Charbon thermique : vers l’exclusion totale pour tous nos investissements

Responsabilité sociale - En 2030, OFI AM ne sera plus exposé à une entreprise liée au charbon thermique. Cet engagement est à la mesure de l’urgence climatique et illustre notre démarche d’investisseur responsable vis-à-vis de nos clients, partenaires et actionnaires. Le point avec Alain Pitous, Directeur de la Finance Responsable chez OFI Asset Management.

Par charbon thermique, nous prenons en compte aussi bien l’exploitation des mines de charbon que la production d’électricité à partir de ce charbon. Un objectif qui concerne, bien entendu, toutes les zones géographiques et les classes d’actifs. Cette exigence répond à la priorité donnée au climat, au-delà de toute considération court termiste. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Accord de Paris, fixant la limitation du réchauffement climatique sous la barre des 2°C à l’échéance 2100.

Une échéance qui peut sembler lointaine mais qui exige en réalité une mobilisation totale et l’instauration d’un véritable état d’urgence climatique. Or, les différents rapports d’experts disponibles s’accordent à considérer que la tenue de cet objectif passe, entre autres mais prioritairement, par l’arrêt de l’exploitation du charbon thermique pour produire de l’électricité.

40 % de la production mondiale d’électricité

Le charbon domine encore la production mondiale d’électricité, avec plus de 40 % de la production issue de cette énergie. Or, le charbon est l’énergie fossile qui émet le plus de Gaz à Effet de Serre (GES), loin devant le pétrole ou le gaz naturel. La génération d’électricité issue du charbon thermique est au moins deux fois plus carbo-intensive que celle provenant du gaz naturel. Le charbon est responsable de 45 % des émissions mondiales de CO2 !

Le risque que le charbon devienne un « stranded asset » — c’est-à-dire un actif qui pourrait subir une dévaluation soudaine en raison d’une évolution législative, de contraintes réglementaires environnementales ou de ruptures technologiques — grandit chaque jour. De fait, toutes les réserves de charbon ne pourront pas être utilisées.

Quelle stratégie de sortie du charbon ?

L’investissement dans une entreprise liée au charbon est donc un mauvais choix sur le plan environnemental, social mais aussi financier. Plusieurs entreprises liées au charbon connaissent déjà des problèmes financiers et des performances boursières décevantes. Pour mettre en œuvre cette stratégie de sortie du charbon, OFI AM a décidé d’exclure de ses investissements les entreprises qui ne respectent pas les seuils, alignés sur la liste de référence GCEL (Global Coal Exit List) établie par l’ONG Urgewald.

Notre politique d’investissement est déjà effective concernant les seuils 2019 de la GCEL et le sera dès 2021 pour les seuils 2020. Toutefois, une exception reste possible pour les émetteurs de cette liste pouvant justifier d’une démarche d’alignement sur une trajectoire « well below 2°C » validée par l’initiative Science Based Target. En cas d’émission de « green bonds » de la part d’entreprises répertoriées par le GCEL, OFI AM se réserve le droit d’y souscrire.

Entreprises, vers la fermeture progressive

Pour les entreprises tentées de développer de nouveaux projets d’investissement en lien avec le charbon thermique, notre politique d’engagement va consister à les convaincre d’y renoncer. Mais nous avons aussi conscience de la difficulté de la tâche pour les entreprises disposant déjà d’actifs de charbon thermique. Elles seront invitées à adopter et mettre en oeuvre des plans de fermeture progressive de leurs infrastructures.

Concrètement, nous refuserons tout investissement dans un émetteur développant de nouveaux projets utilisant du charbon thermique, et cela quelle que soit la taille du projet. À partir de 2021, nous n’investirons plus dans les entreprises qui réalisent au moins 20 % de leur chiffre d’affaires dans des activités liées au charbon thermique contre 30 % actuellement.

Objectif, arrêt total du financement du charbon d’ici 2030

Une démarche similaire nous conduira à limiter nos investissements dans des émetteurs dont la production d’électricité à base de charbon thermique n’excède pas 20 % (vs 30 % aujourd’hui). Enfin, la production de charbon thermique d’une entreprise susceptible de recevoir notre financement ne devra pas dépasser 10 millions de tonnes à partir de l’an prochain (vs 20 millions de tonnes actuellement).

Quant à la puissance installée des centrales à charbon, elle ne devra pas excéder 5 GW en 2021 (vs 10 GW actuellement). Une démarche progressive et responsable qui aboutira à l’arrêt total du financement du charbon thermique, au plus tard en 2030 !

Alain Pitous - OFI Asset Management

Directeur de la Finance Responsable

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