Fonds en euros : quelle place demain dans l’épargne des Français ?

Patrimoine - Cette semaine, Fidelity International publie les résultats de sa dernière étude sur la place du fonds en euros dans l'épargne des Français. Il en ressort notamment que près de 50 % des épargnants souhaitent réagir à une prochaine baisse de rendement du fonds en euros, tout en exprimant leur attachement à la garantie. lIs sont prêts à renforcer leur part d’UC (48 %), préférant les actifs risqués. Les conseillers souhaitent un aménagement des gammes de supports en UC (65 %) dans l’objectif d’apporter un conseil de proximité à leurs clients (66 %).

Fidelity International — spécialiste des services de gestion de placements — dévoile ce mardi 9 juin les résultats de sa dernière étude, réalisée avec le cabinet Insight AM. L’enquête s’intitule « Fonds en euros : Quelle place demain dans l’épargne des Français – Regards croisés entre les épargnants et leurs conseillers financiers ». Elle a été menée dans le contexte de la crise sanitaire du coronavirus, auprès de plus de 1 000 épargnants et 400 conseillers financiers et banquiers privés.

L’avenir du fonds en euros

Si le fonds en euros reste le placement privilégié des épargnants français dans le cadre de contrats d’assurance-vie, dont les encours s’élevaient à 1 741 milliards d’euros (fin mars 2020), la baisse de ses rendements a connu une sensible accélération. Les souscripteurs en assurance-vie se voient désormais davantage sollicités pour mobiliser leur poche en UC, en vue de compenser la baisse des rendements.

« Le marché français de l’épargne est indéniablement entré dans une phase de mutation sans précédent, et nécessite des réponses pour se préparer à un environnement où la recherche de rendement face à l’érosion des solutions établies et garanties devient ardue et perpétuelle », commente Christophe Gloser, Direxteur des ventes pour l’Europe continentale chez Fidelity International.

Des épargnants avertis

Contrairement aux idées reçues, une large part des épargnants français semblent disposer d’une culture financière. Près de 60 % des épargnants sont bien informés de la forte baisse des rendements du fonds en euros dans les contrats d’assurance vie.

Fidelity International note une prise de conscience de la majorité des épargnants ; 80 % se déclarent insatisfaits des rendements servis sur le fonds en euros, qui ne pourrait à lui seul délivrer une performance conforme à leurs objectifs de long terme. Par ailleurs, 50 % des épargnants interrogés souhaitent réagir à la prochaine baisse de rendements.

Les UC plébiscitées

Les épargnants avertis plébiscitent les UC comme solution alternative à la baisse des rendements du fonds en euros. Si différentes manières d’agir sont envisagées, près de 48 % sont favorables à la proposition d’accroitre leur part d’UC. Il pourrait sembler dès lors que l’aversion au risque de l’épargnant français ne soit qu’une légende urbaine.

C’est également ce pour quoi plaide l’analyse des types d’UC privilégiés avec un arbitrage au profit des actifs risqués et du rendement, qui ressort explicitement dans l’étude : 51 % des interrogés déclarent préférer se diriger vers des actions ou des actifs diversifiés et 35 % préfèrent des UC favorisant le rendement.

Quid de la baisse des marchés ?

Les répondants ont été sondés avant et pendant le confinement. L’évolution de leurs réponses donne aussi une analyse intéressante de leur comportement à l’égard du risque durant cette période : pendant le confinement, ils étaient 39 % à souhaiter accroitre leur niveau de risque via les UC (contre 48 % auparavant).

Cela peut se lire, soit par davantage de prudence — l’incertitude engendrée par la crise du coronavirus conduisant à un plus fort immobilisme — soit par le fait que les épargnants aient déjà profité pleinement de l’effet d’aubaine dans la première phase de baisse des marchés, phénomène aussi connu sous le nom de « achat au son du canon ».

L’effritement des marchés boursiers sur la première baisse (en amont du confinement) aurait été une opportunité pour ces investisseurs avertis d’accroitre la part d’UC dans leurs contrats. Ainsi, la seconde vague de baisse — correspondant au début de la phase de confinement — aurait-elle limité l’amplitude du mouvement. Par ailleurs, les UC Actions et Diversifiés se voient renforcées comme axe d’investissement privilégié.

Prudence et proximité

Côté conseillers, cet environnement de baisse des rendements du fonds en euros a permis une plus grande proximité avec leurs clients, en leur donnant l’opportunité d’apporter un conseil plus régulier et plus congru. L’étude montre que 87 % des conseillers considèrent avoir anticipé la dégradation des rendements dans les portefeuilles de leurs clients — ce qui explique la grande réactivité constatée de ces derniers.

Les distributeurs recommandent à leurs clients de renforcer leurs UC, à niveau égal avec l’investissement immobilier (66 %). L’étude relève des différences marquées entre type de distributeurs. Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) plébiscitent fortement l’immobilier (69 % contre 44 % pour les conseillers de banques privées), alors que les banquiers privés s’orientent en faveur des UC (75 % contre 65 % pour les CGP).

Des aménagements en vue

Si les distributeurs considèrent largement le recours aux UC, leur appétence pour le risque est moins notable que celle de leurs clients en termes de sous-jacents. Les conseillers soulignent leur besoin d’une révision des gammes de supports en UC mises à leur disposition (65 %) de la part de leurs promoteurs, passant prioritairement par le déploiement de véhicules à risque limité (SRRI de niveau 2 ou 3), de véhicules immobiliers et de produits favorisant le rendement.

Les conseillers se prononcent également pour plus de personnalisation de la relation avec leurs clients dans ce contexte. Cela passe d’abord par un conseil plus prononcé et plus régulier (66 %). Un besoin d’accompagnement plus marqué des clients, à travers des explications claires sur le budget de risque utilisé, ressort également (44 %), tout autant qu’un besoin de suivi et de flexibilité sur des arbitrages en portefeuilles plus systématiques (44 %).

Des pistes de réflexion

Si les épargnants ont pris acte de la nécessité d’agir, l’attachement à la notion de garantie reste très ancré. Leur capacité à prendre du risque ne remet pas en cause leur volonté de conserver une garantie sur une partie conséquente des encours. Ils sont 27 % à être prêts à ne bénéficier que d’une garantie nette de frais — majoritairement le cas aujourd’hui — et 17 % à ne bénéficier d’une garantie qu’en cas de détention sur longue période. Les autres propositions, plus risquées, sont moins envisagées.

D’autre part, les résultats de l’étude démontrent qu’il existe deux types d’épargnants en France : ceux qui sont conseillés et donc avertis, et ceux qui nécessitent d’être mieux accompagnés pour ainsi étoffer leur culture aux produits d’épargne. 60 % des épargnants considèrent ne pas avoir reçu de proposition de solution alternative par leur établissement financier face à la baisse des rendements du fonds en euros, ce qui suggère des écarts face à l’accès au conseil en fonction des typologies d’épargnants.

Avec ces constats en tête, les distributeurs de produits d’assurance vie, aux côtés de leurs partenaires promoteurs, peuvent engager ou approfondir leurs réflexions pour réinventer la structure des produits d’épargne proposés à leurs clients, associant garantie et rendement. Les besoins en formation et en accompagnement des clients — au travers de la pédagogie et des outils digitaux — constituent également des pistes à approfondir ensemble pour répondre au besoin d’évolution du marché de l’épargne.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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