LA FINANCIÈRE DE L’ECHIQUIER

Créée en 1991, La Financière de l’Échiquier (LFDE) est l’une des principales sociétés de gestion entrepreneuriales en France. Son métier : l’investissement en entreprises cotées en Europe et dans le monde.

La Financière de l’Échiquier s’appuie sur son savoir-faire de gestion de conviction pour offrir à ses clients institutionnels, distributeurs et privés, les produits et solutions responsables dont ils ont besoin pour valoriser leur investissements.

La Financière de l’Échiquier gère aujourd’hui environ 9 milliards d’euros, compte plus de 130 salariés et est implantée commercialement en Allemagne, Espagne, Italie, Suisse, ainsi qu’au Benelux.

La Financière de l’Échiquier fait partie du groupe Primonial, leader indépendant, en France, de la conception, de la gestion et du conseil en solutions de placement.

Les dernières infos de LA FINANCIÈRE DE L’ECHIQUIER

Au-delà des étoiles

LFDE

Lorsque les enquêtes d’activité économique sont à des niveaux record, que le chômage reflue en tendance, que l’inflation est proche de son optimum — autour de 2% à long terme — , que les profits des entreprises, déjà élevés, surprennent à la hausse, que la banque centrale maintient un positionnement ultra accommodant et que de nouveaux plans massifs d’investissement sont sur le point d’aboutir, que peut-on espérer de mieux ? Il faut certes viser les étoiles. Mais lorsqu’elles sont atteintes, que trouve-t-on au-delà ?

 

C’est la question que se pose le marché à propos de l’économie américaine.

 

Comme la réponse n’est pas évidente, le marché piétine. Ainsi les séances cette semaine ont-elles connu des soubresauts marqués, pour une progression in fine quasi nulle.

La question n’est pas tant celle des profits à venir, qui semblent assurés pour les prochains trimestres, que celle des taux, liée à l’inflation. Si l’inflation s’avérait passagère, comme la Fed l’affirme, elle pourrait être sans douleur pour le marché ; mais persistante, elle enclencherait un resserrement monétaire qui pèserait sur les actions.

Ainsi les banquiers centraux sont-ils intervenus pour rassurer. Dans un chœur quasi unanime, ils ont gagé que la Fed resterait accommodante longtemps encore, l’inflation élevée aux Etats-Unis, étant artificiellement liée à des effets de base et à des congestions temporaires du côté de l’offre, et le chômage restant loin d’être résorbé.

Si l’on n’est pas totalement convaincu(e), on peut chercher ailleurs des configurations approchantes et examiner ce qui en a résulté. En l’occurrence, c’est du côté d’un autre pays étoilé qu’on peut trouver des indices. Mais d’un pays doté de cinq étoiles sur son drapeau au lieu de cinquante : la Chine. Ces dernières années, elle semble avoir été en avance sur le reste du monde, connaissant avant les autres des épisodes d’inflation, de récession, de rebond, et finalement de normalisation. En cela, elle montre la voie – du moins la sienne.

Regardons l’inflation. Elle y a connu une explosion, montant à plus de 5% début 2020, en raison d’un facteur effectivement temporaire, le prix du porc – et non comme actuellement celui des puces (électroniques bien sûr). Depuis, l’inflation est retombée à moins de 1%. Question réglée.

Du côté économique, la Chine est également entrée en récession avant tout le monde, début 2020, puis a connu un rebond durable dès le mois d’avril 2020. Depuis, l’économie s’est stabilisée sur un rythme élevé mais sans surchauffe. Et sa politique monétaire, légèrement accommodante en 2020, puis neutre, voire légèrement restrictive, sans occasionner de catastrophe. Le rendement du taux 10 ans chinois a même touché la semaine dernière un point bas à 3%, signe que le marché des taux est parfaitement calme. A l’inverse du marché des taux américains, qui certes s’est apaisé récemment, mais a connu un début d’année chaotique.

La Chine est donc peut-être bien l’avenir des Etats-Unis – du moins en ce qui concerne le scénario économique et l’inflation. Certes des différences existent bel et bien, qui limitent la portée de la comparaison. Tout d’abord, l’inflation chinoise était liée à une composante bien particulière — l’alimentation — et non à de multiples facteurs comme cela pourrait devenir le cas aux Etats-Unis. Pour l’instant, aux Etats-Unis aussi, un facteur principal explique l’inflation : le coût des véhicules. Mais si les salaires s’y ajoutaient, comme certains indices le laissent penser, la dynamique des prix changerait profondément. En outre, la Chine a bien moins stimulé son économie au cours de cette dernière crise que les Etats-Unis. Enfin, la politique monétaire chinoise s’est montrée bien moins accommodante. Et puis naturellement, la structure de l’économie et de la démographie chinoises sont très différentes.

