Août 2020 : l’assurance vie a pris ses quartiers d’été

Patrimoine - La crise sanitaire a détourné les Français de l'assurance vie, qui enregistre à nouveau une forte décollecte en août 2020. L'attrait pour la liquidité de leur épargne de précaution renforce le phénomène auprès des épargnants. La collecte va-t-elle tendre vers zéro dans les mois à venir ?

Pour la sixième fois consécutive, l’assurance vie a enregistré une collecte négative en août de 100 millions d’euros. Celle-ci est la plus faible constatée depuis le début de la crise sanitaire. La décollecte avait atteint 2,2 milliards d’euros en mars et 2,3 milliards d’euros en avril tant qu’en mai.

Elle est en baisse progressive depuis — 0,8 milliard d’euros en juin et 0,7 milliard d’euros en juillet). Le retour à la normale s’effectue donc à train de sénateur en suivant en retraite le redémarrage de l’économie.

Crise sanitaire et décollecte

Depuis le début de la crise sanitaire, l’assurance vie a enregistré une décollecte de 8,4 milliards d’euros (de mars à août). Le montant de la décollecte reste inférieur à celle enregistrée durant la crise des dettes souveraines de 2011/2012. Depuis le début de l’année, la collecte nette s’établit à – 6,5 milliards d’euros au cours des huit premiers mois de l’année (18,0 milliards d’euros sur la même période en 2019).

Durant le mois d’août, les Français ont donc pris congés de leur assurance vie en n’y déposant que 8 milliards d’euros contre une moyenne, hors période de confinement, de 12 milliards d’euros par mois (moyenne 2018/2019). Le niveau des prestations a été également très faible à 8,1 milliards d’euros. En 2019, les montants respectifs des cotisations et des rachats s’étaient élevés à 10,1 et à 8,2 milliards d’euros.

Epargne de précaution

Les assurés n’ont pas sorti plus d’argent de leurs contrats que les années précédentes. Mais à coup sûr, ils n’ont pas voulu s’engager sur le moyen et le long terme en y affectant une partie de l’épargne liquide accumulée depuis le début du confinement. Cette épargne s’élève selon les estimations entre 75 et 100 milliards d’euros.

Depuis le début de l’année, le montant des cotisations collectées est en recul de près de 25 milliards d’euros par rapport à 2019 (72,7 milliards d’euros contre 97,5 milliards d’euros) quand celui des prestations est stable (79,3 milliards d’euros contre 79,5 milliards d’euros).

Recul des Unités de Compte

Le poids des unités de compte diminue au mois d’août en ne représentant que 27,5 % de la collecte, contre 33 % en juillet. En moyenne, depuis le début de l’année, 34 % de la collecte a été réalisée en UC. Ce taux important explique, certainement, la baisse de la collecte. Des ménages rechignent à placer une partie de leur épargne à risque et préfèrent renoncer à effectuer des versements sur leurs contrats d’assurance vie.

Les résultats de l’assurance de vie depuis six mois traduisent la préférence des ménages pour la sécurité et la liquidité. Ils refusent de s’engager sur la durée et privilégient le Livret A ou les comptes courants. La collecte du Livret A est positive de 24,5 milliards d’euros depuis le mois de janvier (31,46 milliards d’euros avec le LDDS). Compte tenu de l’anxiété des Français, l’engagement sur des placements de long terme n’est pas une priorité.

Vers une collecte à zéro ?

La prise de risque n’est pas récusée comme en témoigne la faiblesse des rachats mais il n’y a pas de réelle appétence en la matière. La modicité des rachats est un signe que pour le moment les ménages n’ont pas besoin de puiser dans leur bas de laine pour maintenir leur pouvoir d’achat. Dans les prochains mois, compte tenu de la persistance de la crise sanitaire, les collectes mensuelles de l’assurance vie devrait être proche de zéro.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

Voir tous les articles de Philippe