Assurance vie : septembre 2020, en plein Covid-19

Patrimoine - En septembre 2020, l'assurance vie apparaît victime de la préférence absolue dans la liquidité. Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur ce produit d'épargne ? Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne, partage son analyse.

Pour le septième mois consécutif, l’assurance vie enregistre, selon la Fédération Française de l’Assurance, une décollecte au mois de septembre, de 800 millions d’euros. Sur les neufs premiers mois de l’année, la décollecte s’établit à -7,3 milliards d’euros quand, en 2019, la collecte nette était de 20,8 milliards d’euros sur la même période.

Cotisations en retrait

Depuis le début de la crise sanitaire, l’assurance vie doit faire face à une raréfaction des cotisations, les rachats se maintenant à un niveau classique. Le produit ne souffre pas d’une défiance des épargnants mais de leur préférence absolue pour la liquidité.

En septembre, les cotisations brutes se sont élevées à 9,4 milliards d’euros, soit un montant supérieur à celui d’août (8,0 milliards d’euros). Elles sont, en revanche, nettement inférieures à celles du mois de septembre 2019 (12,4 milliards d’euros). Depuis le début de l’année, la collecte brute a atteint  82,2 milliards d’euros, contre 109,5 milliards d’euros sur la même période en 2019. 

Unités de compte et prestations

Le cap est maintenu en ce qui concerne les unités de compte qui représentaient en septembre 33 % de la collecte. Ce taux est conforme à la moyenne observée depuis le début de l’année (34 %). Cette proportion de 33 % correspond aux objectifs que les assureurs se sont assignés. Les assurés acceptent en partie le défi. L’incitation à la souscription d’unités de compte peut expliquer en partie la baisse de la collecte brute.

Le montant des prestations versées a été en légère hausse en septembre à 10,2 milliards d’euros contre 8,1 milliards d’euros en août. L’année dernière, elle avait atteint 9,3 milliards d’euros. Depuis le début de l’année, les prestations versées par les sociétés d’assurance s’élèvent à 89,5 milliards d’euros (88,8 milliards d’euros sur la même période en 2019). 

Climat peu porteur

Le haut niveau d’incertitudes sanitaires et économiques dissuade les ménages à s’engager sur le long terme. Ils privilégient la liquidité totale avec les dépôts à vue et les comptes courants. Par crainte d’une baisse de revenus ou d’une perte d’emploi, l’épargne de précaution est de mise. L’assurance vie placement de moyen et long terme est dans ce contexte délaissé.

Elle reste néanmoins de loin le premier placement avec un encours de 1 760 milliards d’euros. Avec la multiplication des restrictions dans le cadre de la seconde vague, le cycle de légère décollecte devrait se poursuivre dans les prochains mois, les ménages préférant attendre avant de réorienter l’épargne engrangée depuis le mois de mars.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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