TPE-PME : crise sanitaire, quel impact sur la situation financière des entreprises ?

Patrimoine - Cette semaine, le baromètre trimestriel Bpifrance – Rexecode passe au crible la situation financière des TPE-PME françaises au premier trimestre 2021. Endettement, investissement, trésorerie... Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur cette part de notre tissu économique ? Qu'en pensent leurs dirigeants ?

Enfin une bouffée d’air frais ? Après une année de crise sanitaire, les dirigeants des entreprises françaises de moins de 250 salariés (TPE-PME) « font état de meilleures perspectives ce trimestre ». C’est la principal conclusion du dernier Baromètre trimestriel Bpifrance – Rexecode, publié ce jeudi 25 février. Cette onzième édition publique de l’étude est dédiée à « la Trésorerie, l’Investissement et la Croissance des PME et TPE ». L’étude a été réalisée en ligne du 2 au 12 février 2021, auprès d’entreprises des « secteurs marchands non agricoles » réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires. Le Baromètre compile les réponses de 517 dirigeants.

2021, la volonté d’investir

Entre confinements et couvre-feu à 18 heures, les TPE-PME semblent enfin voir le bout du tunnel. La situation de trésorerie « n’a jamais été perçue aussi positivement » par les chefs d’entreprise depuis 2018. Dans le détail, 55 % des PME s’attendent à une stabilisation de leur trésorerie. Un chiffre en hausse, puisqu’elles étaient 48 % fin octobre 2020. « La détente des délais de paiement contribue à cette amélioration », indique le Baromètre. Signe de cette détente, 55 % des dirigeants disent vouloir investir en 2021. « C’est un retour aux niveau d’avant crise », confirme Baptiste Thornary, chef Économiste de BpiFrance, ce jeudi sur BFM Business.

Certes, un dirigeant sur trois (34 %) envisage une baisse de ses dépenses d’investissement cette année, mais cette proportion a reculé par rapport à octobre dernier (48 %). En revanche, un dirigeant sur quatre (24 %) envisage de les augmenter afin de moderniser ses équipements, mais aussi de diversifier produits et services. La transition écologique impose aussi son tempo, avec une « motivation environnementale » de l’investissement très marquée. Le recours au crédit (73 %) reste aisé pour les TPE-PME. Seuls 16 % des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur exploitation courante, et 18 % pour leurs investissements.

Le PGE, une mesure de précaution ?

Tout n’est cependant pas tout rose. La reprise de l’activité économique reste suspendue aux campagnes de vaccination, qui ont pris du retard. Un chef d’entreprise sur deux (50 %) s’inquiète ainsi du recul de la demande, principal frein à la croissance des TPE-PME. Les difficultés de recrutement (38 %) et la concurrence accrue (32 % contre 29 % au précédent trimestre) complètent le podium des principales difficultés auxquelles les patrons de TPE-PME françaises sont confrontés. Les aides gouvernementales — notamment le PGE — ont porté leurs fruits, puisque seuls 17 % des dirigeants citent le niveau des fonds propres comme un frein à leur activité.

Le recours au PGE était surtout motivé par la constitution de liquidités de précaution (61 %). Moins de trois entreprises sur dix (28 %) l’ont demandé pour assurer leur survie à court terme. Sans surprise, 68 % n’y ont toujours pas ou peu touché. Prudents, les dirigeants d’entreprises préfèrent garder cette manne sous la main : 59 % des sondés ayant obtenu un PGE entendent rembourser en 6 ans, soit la durée maximale. Seuls 9 % pensent rembourser intégralement en 2021 quand 8 % des dirigeants craignent de pas y arriver. Avec un taux d’endettement en forte hausse pendant la crise (+50 % pour 15 % des sondés), les TPE-PME françaises restent fragiles.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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