Empreinte carbone en France : peut mieux faire…

Responsabilité sociale - En France, la stratégie de réduction des gaz à effet de serre (GES) reste insuffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Comment adapter la stratégie nationale pour une économie bas-carbone ? Faut-il transformer la taxe carbone ?

En 2019, les émissions en France de gaz à effet de serre (GES) se sont élevées à 441 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e), en baisse de 0,9 % sur un an selon les estimations officielles du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa).

En revanche, selon les 13 experts du Haut Conseil pour le Climat (HCC), autorité indépendante lancée en novembre 2018 par le Gouvernement, la France n’est toujours pas sur la bonne trajectoire climatique.

Bilan français en demi-teinte

Malgré le recul de 20 % des émissions de GES de la France entre 1900 et 2019 — et de 0,9 % entre 2018 et 2019 — la stratégie climatique nationale est malheureusement encore loin d’être suffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050, qui nécessite une diminution annuelle de 1,5 % des émissions et de 3,2 % à partir de 2025.

Selon le Haut Conseil pour le Climat — afin d’atteindre cette réduction et être dans les clous de l’Accord de Paris sur le climat — il faut bannir tout soutien aux secteurs carbonés dans le plan de reprise et orienter le plus possible la stratégie de relance sur des mesures efficaces pour baisser les émissions de gaz à effets de serre, et ainsi éviter un rebond des émissions comme cela a été le cas après la crise de 2008.

Quatre secteurs en cause

Dans son deuxième rapport annuel publié le 8 juillet 2020 intitulé « Redresser le cap, relancer la transition », le HCC focalise l’attention sur quatre principaux secteurs émetteurs de CO2, responsables à eux seuls de 86 % des émissions de GES :

  • le transport : 31 % des émissions, les voitures diesel des particuliers comptant pour 11 % du total ;
  • l’agriculture : 19 % ;
  • le bâtiment : 18 % ;
  • et l’industrie : 18 %.

En particulier, pour ces quatre secteurs il est proposé d’intégrer une transition bas-carbone plus stricte dans le plan de relance de sortie de crise économique qui doit être présenté en septembre 2020.

Quelle stratégie bas-carbone ?

Concernant le secteur du transport, qui est le seul secteur dont les émissions ont augmenté depuis 30 ans, le rapport du HCC critique les plans de soutien à l’automobile et à l’aviation annoncés par le gouvernement qui ne s’inscrivent pas dans une stratégie globale compatible avec la Stratégie nationale bas-carbone.

Dans le secteur du bâtiment, selon Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil au Climat, « la rénovation énergétique doit être massifiée » et l’industrie manufacturière ainsi que la construction doivent être accompagnées vers des « procédés industriels bas-carbone ».

L’agriculture, quant à elle, « n’est pas structurellement engagée vers la trajectoire bas-carbone » souligne le HCC. De plus, le HCC critique le pilotage de la Stratégie nationale bas-carbone qui, dans sa dernière version, revoit à la hausse ses émissions de CO2 autorisées jusqu’en 2023.

Revoir la taxe carbone

Selon le HCC, la forte baisse des émissions de CO2 résultant du confinement (environ – 13 % entre janvier et mai 2020) ne répond pas aux enjeux de la transition bas-carbone et reste marginale par rapport aux efforts structurels à accomplir.

Le HCC souligne que le premier semestre 2020 est le plus chaud jamais enregistré en France. Cette forte baisse des émissions pourrait s’établir à – 9 % sur l’ensemble de l’année 2020.

Enfin, le Haut conseil pour le climat propose de revoir la tarification effective du carbone, qui serait insuffisante pour attendre les objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone. Il faudrait relancer la hausse de la taxe carbone, mais en corrigeant ses effets inégalitaires.

Cesare Vitali - Ecofi

Responsable ISR

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