Bourse : quatre statistiques à prendre en compte pour réussir ses investissements

Patrimoine - Sur les marchés financiers, les biais cognitifs et émotionnels nous poussent spontanément à l’action irrationnelle. Fort heureusement, l’analyse statistique permet à tout investisseur consciencieux de se rendre compte de l’écart entre son imaginaire et la réalité afin d’investir avec pragmatisme.

Quels sont les secteurs d’activité les plus rentables ? Quelle est la principale source de rendement d’une action ? La gestion indicielle est-elle plus performante que la gestion active ? Investir en bourse est-il risqué ? Voici l’heure d’examiner vos préjugés à la lumière des données statistiques.

#1 Les dividendes, source de rendement principale des actions

Le succès d’une action se mesure souvent à l’envolée de son cours de bourse. Pourtant, l’essentiel des revenus tirés d’un investissement en actions ne réside pas dans les plus-values générées par la hausse des titres, mais bel et bien dans la perception des dividendes distribués par les entreprises.

Ces 100 dernières années, le marché boursier américain — représenté ici par l’indice S&P 500 — affiche un rendement annuel moyen de +10,2 %. En d’autres termes, si vous aviez investi 100 euros il y a 100 ans, vous auriez aujourd’hui 1 782 000 euros.

L’essentiel de cette performance ne vient pas de « la hausse des marchés », mais de son association à la distribution de dividendes. Pour preuve, sans les dividendes perçus sur ces mêmes 100 dernières années, vos 100 euros n’auraient atteint que 27 000 euros ; bien loin donc des 1,7 million d’euros…

L’effet boule de neige des intérêts accumulés

Les dividendes représentent environ la moitié du rendement annuel moyen des actions américaines mais, s’ils sont réinvestis chaque année, ils créent un effet boule de neige : c’est la puissance des intérêts cumulés. D’ailleurs, ce qui est vrai pour le marché américain l’est aussi en Europe et en France.

Une fois les dividendes intégrés au CAC 40, sa performance prend une tout autre physionomie. Sur les dix dernières années, la performance de + 35,37 % du CAC 40 passe ainsi à + 91,12 % en intégrant les dividendes, d’après les performances des indices CAC40 et CAC40 GR (dividendes réinvestis) mesurées entre le 18 août 2010 et le 18 août 2020.

#2 Les secteurs d’activité les plus performants ne sont pas toujours ceux que l’on croit

Dans l’inconscient collectif, les entreprises des nouvelles technologies présentent les meilleures opportunités d’investissement ; et nous avons tôt fait de penser aux excellents parcours boursiers d’entreprises technologiques telles que Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.

Instinctivement, nous pourrions donc penser que le secteur des nouvelles technologies est un secteur structurellement porteur. Pourtant, sur le long terme, cela n’a rien d’évident. Le secteur des biens de consommation a notamment surperformé le secteur technologique, et qui plus est, avec une volatilité moindre, de 1970 à 2018.

Mais attention, cela ne veut surtout pas dire qu’il faille choisir un secteur au détriment d’un autre. Au contraire, un bon portefeuille d’investissement est un portefeuille bien diversifié. En l’occurrence, et parce que l’avenir n’est pas prévisible, mieux vaut profiter du potentiel des nouvelles technologies et de celui des biens de consommation (et de tous les autres) : la croissance pérenne et stable des industries traditionnelles et la fougue des secteurs innovants.

#3 La gestion indicielle, plus performante que la gestion active

Nous nous imaginons souvent qu’investir sur les marchés financiers nécessite d’effectuer des arbitrages quotidiens techniques et complexes sur des bases d’analyses graphiques ou fondamentales dans l’objectif d’acheter au moment opportun les titres les plus performants.

Or, force est de constater que cette pratique qualifiée de « gestion active » ne tient pas ses promesses. Une fois les frais déduits, seuls 10 % des fonds de gestion active surperforment leurs indices de référence selon l’étude SPIVA de Standard and Poor’s. De plus, les gérants les plus performants une année ne sont pas nécessairement les plus performants l’année suivante.

L’explication est facile à trouver. La performance moyenne des gérants est mécaniquement égale à celle du marché puisqu’ils sont à l’origine de la très grande majorité des transactions. Une fois les frais de la gestion active retranchés (et ils sont élevés) les gérants sont massivement moins performants que le marché.

L’avantage à « l’investissement paresseux »

D’autres arguments ont par ailleurs été formalisés par Eugène Fama (Prix Nobel 2013) dans sa théorie des marchés efficients, en particulier l’imprédictibilité des marchés financiers, qui donne définitivement l’avantage aux « lazy investors » (les investisseurs passifs).

Dans ces conditions, mieux vaut opter pour une méthode de gestion indicielle et investir avec des ETF (aussi appelés trackers). Un ETF est un fonds qui se contente simplement de répliquer le marché, pour des frais 5 à 10 fois inférieurs aux fonds activement gérés. De plus, contrairement aux idées reçues, les ETF intègrent bel et bien les dividendes. Nous l’avons vu plus haut, c’est important !

#4 Investir en actions, pas si risqué… à certaines conditions

Nous nous représentons souvent l’investissement en actions comme étant risqué. Et pour cause, le cours d’une action fluctue à la hausse comme à la baisse, une entreprise peut faire faillite, les marchés financiers peuvent avoir des mouvements de forte amplitude. Néanmoins deux conditions suffisent à maîtriser le risque de perte lié à l’investissement en actions : investir à long terme et diversifier intelligemment.

L’analyse historique des cours de bourse montre que le risque de perte d’un portefeuille suffisamment diversifié décroît avec le temps. Si ce risque est élevé sur un horizon de 1 an ou même de 5 ans, il est inférieur à 10 % sur un horizon de 10 ans, et disparaît complètement dès lors que vous investissez sur plus de 15 ans, d’après les statistiques issues de l’analyse des performances d’un investissement sur le MSCI World

Pour un investissement de plus court terme (inférieur à 15 ans), on préconisera ainsi de mixer les actions avec une part de fonds euros, totalement garantie, pour minimiser les risques. La répartition précise entre fonds euros et part en actions sera conditionnée par l’horizon de placement.

Se méfier de l’irrationnel

Sur les marchés boursiers, peut-être plus qu’ailleurs, méfiez-vous de votre intuition et prenez garde à toujours confronter vos idées reçues à la réalité du terrain. Votre portefeuille d’actions vous en sera toujours reconnaissant.