Les cahiers de la Maison de l’épargne : La fin de l’argent liquide ?

Patrimoine - La tentation est forte de débusquer les 429 Mds d’euros qui dorment en France, en comptes courants non rémunérés et sans affectation, que les épargnants ne veulent pas placer compte tenu des taux de rendement dérisoires ou même négatifs qui leur sont proposés.

La Présidente du FMI a même émis l’idée de taxer les dépôts pour les faire bouger. Partout, les nouvelles technologies de paiement incitent les détenteurs de comptes bancaires à payer sans contact avec leurs smartphones même pour acheter une baguette de pain. Aucune pièce dans les poches, mais plus d’infos collectées sur vos habitudes d’achat.

L’argent liquide taxé

Au Chili, une taxe de 4% est prévue sur tous les paiements en numéraire. En Suède, il est de plus en plus difficile de payer en liquide, même le Président de la banque centrale de Suède s’alarmait de ce que le pays pourrait voir ces règlements uniquement traités par des banques privées, considérant que pouvoir recevoir des paiements est un bien collectif, sans oublier les risques de fraudes sur des identifiants électroniques. Son voisin, la Norvège, a déjà programmé la fin des paiements en espèces pour 2020 (certaines églises sont déjà équipées du paiement par carte). Aux Etats Unis, 2000 supermarchés automatisés pourraient être construits dans les 10 prochains années.

En Asie, l’Inde risque une pénurie de billets de banque après le remplacement de 500 et 1000 roupies (soit près de 86% de l’argent en circulation) par des billets de 2000 fin 2016, à fin d’encourager le paiement dématérialisé face aux espèces et réduire l’argent noir. Cependant, l’Inde est une économie où 90% des paiements se font en cash. En rendant plus difficile les paiements en espèces, le gouvernement indien souhaite développer l’activité du secteur bancaire, commissionné sur toute opération passant par de comptes bancaires, un vrai pactole. En Europe, la BCE a eu une position moins tranchée que celle de l’Inde en annonçant la fin de l’impression des billets de 500€ en prétextant que cette coupure était le plus souvent utilisée dans le cadre de transactions illicites. En Italie, où il existe un fort attachement à l’argent liquide, le gouvernement a mis en place une action contradictoire ; d’un côté il impose la suppression du seuil minimal pour l’usage de la carte bancaire dans les commerces, de l’autre, il élève les paiements en liquide de 1000 à 3000 euros.

L’argent liquide est-elle en train de perdre la bataille face à la monnaie électronique ?

 

 

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Les cahiers de la Maison de l’Epargne : Les emprunts forcés

Gérard Auffray

Fondateur de la Maison de l'Epargne, Président de GGA

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