Remise en question de la réversion : les conséquences pour les retraités

Patrimoine - "Doit-on maintenir des pensions de réversion ?". Cette question récente, posée dans un document du Haut-commissariat à la réforme des retraites a de quoi inquiéter. En effet, la situation des personnes concernées peut être lourde de conséquences pour le quotidien, ajoutées à la perte de son conjoint.

Qu’est-ce qu’un décès ? C’est d’abord une charge émotionnelle forte et une perte financière brutale. Un revenu qui chute immédiatement, des droits de succession à régler, une succession à gérer avec les « prédateurs » familiaux, ce sont les dépenses du quotidien qui ne baissent pas, le maintien d’une protection sociale de qualité avec une mutuelle qui rembourse de moins en moins bien…

Ne fragilisons pas financièrement les conjoints survivants, laissons-leur leur dignité et leur autonomie financière. Le revenu de réversion est indissociable d’une vie de couple, c’est le prolongement de cotisations de toute une carrière professionnelle qui ont été versées en prenant en compte justement cette problématique de la réversion.

Une telle annonce ne tient pas compte du fait que la retraite cela se vit généralement à deux. La décision sera prise sans connaissance du terrain, sans connaitre le vécu des personnes seules, survivants à leur conjoint.

Moins de réversion, plus d’aides sociales

En parallèle, en supprimant les réversions des pensions, les aides sociales augmenteront de fait et cela créera de l’impôt supplémentaire.

De plus, gérer et accompagner un parent, père ou mère survivant, c’est faire face aux dépenses du quotidien, aux difficultés rencontrées pour maintenir une personne dans une maison de retraite dont l’admission avait été acceptée parce que les ressources étaient alors suffisantes.

Pour précision, 4 200 € par mois, est un chiffre qui peut faire peur, or c’est le prix moyen d’une EHPAD de qualité pour le conjoint survivant arrivant en fin de vie. Mais avec quelles ressources ?

Enfin, un décès n’arrive pas uniquement alors que l‘on est en retraite. C’est toujours imprévisible. Un actif décède (homme ou femme) et laisse un conjoint, sans activité professionnelle, en charge de l’éducation de ses enfants… Se pose alors la question de savoir avec quelles ressources vivra ce conjoint ?

Philippe Sauvant

Fondateur du Cabinet Sauvant Consultants

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