Livret A : près de 4 milliards d’euros de collecte en mai 2020, le dégonflement reporté à des temps meilleurs

Patrimoine - La crise sanitaire liée au Covid-19 a favorisé l'épargne de précaution des Français. Comment restaurer la confiance des consommateurs ? Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, partage son analyse.

Après +5,5 milliards d’euros en avril et 2,7 milliards d’euros en mars, le Livret A enregistre, en mai, une nouvelle collecte record avec un gain de 3,98 milliards d’euros (+1,16 milliard d’euros pour le LDDS). Sur les cinq premiers mois de de l’année, la collecte du Livret A atteint 17,45 milliards d’euros contre 11,06 milliards d’euros pour la même période en 2019.

Si le Livret A n’a pas battu le record de collecte mensuelle qui date du mois de janvier 2013 (8,21 milliards d’euros en grande partie imputable au relèvement du plafond du Livret A de 19 125 à 21 950 euros), la collecte des trois mois de confinement est historique avec +12,18 milliards d’euros.

Près de 4 milliards d’euros de collecte en mai 2020 : le dégonflement du Livret A reporté à des temps meilleurs
Source : Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts et Consignations

Consommation à la peine

Le mois de mai 2020 a été un mois d’entre deux avec 11 jours de confinement suivis de 20 jours de déconfinement. Dans ce contexte particulier, la réouverture des commerces aurait pu conduire les ménages à sortir de l’argent du Livret A pour réaliser les achats qui avaient dû être reportés. Il n’en fut rien.

Le côté épargne a prévalu sur celui de la consommation. Les Français ont, en mai, continué comme en mars et en avril, à renforcer leur épargne de précaution. Les restrictions de circulation ainsi que les fermetures des cafés et restaurants qui ont prévalu jusqu’au 2 juin ne favorisaient par la consommation.

Epargne de précaution

La décision de placer de l’argent sur le Livret A et sur le LDDS durant le confinement et voire après n’est pas anodine. Les ménages auraient pu laisser leur argent sur leurs comptes courants d’autant plus que la rémunération du Livret A est faible (0,5 % depuis le 1er février). Ce choix témoigne de la volonté de renforcer l’épargne de précaution, de se créer une cagnotte constituant une réserve en cas d’imprévus.

En épargnant sur leur Livret A, les ménages souhaitent se prémunir de la tentation de dépenser l’ensemble de l’argent économisé durant les semaines de confinement. Ce choix illustre un fort niveau d’inquiétude. Les menaces pesant sur l’emploi et sur les revenus expliquent ce comportement de prudence.

Près de 4 milliards d’euros de collecte en mai 2020 : le dégonflement du Livret A reporté à des temps meilleurs
Source : Cercle de l’Épargne – données Caisse des Dépôts et Consignations

Restaurer la confiance

L’encours du Livret A atteint ainsi un nouveau record à 316 milliards d’euros quand celui du LDSS dépasse 117 milliards d’euros. Compte tenu de ces encours élevés, le Gouvernement enjoint les Français à piocher dans leur épargne pour relancer l’économie qui sort exsangue de deux mois de confinement. Le dégonflement de la « cagnotte » suppose la restauration d’un climat de confiance. Les mesures de relance prévues pour le mois de septembre pourraient y contribuer.

Depuis vingt ans, à chaque crise, l’enveloppe d’épargne de précaution des ménages augmente sans retrouver après son niveau antérieur. Cet effet cliquet contribue donc à la progression de l’épargne liquide. La réorientation de cette épargne vers des supports longs, actions, unités de compte en particulier, est souhaitée par les pouvoirs publics depuis la fin des années 1970. La loi PACTE du mois de mai 2019 avec la création du Plan d’Épargne Retraite (PER) et le développement de l’épargne salariale avait notamment cet objectif. 

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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