Il n’empêche que la voie d’une normalisation réussie a fait ses preuves en Chine, et que moyennant certaines transpositions, elle pourrait servir de précurseur.

Quant au continent à 12 étoiles (pour 27 pays !), quelle voie suit-il ? Etonnamment, la zone qui a le moins de croissance et d’inflation a vu ses taux se tendre nettement ces dernières semaines : le taux 10 ans allemand s’est ainsi approché de -0,10% cette semaine, venant de -0,57% en début d’année. Est-ce un signe que la course aux étoiles commence enfin pour lui ? L’avantage, c’est qu’il n’a pas besoin de s’inquiéter sur ce qu’il y a derrière les étoiles : il doit d’abord les atteindre. Souhaitons-lui un bon lancement !

Rédaction achevée le 21.05.2021
Auteur : Alexis Bienvenu, gérant

 


L’inflation prépare-t-elle son comeback aux Etats-Unis ?

LFDE

Alors que mois après mois, la reprise économique se matérialise outre-Atlantique, l’apparition de tensions sur les prix émergent à bas bruit. Pour combien de temps encore ?

Un premier exemple illustre bien les mécanismes à l’œuvre : le marché automobile. La réouverture de l’économie américaine s’accompagne d’un rebond de la consommation qui pousse les prix du marché automobile, en particulier celui de l’occasion. La pénurie de semi-conducteurs ralentit en effet les cadences des constructeurs, incapables de répondre à la demande pour les véhicules neufs. Ce qui incite les particuliers et les loueurs à se tourner vers le marché de l’occasion. Demande croissante, tension sur l’offre, difficultés logistiques : ce triptyque inflationniste se réplique sur d’autres marchés.

Le marché du transport de marchandises est lui aussi sous tension. Porté par un bond de la croissance, mais souffrant de la hausse des prix du pétrole et d’une flotte sous-dimensionnée après des années de sous-investissement, les coûts du fret s’envolent. A titre d’exemple, alors que le prix d’un container entre Shanghai et Los Angeles oscillait autour de 1 500 dollars pré-crise, il en coûte désormais plus de 5 000.

La hausse des prix frappe également quasiment l’ensemble des matières premières. Le temps où le pétrole s’échangeait à un prix négatif semble déjà loin, et pourtant c’était il y a un peu plus d’un an seulement. Le baril s’échange aujourd’hui autour de 65 dollars à New York, en hausse de plus de 30% depuis le début de l’année. Les matières premières agricoles ou les métaux industriels ne sont pas en reste, et s’affichent quasiment tous en hausse de plusieurs dizaines de pourcents depuis ce début d’année.

Les tensions sur les prix s’exercent également sur certains biens intermédiaires, les produits transformés mais pas encore finis. Là aussi, la rupture brutale des chaînes de production l’an dernier a entraîné des décalages en série, et les tensions sont persistantes dans une économie globalisée. Tous les produits équipés de semi-conducteurs sont touchés par des retards de production, voire des hausses de prix.

Enfin, sur l’immobilier, principal pilier du calcul de l’inflation « PCE », la mesure la plus scrutée par la Fed, des signes avant-coureurs s’accumulent. Evidemment, l’afflux de liquidités injectées par la Fed soutient la demande. Mais c’est aussi le désir de « plus, plus grand » portée par la crise sanitaire qui tend la demande. Sans oublier une tendance structurelle qui constitue aussi un soutien. Comme dans tous les pays développés, un phénomène de « nidification » est à l’œuvre, les ménages se fragmentent à cause de couples séparés toujours plus nombreux, augmentant ainsi la demande en nombre de logements. Face à cela, l’offre est structurellement moins réactive compte-tenu des délais nécessaires pour construire de nouveaux logements en nombre.

Pour les investisseurs qui s’exposent aux classes d’actifs sensibles à une hausse tendancielle des prix, le comeback de l’inflation pourrait être auréolé de succès. Actions de sociétés bénéficiant d’un pricing power fort ou liées au cours des matières premières, obligations indexées à l’inflation, immobilier, les classes d’actifs ne manquent pas pour se vacciner contre l’inflation.

