Livret A : petite collecte en juin 2019, relâchement de l’effort d’épargne

Patrimoine - Le mois de juin représente une période charnière pour la collecte sur le Livret A. Après un effort d'épargne accentué début 2019, les ménages changent de rythme. Quelles perspectives se dessinent d'ici la fin de l'année ? Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Epargne, partage son analyse.

La collecte du mois de juin est en net retrait par rapport à celle des mois précédents. Elle s’est élevée à 510 millions contre 1,22 milliard d’euros au mois de mai. C’est la plus faible collecte depuis le début de l’année. Il faut remonter au mois d’octobre dernier pour enregistrer un résultat plus faible.

Depuis le début de l’année, la moyenne mensuelle est de 1,9 milliard d’euros. De ce fait, la collecte nette du premier semestre pour le Livret A est de 11,57 milliards d’euros, contre 9,11 milliards d’euros pour la même période en 2018. À fin juin, l’encours du Livret A est à son plus haut historique avec 295,4 milliards d’euros.

Succès lié à un climat anxiogène

Malgré un rendement réel négatif — après prise en compte de l’inflation — le Livret A a donc été plébiscité au cours du premier semestre. Les ménages ont décidé d’y affecter une grande partie des gains de pouvoir d’achat engrangés depuis la fin de l’année dernière : prime défiscalisée, versement anticipé des réductions d’impôt, etc.

Le climat économique anxiogène a contribué au report de dépenses en biens durables, qui nécessitent de puiser dans l’épargne. Par ailleurs, du fait de l’introduction de la retenue à la source, certains ménages ont pu modifier leurs comportements en augmentant leur épargne de court terme, de peur de ne pouvoir pas faire face à leurs dépenses courantes.

Consommation et effet vacances

Après avoir accentué leur effort d’épargne, les ménages commencent néanmoins à relâcher leur effort. La proximité des vacances — qui s’accompagnent de dépenses importantes — ainsi que la nécessité d’effectuer des achats reportés depuis plusieurs mois expliquent ce changement de rythme. Après s’être restreints depuis la fin de l’année dernière, les ménages semblent reprendre goût à la consommation.

La fin de la crise des « gilets jaunes » et l’amélioration du pouvoir d’achat expliquent également ce petit regain d’optimisme, qui rend moins nécessaire le renforcement de l’épargne de précaution. L’évolution de l’indice de confiance des ménages dans la situation économique symbolise ce changement de climat. Au mois de juin, l’indicateur de l’INSEE qui la synthétise est en hausse pour le sixième mois consécutif. Il est repassé au-dessus de sa moyenne de longue période pour la première fois depuis avril 2018.

Quelles perspectives d’ici fin 2019 ?

Juin est toujours un mois charnière pour le Livret A. Ainsi, sur ces dix dernières années, quatre décollectes ont été enregistrées. Les ménages, après avoir épargné durant les premiers mois de l’année, entrent dans un cycle de dépenses, vacances, rentrées scolaire, puis fêtes de fin d’année.

Cette année, en revanche, la disparition du paiement du dernier tiers d’impôt sur le revenu avec l’instauration du prélèvement à la source, devrait limiter les décollectes sur le Livret A. Comme l’année dernière, les six derniers mois de l’année devraient donc être moins favorables au Livret A. Malgré tout, sur l’ensemble de l’année, la collecte devrait rester positive et dépasser les 10 milliards d’euros.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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