Moins d’enfants et plus de seniors

Patrimoine - Sur le plan démographique, l’année 2017 s’inscrit dans le prolongement des trois dernières années avec un recul du taux de fécondité, un plafonnement de l’espérance de vie et une augmentation de la mortalité.

67 millions d’habitants

Au 1er janvier de cette année, La France comptait 67 187 000 habitants (65 018 000 en métropole et 2 169 000 dans les départements d’outre-mer). En un an, le gain a été de 233 000. Entre 2008 et 2013, la croissance démographique était de + 0,5 % par an, puis de + 0,4 % par an entre 2014 et 2016, elle est enfin de +0,3 % par an en 2017.

Au 1er janvier 2017, la France reste le deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne (UE) derrière l’Allemagne. Viennent ensuite le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Ces cinq pays représentent 63 % de la population de l’UE. En 2016, la population allemande a augmenté de 624 000 habitants, pour s’établir à 82,8 millions d’habitants. La population du Royaume-Uni a crû de 426 000 habitants, pour atteindre 65,8 millions d’habitants. La France est en troisième position, avec une hausse de 259 000 habitants. A contrario, la population italienne a baissé de 80 000 habitants en raison d’un solde naturel négatif.

Erosion progressive du solde naturel

En 2017, le solde naturel (différence entre les nombres de naissances et de décès) atteint un niveau extrêmement bas à + 164 000. Hors Mayotte, il est inférieur de 27 000 personnes à celui de 1976 (+ 182 000 habitants contre + 155 000 en 2017), qui était jusqu’à maintenant le plus faible enregistré depuis l’après-guerre. Depuis 2006, le solde naturel tend à baisser légèrement chaque année. En 2017, il diminue fortement, en raison à la fois du plus grand nombre de décès et du recul des naissances.

Un solde migratoire inférieur à 70 000 personnes

Le solde migratoire qui prend en compte les entrées et les sorties du territoire a été, pour 2017, estimé à + 69 000 personnes. Ce résultat est en net recul par rapport à la situation qui prévalait au début du XXIe siècle.

La baisse de la natalité s’installe

Avec le passage de l’an 2000, le taux de fécondité était remonté en France au point de se rapprocher du niveau permettant le renouvellement des générations. Depuis 2006, le taux s’érode année après année.

En 2017, 767 000 bébés sont nés en France, soit 17 000 naissances de moins qu’en 2016 (– 2,1 %). C’est la troisième année de baisse consécutive (– 15 000 naissances en 2016 et – 20 000 en 2015). Cette diminution ramène le nombre de naissances en France (hors Mayotte) à son niveau de 1997 sans pour autant atteindre le point bas de 1994 (741 000 naissances hors Mayotte).

La baisse actuelle du nombre de naissances s’explique par une diminution du nombre de  femmes en âge de procréer. La fin de l’augmentation des naissances tardives joue également. Ces dernières années, la baisse du nombre de femmes de 20 à 40 ans avait été compensée par une multiplication des naissances intervenant autour de 40 ans. Le nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans était de 8,4 millions en 2017, contre 8,8 millions en 2007 et 9,3 millions en 1995. La France et l’Irlande sont les pays de l’Union européenne où la proportion de jeunes de moins de 15 ans est la plus forte en 2016 (respectivement 18,5 % et 21,9 %). Cette part est de 15,6 % pour l’ensemble de l’UE. Elle est inférieure à 14 % dans trois pays : l’Allemagne (13,2 %), l’Italie (13,7 %) et la Bulgarie (14,0 %).

Augmentation du nombre de décès

En 2017, 603 000 personnes sont décédées en France, soit 9 000 de plus qu’en 2016 (+ 1,5 %). Le nombre de décès a tendance à augmenter depuis le début des années 2010 du fait de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité. Entre 2010 et 2017, le nombre de décès en France (hors Mayotte) est passé de 551 000 à 602 000. Des facteurs conjoncturels expliquent, par ailleurs, les variations d’une année sur l’autre. En 2017, l’épidémie de grippe hivernale a accru le taux de mortalité des personnes âgées. En revanche, l’épisode caniculaire du mois de juin 2017 a eu un impact limité sur la mortalité au niveau national. Le taux de fécondité s’inscrit désormais en baisse sur moyenne période.

En 2017, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 1,88 enfant par femme. Il est en baisse constante depuis 2014, année où il s’était élevé à 2. Comme les années précédentes, la fécondité est plus élevée entre 25 et 34 ans qu’aux âges plus jeunes ou plus avancés. Mais elle baisse pour les 25 à 35 ans. Ainsi, pour les femmes de 25 à 29 ans, l’indice de fécondité est passé de 13,4 enfants pour 100 femmes en 2000 à 11,2 en 2017. Pour les femmes âgées de 30 à 34 ans, le taux a diminué de 13,3 enfants pour 100 femmes en 2010 à 13,1 en 2014, puis 12,7 en 2017. La fécondité des femmes les plus jeunes (15 à 24 ans) diminue régulièrement depuis 2011. Leur taux de fécondité a baissé de 3,3 enfants pour 100 femmes en 2010 à 2,4 en 2017. Après plus de 35 ans de progression, la fécondité des femmes de 35 à 39 ans s’est stabilisée en 2017. L’âge moyen à la maternité continue d’augmenter. Il était de 30,6 ans en 2017, contre 29,8 ans dix ans plus tôt.

