Quel est le niveau de vie des retraités ?

Patrimoine - La hausse de la CSG de 1,7 point, au mois de janvier dernier, a été mal ressentie par les retraités. À la différence des actifs, salariés du privé, fonctionnaires et indépendants, les retraités n’ont pas bénéficié de baisse de cotisations sociales.

Le Gouvernement avait néanmoins pris le soin d’exonérer de cette augmentation les retraités non assujettis à la CSG et ceux soumis au taux de 3,8 %. Le Gouvernement souhaitait favoriser les actifs et réaliser un transfert intergénérationnel. Ce choix, évidemment peu populaire, obéissait à plusieurs considérations.

La première reposait sur l’idée que le niveau de vie des retraités est de 6 points au-dessus de celui de l’ensemble de la population. La deuxième est de favoriser le pouvoir d’achat des actifs qui ont logiquement un coefficient de consommation supérieur à celui des retraités. Les principaux moteurs de la consommation et donc de la croissance sont les jeunes actifs de 25 à 35 ans.

L’augmentation de la CSG s’inscrit, par ailleurs, dans un processus de rééquilibrage des charges entre les différentes générations. L’assujettissement des retraités à la Contribution Spéciale pour l’Autonomie de 0,3 %, la suppression de la demi-part dont bénéficiaient les veuves et les veufs ayant eu des enfants à charge ainsi que le gel des pensions en 2013 ont infléchi la courbe des revenus disponibles des retraités.

Les gouvernements considèrent que le renchérissement du coût du travail généré par l’augmentation des charges issues de la protection sociale pénalise l’emploi, tout particulièrement celui des jeunes actifs, et nuit à l’efficience globale de l’économie. En tentant de soulager les actifs, le Gouvernement d’Édouard Philippe attend un surcroît de croissance qui augmentera les recettes publiques.

Pour le moment, le niveau de vie des retraités, dans leur ensemble, n’est pas atteint, en raison de l’effet noria. Les nouvelles générations de retraités disposent de pensions supérieures à celles des générations les plus âgées. Cette situation concerne, en premier lieu, les femmes dont le taux d’activité s’est amélioré de génération en génération.

Malgré tout, dans les prochaines années, l’effet noria ne permettra pas de compenser l’érosion du taux de remplacement.

D’après un document du secrétariat général du Conseil d’Orientation des Retraites, le taux de remplacement diminuerait continûment du fait des réformes engagées depuis 1993. Les changements des règles d’indexation des revenus de référence, la prise en compte des 25 meilleures années au lieu des 10 ainsi que la moindre revalorisation des points des régimes complémentaires expliquent cette évolution.

Avec la crise de 2008 et celle de 2011, le niveau de vie des retraités a augmenté par rapport à celui de l’ensemble de la population. En effet, les revenus des retraités sont peu sensibles, par nature, aux fluctuations conjoncturelles. Certains actifs ont dû faire face au chômage, ce qui a amputé leur niveau de vie.

Le niveau de vie des retraités par rapport à celui de l’ensemble de la population devrait s’éroder d’ici le milieu du siècle. La perte serait comprise entre 24 et 12 points à l’horizon 2070. Cette érosion est liée à l’application des différentes réformes mises en œuvre depuis 1993.

Dans les prochaines années, une augmentation du nombre de retraités pauvres n’est pas impossible en raison des règles d’indexation des salaires de référence et des pensions. Les petites pensions, autour de 1 000 euros, pourraient ne pas être actualisées, ce qui les amènerait en dessous du seuil de pauvreté.

Le changement de mode de calcul pour les pensions pourrait avoir de fortes incidences sur le niveau de vie des retraités, du moins pour ceux qui seront concernés par cette réforme systémique.

Les personnes ayant eu des ruptures d’activité pourraient être pénalisées car le nouveau système prendra en compte l’ensemble de la carrière professionnelle. Certes, des dispositifs de solidarité seront, sans nul doute, mis en œuvre pour atténuer cet effet. Les actifs enregistrant des augmentations de revenus en fin de carrière pourraient être perdants car par définition, elles seront plus diluées que dans le cadre de l’ancien système (du moins pour le régime de base).

Le point-clé qui déterminera l’évolution du pouvoir d’achat des futurs retraités sera l’évolution du point de retraite et les modalités d’indexation des pensions.

Le taux de remplacement (ratio entre montant des pensions et le montant moyen du revenu d’activité) sera amené, dans les prochaines années, à diminuer de plus de 10 points à l’horizon 2010. Une telle chute n’est pas sans incidence sur le niveau de vie des retraités par rapport aux actifs.

Le taux de pauvreté des retraités qui est aujourd’hui faible, est près de deux fois inférieur à celui de la moyenne nationale (7,6 % contre 14,2 %). Cette situation est due à l’existence de plusieurs filets de sécurité dont le minimum vieillesse et le minimum contributif.

Jean-Pierre Thomas

Président du Cercle de l'Epargne

Voir tous les articles de Jean-Pierre