La Parole aux Assos’ – CNCEF Crédit : immobilier, il faut « revisiter les recommandations du HCSF »

Patrimoine - Dans ce nouvel épisode de « La Parole aux Assos' », Le Courrier Financier reçoit la CNCEF Crédit. En pleine crise sanitaire, les courtiers en crédit sont dans la tourmente. Comment les conditions d’exercice de leur activité se sont-elles durcies ? Comment la CNCEF Crédit les accompagne-t-elle ?

L’an 2020, annus horribilis pour les courtiers en crédit ? En tout cas, « une situation inédite », reconnaît Christelle Molin-Mabille, Présidente de la CNCEF Crédit (branche de la Chambre Nationale des Conseils Experts Financiers). Ce mardi 27 octobre, elle revient pour Le Courrier Financier sur l’impact de la pandémie pour ces professionnels du patrimoine. La crise sanitaire a durci les conditions d’exercice de leur activité — notamment leurs relations avec les banques. Les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) en décembre 2019 — maintenues à l’identique cet automne — ont accentué le phénomène.

Accès limité au crédit

Le conflit entre les banques et les intermédiaires en opérations de banque et services de paiement (IOBSP) couve depuis longtemps. En décembre 2019, Le Courrier Financier revenait déjà sur le sujet avec David Charlet, Président de l’ANACOFI. Ruptures de conventions, baisse de rémunération des IOBSP… « Cela fait une grosse année que les relations avec les banques sont devenues plus compliquées », confirme Christelle Molin-Mabille. La crise a joué le rôle d’accélérateur à partir du printemps dernier. « Il y a eu rupture de relation pendant le confinement, c’est la première chose. Puis il y a eu les recommandations du (HCSF) », relève la Présidente.

Le HCSF limite la durée des prêts à 25 ans maximum, tout en fixant un taux d’effort à l’octroi des emprunteurs de crédit immobilier à 33 % maximum. Les mensualités doivent aussi se limiter à un tiers du revenu net du ménage emprunteur. Ce statu quo a été réaffirmé le 17 septembre dernier. « Les relations avec les banques se sont compliquées, parce qu’elles ont [respecté] ces recommandations », analyse Christelle Molin-Mabille. Leur prudence se heurte à la vision des courtiers, « confrontés à la réalité du terrain ». « Il faudrait revisiter ces recommandations et tenir un plus compte de certaines caractéristiques, comme le reste à vivre », suggère la Présidente.

Dans l’attente de la réforme…

Dans le même temps, les IOBSP attendent la réforme de l’autorégulation du courtage. Plusieurs fois repoussée, elle devrait normalement entrer en vigueur en janvier 2021. Les courtiers devront obligatoirement s’enregistrer dans une association professionnelle, qui aura pour mission de les représenter et de les accompagner. Un rôle que la CNCEF Crédit entend continuer à tenir auprès de ses membres. Pendant le confinement, l’association a maintenu le lien avec eux au travers de newsletters et d’une permanence téléphonique. « Nous étions présents dans le concret », insiste Christelle Molin-Mabille.

Dorénavant, l’accompagnement des courtiers prend corps dans la formation professionnelle. Fin septembre 2020, l’association a ainsi lancé la formation « IOB Pro » sur le crédit professionnel. Il s’agit d’aider les courtiers dans l’acquisition de nouvelles compétences, afin d’accompagner les entreprises. « Cela peut-être une solution pour diversifier son activité, ou pour renforcer ses compétences », résume Christelle Molin-Mabille. « Notre rôle, c’est aussi d’aller interpeller les autorités de tutelle — notamment l’ACPR ou la Direction Générale du Trésor — pour répondre aux différentes problématiques qu’il pourrait y avoir dans notre profession », conclut-elle.

L’agenda de la CNCEF Crédit

En 2020, le coronavirus a introduit une bonne dose d’incertitude dans les agendas. Sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire actuelle, Christelle Molin-Mabille participera au débat : « Courtier demain : quelles conséquences avec la crise ? » dans le cadre du Forum du Crédit, les 4 et 5 novembre prochains.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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