En 2015, la France restait néanmoins le pays de l’UE dont l’indice conjoncturel de fécondité était le plus élevé (1,96). Elle est suivie par l’Irlande (1,92). Comme en 2014, la Suède est en troisième position (ICF de 1,85), puis vient le Royaume-Uni (1,80). A contrario, les pays de l’Union européenne à la fécondité la plus faible sont quasiment tous des pays du sud de l’Europe : le Portugal (ICF de 1,31), Chypre (1,32), l’Espagne (1,33), la Grèce (1,33) et l’Italie (1,35). La Pologne constitue la seule exception (ICF de 1,32).

La baisse du taux de fécondité pourrait se poursuivre du fait de la stabilisation du nombre de naissances survenant après 35 ans. Ces dernières années avaient été marquées par un rattrapage, des femmes ayant décidé d’avoir des enfants en fin de période de procréation. Les contraintes économiques et sociales tout comme une volonté d’étaler l’arrivée des enfants peuvent expliquer ce recul. Par ailleurs, les comportements de procréation des femmes issues de l’immigration tendent à s’aligner sur ceux de l’ensemble de la population. Il en résulte une baisse de la fécondité. Enfin, les difficultés économiques et la baisse du niveau de confiance générale ont pu peser sur la natalité.

Une espérance de vie stabilisée

En 2017, l’espérance de vie à la naissance est de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes. Les hommes ont gagné 0,2 an en 2017 mais le gain a été nul pour les femmes. Les femmes n’ont toujours pas retrouvé en 2017 l’espérance de vie à la naissance qu’elles avaient en 2014. Dans l’Union européenne, en 2015, l’espérance de vie des femmes à la naissance était la plus élevée en Espagne, suivie par la France (plus de 85 ans dans ces deux pays). Pour les hommes, c’est en Suède, en Italie, en Espagne et au Luxembourg que l’espérance de vie à la naissance est la plus élevée (plus de 80 ans).

L’écart d’espérance de vie entre femmes et hommes continue de se réduire en France : il est de 5,8 ans en 2017, contre 7,8 ans en 1997. Il reste toutefois supérieur à la moyenne de l’Union européenne. En 2015, cet écart s’élevait à 6,3 ans en France, alors qu’il était inférieur à 4 ans dans six pays de l’Union européenne : les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, Chypre, l’Irlande et le Danemark. À l’opposé, les pays où l’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes est supérieur à celui de la France sont tous des pays de l’Est de l’Europe.

En France, l’espérance de vie à 60 ans augmente pour les hommes, mais pas pour les femmes : dans les conditions de mortalité de 2017, un homme de 60 ans vivrait encore 23,2 ans en moyenne, soit 0,1 an de plus qu’en 2016. L’espérance de vie à 60 ans pour les femmes est de 27,5 ans.

Selon le service des études du Ministère de la Santé et des Solidarités (Drees), en 2016, l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, s’élevait en France à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. Elle est stable depuis dix ans. Parallèlement, l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans qui s’établit à 10,5 ans pour les femmes et 9,4 ans pour les hommes, a augmenté au cours de cette période de respectivement 0,9 an et 0,8 an.

Le vieillissement en marche

Les personnes de 65 ans ou plus représentaient 19,6 % de la population au 1er janvier 2018 contre 19,2 % un an auparavant et 15,5 % en 1998. Le vieillissement de la population concerne tous les pays de l’Union européenne. La France a rejoint la moyenne avec l’arrivée à la retraite des classes d’âge du baby-boom et le tassement de la natalité. La proportion des 65 ans ou plus dans l’UE est passée de 16,8 % à 19,2 % entre 2006 et 2016. Les pays où la part des seniors est la plus élevée sont l’Italie (22,0 %), suivie par la Grèce (21,3 %) et l’Allemagne (21,1 %) ; les pays où elle est la plus faible sont l’Irlande (13,2 %), le Luxembourg (14,2 %) et la Slovaquie (14,4 %).

Avec l’Irlande et le Royaume-Uni, la France se démarquait du reste de l’Europe avec une augmentation de sa population reposent sur taux de fécondité supérieur à la moyenne et un flux migratoire positif. Depuis trois ans, une inflexion s’est produite avec une contraction simultanée des soldes naturels et migratoires. Est-ce une évolution conjoncturelle liée à la situation économique et sociale ou est-ce plus structurel avec une convergence des comportements français vers la moyenne européenne ? Réponse d’ici 2020 !

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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