Septembre 2019 : contre vents et marées, l’assurance vie accélère

Patrimoine - Les Français n'ont pas perdu leur côté fourmi plutôt que cigale. Cet automne, la collecte en assurance vie se porte bien, mais de nombreux défis l'attendent. Comment les épargnants vont-ils réagir face aux restrictions d'accès aux fonds euros ? L'assurance vie va-t-elle rester leur placement préféré à l'heure de la réforme de l'épargne retraite ? Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Epargne, partage son analyse.

Au mois de septembre 2019, l’assurance vie a poursuivi sur sa lancée. Selon la Fédération Française d’Assurance, elle affiche une collecte nette positive de 2,9 milliards d’euros. Elle est supérieure à celle du mois d’août dernier (2,1 milliards d’euros) et à celle de septembre 2018 (700 millions d’euros).

Ce bon résultat de septembre a été porté par la collecte brute (12 milliards d’euros) et par la relative modération des prestations (9,1 milliards d’euros), prouvant ainsi que les Français sont toujours en mode « épargne ».

Progrès des unités de compte

Le poids des unités de compte au sein de la collecte du mois de septembre atteint 30 %, en nette progression par rapport au mois d’août (21,5 %). Les consignes des compagnies d’assurance pour réduire le poids des fonds euros semblent commencer à se faire sentir même si, depuis le début de l’année, les unités de compte ne représentent que 24 % de la collecte.

Un début d’automne radieux

En septembre, la collecte nette de l’assurance vie est en règle générale faible voire négative. Ce fut le cas à trois reprises lors de ces dix dernières années (2011, 2012 et 2016). Les dépenses liées à la rentrée scolaire, celles liées à l’achat de biens d’équipement pour le logement et les impôts à acquitter expliquaient dans le passé les mauvais résultats de l’assurance vie.

L’instauration de la retenue à la source et la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % de la population ont modifié la donne sur le plan fiscal. Les rachats d’automne sont moins importants que les années précédentes.

Hausse depuis le début d’année

Sur les neuf premiers mois de l’année 2019, la collecte nette atteint 22,3 milliards d’euros. Elle était à 17,2 milliards d’euros sur la même période en 2018. L’encours de l’assurance vie atteint un niveau record à 1 776 milliards d’euros. Depuis le milieu de l’année dernière, les Français augmentent leur effort d’épargne. Ce phénomène est également constaté à l’étranger.

Les signes positifs comme l’amélioration du marché de l’emploi et les gains de pouvoir d’achat n’amènent pas un surcroit de consommation. Cette dernière demeure étale. L’accumulation des menaces — croissance en berne, tensions commerciales sino-américaines, Brexit, dérèglement climatique — semble conduire les ménages à opter pour un comportement de fourmis que de cigales.

Précaution, encaisse et vieillissement

L’assurance vie constitue le placement dédié à la préparation d’achats importants et à celle de la retraite. Avec l’augmentation des prix de l’immobilier, les ménages voulant acquérir un logement sont contraints de disposer d’apports personnels plus importants et donc d’épargner davantage en amont. Les taux bas provoquent de manière contre-intuitive à une augmentation du taux d’épargne.

Du fait du vieillissement de la population, une part croissante des ménages est amenée à préparer financièrement sa retraite. Cette motivation est d’autant plus prégnante que le débat sur la future réforme des retraites s’est engagé. Selon l’enquête 2019 du Cercle de l’Épargne/Amphitéa, 75 % des non-retraités estiment que leurs futures pensions ne leur permettront pas de vivre correctement quand ils seront à la retraite.

Trop d’assurance vie en fonds euros ?

Même si la proportion des unités de compte a augmenté en septembre, elle reste très largement minoritaire (24 % sur les 9 premiers mois de l’année). Avec des taux négatifs devenus la règle, la garantie en fonds euros devient un supplice pour les assureurs. Du fait des règles prudentielles en vigueur, cette garantie coûte de plus en plus chère en fonds propres. Elle expose à terme les assureurs à un risque de solvabilité.

Les annonces de plusieurs compagnies d’assurance vie de restreindre l’accès aux fonds euros et d’en limiter le rendement sont intervenues au mois d’octobre. Il conviendra d’analyser les effets de ces déclarations sur les résultats des prochains mois. Naturellement, les épargnants demeurent averses à la prise de risque. Ils sont toujours très sensibles aux variations des marchés financiers.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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