Rédaction achevée le 07.05.2021
Auteur : Clément Inbona, Gérant

 


L'EDITO DU MOIS

LFDE

L’Edito du Mois par Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué, Directeur de la Gestion d’Actifs, La Financière de l’Echiquier

 

Le lièvre et les tortues

Il y a près de 350 jours, le 18 mai 2020, Angela Merkel et Emmanuel Macron annonçaient une étape qui devait être majeure pour la construction européenne.1

Après des années de valse-hésitation sur de nombreux sujets – politiques agricole et extérieure, nucléaire, immigration… –, le couple franco-allemand se retrouvait enfin à l’occasion de la crise du coronavirus pour une initiative inédite : permettre de subventionner directement les secteurs d’avenir et les pays européens en difficulté budgétaire à partir d’emprunts au nom de l’Union européenne. Un moment qualifié à l’époque d’hamiltonien. Ce plan de relance européen de 500 milliards d’euros devait aussi s’accompagner de crédits à hauteur de 250 milliards.

Après des négociations interminables – approchant de quelques dizaines de minutes le record de durée du sommet de Nice en 2000 sur l’élargissement de l’Union – avec les pays dits « frugaux », ce plan d’un total de 750 milliards évoluai en juillet 2020 vers une répartition de 390 milliards de subventions directes – toujours financées par un emprunt commun – et 360 milliards de crédits. Fin avril 2021, les premiers pays membres viennent tout juste de remettre leur copie (de plusieurs dizaines de milliers de pages), avec un espoir de déblocage des fonds « avant la fin de l’été » selon le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

Quel contraste avec les Etats-Unis dont le Président, manifestement abusivement qualifié d’« endormi » par son ancien adversaire, vient en 100 jours de prendre et d’exécuter des décisions majeures : plan de relance de 1 900 milliards de dollars déjà voté, plan d’infrastructures de 2 300 milliards et plan pour les familles de 1 800 milliards, sans oublier les plus de 40% de la population américaine déjà vaccinés ou les futures réformes fiscales.

A tel point que ce président américain pourrait participer à la résolution d’un problème européen persistant depuis des décennies et qui est l’un des chevaux de bataille de la France : l’harmonisation des taux d’impôts des sociétés et la lutte contre la concurrence fiscale. Instaurer un taux minimal d’imposition de 21% pour les multinationales américaines, quelles que soient les zones géographiques où elles opèrent, rendrait difficile le maintien d’un taux d’imposition des sociétés à 12,5 % en Irlande.

Quoi que l’on pense du fond du programme déployé par Joe Biden et de ses conséquences, notamment en termes de déficits
et d’inflation, force est de constater que ces premiers 100 jours sont une forme de réhabilitation de la parole politique par la
réalisation des promesses électorales données et leur mise en œuvre rapide.

Après une année 2020 où l’économie a nettement moins souffert de la crise Covid aux Etats-Unis qu’en Europe, le rebond
s’annonce encore plus marqué de l’autre côté de l’Atlantique. Le différentiel de croissance depuis la grande crise financière
de 2008 affiche désormais un retard impressionnant de 17% en défaveur de la zone Euro.2

Dans la fable de La Fontaine, pour gagner la course, il faut partir à point. Pour l’Europe, ne serait-il pas temps de
commencer tout simplement à partir ?

1 https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/05/18/initiative-franco-allemande-pour-la-relance-europeenne-
face-a-la-crise-du-coronavirus
2 Les Cahiers Verts de l’Economie

 


Point d’équilibre

LFDE

Depuis plus d’un an, les marchés vivent au rythme de grandes tendances. Les premiers mois qui ont suivi la chute brutale de mi-mars 2020 ont vu la prééminence des valeurs de croissance longue, avec en chef de file le secteur technologique, accompagnée du retour des taux d’intérêts sur des plus bas historiques. La fin de l’été et le début de l’automne furent moins lisibles. Tandis que les taux se stabilisaient, ou commençaient à repartir, les marchés actions ont navigué entre « réouverture » et « stay at home » en fonction des nouvelles du front sanitaire. A partir de l’annonce de la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19, une nouvelle tendance s’est installée. La perspective de la réouverture de l’économie mondiale, le fort rebond de l’activité manufacturière et l’annonce de nouveaux plans de relance par Joe Biden ont entraîné un puissant rallye des valeurs cycliques et value, ainsi qu’une forte remontée des taux d’intérêts. Le taux américain à 10 ans est ainsi passé de 0,9% début décembre à plus de 1,7% fin mars.

