Assurance vie : fonds en euros, un appel à la responsabilité

Patrimoine - Cet automne, de nombreux assureurs se préparent à introduire des barrières à l’entrée sur leurs fonds en euros. Ces supports restent pourtant plébiscités par les épargnants français, notamment dans les contrats d'assurance vie. Dans le contexte de marché actuel, quels rendements pouvons-nous attendre des fonds en euros ? Quel rôle vont-il continuer à jouer dans l'épargne des Français ? Antoine Delon, PDG de Linxea, partage son analyse.

Voilà que certains assureurs sont venus prédire au début de l’automne la mort du fonds en euros. Allant même à annoncer un écroulement des rendements pour cette année. Cette charge agressive est une posture. Car rassurons-nous, le fonds en euros est bien vivant, c’est toujours la pierre angulaire de l’assurance vie.

Un rôle d’amortisseur

Preuve en est, les épargnants sont au rendez-vous, fidèles à un placement combinant liquidité, garantie et rentabilité avec un certain brio. Mais ils sont lucides, sachant bien que la réduction des rendements est logique et qu’elle va se poursuivre. Ce n’est pas nouveau, les taux obligataires baissent depuis plus de quinze ans, les fonds en euros aussi. Faut-il rappeler que le rendement moyen était de 4 % en 2008 contre 1,80 % l’an dernier ?

Bien sûr, les conditions de marché sont aujourd’hui inédites, avec des taux obligataires négatifs sur certains titres d’État. Pour autant, le fonds en euros peut continuer à jouer son rôle d’amortisseur. Il le doit aussi, tant sa pérennité est un préalable pour envisager une diversification de son capital sur d’autres supports. Cette pédagogie est du ressort des courtiers, de notre responsabilité. Mais que les épargnants se rassurent, ils pourront toujours s’appuyer sur le fonds en euros en 2020.

Le poumon de l’épargne

Alors, le regard droit, fixe, on rappellera aux compagnies va-t-en-guerre que d’autres ont su gérer le virage des fonds en euros avec efficacité, sans écraser les taux servis. Que les marchés financiers sur lesquels ils investissent ne se limitent pas aux obligations d’État. Que les réserves accumulées depuis près de dix ans pèsent aujourd’hui 4,30 % de rendement, de quoi faire face (source ACPR, taux à fin 2018). Surtout, que les épargnants sont libres.

Nuire au fonds en euros, c’est scier non pas la branche mais le tronc de l’assurance vie. La donne est donc simple. L’épargnant attend du calme et de la pédagogie. L’épargne des Français impose beaucoup de précaution et de responsabilité de la part des assureurs. Invitons ces derniers à relire Churchill pour qui « la responsabilité est le prix à payer du succès ». Avec 1 765 milliards d’euros sous gestion (source FFA, fin août 2018), l’assurance vie est un joyau unique, le poumon de l’épargne en France. A chacun de l’assumer.

Antoine Delon - Linxea

PDG

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