Epargnants français : un « en même temps » intenable

Patrimoine - Si dans sa dernière enquête, l’AMF témoigne de la stabilité des préférences et opinions des Français en matière d’épargne et de placements, elle montre le décalage important entre la réalité des marchés et les fortes attentes de nos contemporains.

Sans surprise, le baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement publié le 22 janvier dernier montre des paradoxes déjà relevés, comme la préférence affichée des Français pour les placements garantis, sans oublier l’appétence toujours forte pour l’immobilier.

Le risque et le rendement

Deux tiers de répondants ne souhaitent pas s’ouvrir au risque, malgré leur baisse de rémunération : livrets d’épargne, fonds en euros, etc. De la même manière, les Français montrent toujours peu d’intérêt pour les placements boursiers, puisque 21 % seulement déclarent « avoir confiance » dans les placements boursiers, en dépit des forts niveaux atteints par les marchés actions en 2019.

Si l’aversion au risque est toujours très présente, leurs attentes sont paradoxalement très élevées en matière de rémunération : 56 % des personnes interrogées estiment qu’un placement sans risque devrait être rémunéré à 3 %. Ils ne sont plus qu’une personne sur trois à accepter de prendre des risques à partir d’une rémunération de 7 %, une baisse par rapport à 2018.

Face à la réalité des marchés

A ce phénomène d’aveuglement collectif s’ajoute l’émergence de comportements à risques, sujets à la recherche d’actifs non cotés soi-disant sûrs, lesquels se targuent de taux alléchants.  Il suffit de voir les publicités diffusées sur les réseaux sociaux sur des cryptomonnaies, des offres d’investissement dans du Private Equity caché par une approche immobilière — crèches, promotions, hôtels, etc. — ou encore sur des forêts ou du whisky.

Actifs non cotés, donc non volatiles, donc sûrs… L’argument revient comme une mélodie. Il n’est pour autant pas avenu. Pire, sans généraliser ni évidemment dénigrer les offres très qualitatives existant en la matière, il risque précisément de devenir ce nouvel espace à l’ombre de la réglementation, au sein duquel, un jour, l’épargnant se trouvera floué. Ceci démontre qu’il incombe au conseiller en gestion de patrimoine (CGP) — ou au banquier privé — d’informer son contemporain pour le réconcilier avec l’épargne financière.

Car c’est aussi dans cette étude que l’on découvre que 80 % des français n’ont aucune idée de ce qu’est un Document d’Investissement Clé pour l’Investisseur (DICI), tandis que moins de 8 % en ont lu un ! Et à la question de savoir si c’est un bon moment pour investir, il n’y a qu’une seule bonne réponse : c’est tous les jours, régulièrement.

Michel Dinet

Directeur du Développement

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