans l’objectif d’analyser et d’améliorer son impact sociétal et environnemental. Gestionnaire de fonds à impact, analyste ESG, chargé de reporting intégré… autant d’exemples de nouveaux métiers pour lesquels il est essentiel de développer une double culture, « finance » et « RSE ».

Les profils les plus évidents pour répondre à ce besoin : des candidats forts d’une formation purement financière et dotés d’une expérience au sein d’entreprises dont la mission et la thématique sont définies sur des enjeux en lien avec le développement durable — dans les filières de l’énergie, de l’eau ou des minerais, par exemple. Néanmoins, la finance peut et doit s’ouvrir à d’autres types de profils, directement issus de l’écosystème RSE, et ayant un bagage dans d’autres secteurs, à l’instar de l’industrie.

Des profils qui, s’ils n’ont pas d’expérience purement finance, ont été en lien constant avec les directions financières des entreprises pour lesquelles ils ont travaillé, et sont plus que quiconque aptes à faire bouger les lignes sur l’intégration des enjeux de développement durable au niveau de la stratégie d’une organisation.

Conscients de la force d’inertie existante face au changement dans les entreprises et capables, notamment parce qu’ils ont connu l’échec, de surmonter les obstacles de mise en œuvre en changeant de braquet pour toujours continuer à avancer, ils permettront ainsi à leur organisation d’aller plus vite et plus loin dans sa transition vers une finance responsable.

Perspectives d’avenir pour la finance responsable

Si la compréhension de l’environnement métier est une qualité essentielle des profils recherchés, ces derniers doivent également être en capacité de faire preuve de pédagogie de sorte à expliquer leur démarche et se faire comprendre des différentes parties prenantes, notamment investisseurs.

Une compétence communicationnelle, que nous retrouvons souvent chez les candidats ayant déjà une expérience RSE, et qui devrait être facilitée par la naissance — par exemple en Europe — d’un langage commun sur le secteur : la taxonomie verte. Nul doute que le secteur de la finance est enclin à de nombreuses transformations dans les années à venir.

Or l’intégration de compétences dédiées est essentielle pour mener à bien toute conduite du changement. A travers le recrutement de profils à la double compétence, les organisations financières seront ainsi à même tant d’accélérer leur transition responsable que de revenir aux fondamentaux, directement en lien avec la réalité terrain et l’économie.

Isabelle Mouret de Lotz - Birdeo

Consultante en recrutement Finance Durable

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