Assurances : qu’est-ce que le Covid-19 va changer dans le comportement des clients ?

Patrimoine - Cette semaine, Information Service Group (ISG) publie les résultats d'une récente étude sur le marché européen de l’assurance. D'après ce document, la crise du coronavirus devrait modifier les relations entre les assureurs et leurs clients. La question de la digitalisation reste au cœur de cette évolution.

Information Service Group (ISG) — cabinet mondial de conseil et de recherche en technologie — présente ce jeudi 17 septembre les résultats d’une étude menée auprès des compagnies d’assurance européennes, entre mai et juin 2020. Résultat, 86 % des compagnies d’assurance européennes s’attendent à ce que le comportement des clients change de manière permanente à la suite de la crise du Covid-19. La demande de produits et de services numériques, notamment, devrait largement augmenter.

Numérisation croissante

Plus de 95 % des décideurs interrogés dans le cadre de l’enquête sont entièrement ou partiellement d’accord avec l’affirmation selon laquelle leurs clients attendent de plus en plus de produits et de services numériques. Selon ISG, la crise actuelle pousse de nombreux clients à remettre en question les relations commerciales, même établies de longue date, avec leurs assurances. 

Dans le détail, 64 % des décideurs interrogés pensent que les effets du Covid-19 sur les affaires dureront plus d’un an. Par ailleurs, 20 % d’entre eux évaluent à sept à douze mois les délais avant l’instauration d’une nouvelle normalité. « La numérisation croissante de la vie quotidienne (…) bouleverse les attentes des clients de l’assurance de manière significative et durable », note Julien Escribe, Partner ISG Europe du Sud & CEO ISG Italie.

Les assureurs européens sont conscients que leur compétitivité dépend avant tout de l’amélioration et de la simplification de l’expérience client. Environ trois quarts des personnes interrogées jugent cette question particulièrement ou assez importante. Le thème de la « stabilité des opérations » est aussi désigné comme crucial par plus de la moitié des personnes interrogées, précisément en raison de la crise. Seul un quart des personnes interrogées considère la réduction des coûts comme une priorité.

La crise comme catalyseur

La Covid-19 modifie d’autant plus la relation avec les clients, qu’un certain nombre de nouveaux concurrents — comme les startups Fintech — offrent une expérience client supérieure grâce à des approches essentiellement numériques et agiles. « Ces nouveaux prestataires ont construit dès le départ leur modèle d’exploitation sur des processus informatiques tels que l’analyse de données externes. Pour les assureurs établis, il s’agit d’apprendre le plus rapidement possible de ces néo acteurs afin d’ouvrir de nouvelles opportunités de marché », explique Julien Escribe. 

92 % des décideurs interrogés supposent que la crise va accélérer les innovations numériques. Plus de 60 % s’attendent à ce que certains acteurs disparaissent du marché en raison de la crise, tandis que d’autres prendront leur place — qu’il s’agisse de vendeurs, d’assureurs ou de prestataires de services informatiques. Cela peut également signifier que certaines tâches et certains domaines fonctionnels jusqu’alors externalisés seront réintégrés dans les organisations. Environ 41 % des interrogés valident ce scénario, au moins partiellement.

Même avant Covid-19, la simplification des produits d’assurance jouait déjà un rôle important. Dans la perspective de l’après-crise, 79 % des personnes interrogées sont entièrement ou partiellement d’accord pour dire que leurs entreprises vont simplifier davantage leurs portefeuilles de produits respectifs. Ces simplifications reposent en grande partie sur la numérisation et l’automatisation des processus commerciaux.

Commerciaux, vers plus de conseil

« Aujourd’hui on constate que plus les compagnies d’assurance travaillent de manière numérique et automatisée, plus les perturbations causées par le Covid-19 sont faibles », déclare Julien Escribe. La Covid-19 est perçu comme un signal d’alarme à cet égard. 93 % des personnes interrogées supposent que la crise favorisera les investissements dans les solutions numériques et d’automatisation.

Toutefois, cela ne signifie pas que les canaux de distribution traditionnels, tels que les agences locales et régionales, deviendront obsolètes. Actuellement en Europe, plus de la moitié des polices d’assurance sont encore vendues par des agents commerciaux. 84 % des personnes interrogées supposent que leur entreprise continuera à vendre par l’intermédiaire de divers canaux. Seuls 16 % des personnes interrogées s’attendent à une forte progression vers l’assurance directe.

Dans ce contexte, ISG suppose que le rôle des agents commerciaux va se déplacer d’une fonction purement commerciale vers une activité de conseil. Dans le même temps, leurs activités quotidiennes seront largement numérisées et automatisées. ISG observe depuis quelque temps déjà que de nombreux courtiers se positionnent en conséquence et utilisent diverses sources de données externes (analyse des données) pour traiter les risques de leurs clients de manière plus ciblée.

Quid du marché français ?

Le marché français s’insère bien dans cette étude, avec une forte volonté de digitalisation chez les différents acteurs du marché. Les projets de digitalisation sont très nombreux en France et accélérés par les circonstances sanitaires. Les priorités des acteurs de l’assurance en France sont orientées autour de la digitalisation de la relation client et des apports de l’intelligence artificielle dans le traitement des données.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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