Europe : championne de la prochaine révolution ?

Responsabilité sociale - Entre catastrophes naturelles et crise sanitaire, le modèle californien d'économie verte est à la peine. Est-ce le moment pour l'Europe de prendre les rênes avec son « Green Deal » ?

Havre technologique, antichambre du Nasdaq, la baie de San Francisco incarne la figure du champion de la révolution des NTIC. Mais l’État de Californie, considéré comme la cinquième puissance économique mondiale est un colosse aux pieds d’argile.

Frappé de plein fouet par le réchauffement climatique, comme en attestent les ravages causés par le plus grand incendie de son histoire aujourd’hui, le pays qui s’est particulièrement engagé dans la transition énergétique peine à satisfaire en continu les besoins électriques de son économie florissante emmenée par une industrie de haute technologie très énergivore.

En période de catastrophes naturelles — malheureusement de plus en plus fréquentes —, l’État est paralysé.

Plan de relance verte

Les écueils du modèle californien préfigurent les défis des prochaines décennies : la sécurité et la soutenabilité énergétique sont des enjeux économiques, stratégiques et de puissance. Le Green deal, grand pilier du plan de relance européen en atteste : c’est un vecteur de réindustrialisation, de création d’emplois et d’indépendance.

Le plan hydrogène de la France est stratégique : il adresse déjà les problématiques rencontrées dans le photovoltaïque et la trop forte dépendance à du matériel étranger comme dans le secteur des télécommunications avec des équipements en provenance principalement de Chine.

De façon plus préoccupante, les États expansionnistes projettent leur puissance en mer là où des richesses en hydrocarbures sont plus ou moins avérées : la Chine en mer du sud, la Russie en Arctique, la Turquie dans les zones économiques exclusives grecques.

Vers une révolution ?

L’Europe quant à elle bénéficie déjà de bassins industriels innovants : dans les indices boursiers, les startups européennes spécialisées dans le stockage de l’énergie, l’électrolyse, les piles à combustible, les technologies de capture des émissions carbone côtoient déjà de nombreuses sociétés plus établies en amont dans la production d’énergies renouvelables : éolien offshore, solaire, etc.

L’afflux massif de capitaux sur ces thématiques au détriment d’autres secteurs ne doit pas masquer la réalité holistique de cette révolution. Parmi les acteurs traditionnels de l’énergie, Total, par exemple, exécute déjà les premières étapes d’un plan ambitieux qui pourrait positionner le groupe comme le principal fournisseur d’énergies renouvelables en 2025 en Europe.

La prise de conscience dans la gouvernance d’entreprise a atteint un point de non-retour, les débouchés économiques locaux et internationaux sont réels, l’action publique s’inscrit en soutien : les éléments pourraient être réunis pour faire de l’Europe le prochain champion de l’économie verte.

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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