Depuis début avril toutefois, cette tendance semble s’essouffler, ou marquer une pause. Les taux longs américains ont reflué. La croissance regagne un peu de terrain sur la value. Les marchés actions atteignent des niveaux extrêmes sur différents indicateurs. Après cinq mois de surperformance, la valorisation des valeurs cycliques, notamment européennes, dépasse largement sa moyenne du dernier cycle. La plupart des grands indices mondiaux sont sur des niveaux valorisation importants, même en considérant le ratio prix/bénéfice ajusté du cycle. Les indicateurs de sentiment atteignent des plus hauts depuis plusieurs années. Le constat est similaire pour les indicateurs macroéconomiques. L’activité manufacturière notamment, sur laquelle plusieurs données ont atteint des records historiques, pourrait avoir connu son pic en termes de rythme de reprise, alors que les goulots d’étranglement dans la chaîne de valeur vont commencer à peser sur le niveau de production.

Simple pause ou prélude à un retournement et au démarrage d’une autre tendance ? Comme souvent, la vérité se situe entre les deux. Côté macroéconomique, il semble probable que les tensions de la chaîne de production ralentissent la dynamique à court terme. A moyen terme néanmoins, la réouverture progressive de pans de l’économie durement affectés par la crise sanitaire, les plans de dépenses budgétaires aux Etats-Unis et en Europe, voire la tendance à la réindustrialisation des pays occidentaux, continueront vraisemblablement d’alimenter une expansion économique forte, à tendance inflationniste. En ce sens, le récent reflux des taux d’intérêts ne constituerait qu’une pause, avant une nouvelle phase de hausse.

Côté marchés, les niveaux atteints sur la valorisation et l’appétit pour le risque invitent à la prudence à court terme. Pour la suite, si nous estimons qu’il y a encore du potentiel pour les valeurs cycliques, la qualité deviendra un critère de sélection prépondérant, après une première phase où la différenciation a été bien faible. En cela, la tendance qui a prévalu ses derniers mois pourrait être remise en cause. Face au risque notamment de compression des marges lié aux perturbations sur la chaîne de production, les entreprises disposant de bilans sains, de positions de leadership et d’un pricing power raisonnable seront à privilégier, autant dans les segments value que de croissance. Il semble ainsi probable que nous nous acheminions, pour la deuxième moitié de l’année, vers des marchés moins binaires.

 


L’Orient Express

LFDE

En publiant une première estimation de la croissance de son PIB, en hausse de 18,3% au premier trimestre 2021, la Chine confirme son statut de locomotive de la croissance mondiale. 

 

Certes, ce chiffre est mécaniquement porté par un effet de base favorable, puisqu’il a pour référence le premier trimestre 2020, lors duquel l’économie chinoise s’était brutalement figée pour se consacrer à la lutte contre l’épidémie de Covid née sur son sol. Mais l’empire du Milieu n’aura dû attendre que le dernier trimestre 2020 pour retrouver son niveau de PIB pré-crise, loin devant les autres puissances économiques.

 

Derrière cette motrice, on trouve le wagon américain qui devrait retrouver son PIB pré-crise au cours du semestre actuel, si l’on en croit la vigueur des récentes données économiques et des enquêtes de confiance. La publication des ventes au détail pour mars l’illustre bien. Celles-ci ont crû de près de 10% sur le mois, bien au-delà des attentes, et atteignent l’un des niveaux les plus importants depuis l’existence de cette statistique. Le plus haut niveau avait été atteint en mai 2020, à la sortie de la première vague de contaminations. Aujourd’hui, la consommation américaine se déconfine, galvanisée par les chèques adressés aux ménages par l’Administration Biden.

A la traîne de cet attelage Chine/Etats-Unis, la zone euro, toujours engluée dans les restrictions de la troisième vague, peine à déployer son plan de relance, suspendu au jugement de la cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe. Signe du décrochage du Vieux Continent, l’Allemagne, jadis locomotive de la zone, peine à réaccélérer. Les 5 principaux instituts économiques du pays viennent de revoir à la baisse, d’un point, la croissance anticipée pour 2021. Ils l’estiment à seulement 3,7%, après -4,9% en 2020. Le retour au PIB pré-crise ne surviendra donc vraisemblablement qu’en 2022.

Avec la saison des résultats qui s’ouvre, le message des entreprises semble parfaitement cohérent avec l’angle macroéconomique. Les chiffres de ventes de LVMH, vitrine du luxe à la française, sont par exemple éloquents. Au premier trimestre, son chiffre d’affaires a crû de 86% par rapport à 2020 en Asie (hors Japon), de 23% aux Etats-Unis, et reflué de 9% en Europe…

L’investisseur souhaitant embarquer dans le train de la reprise économique pourrait bien être inspiré en cherchant des opportunités vers l’Est, auprès d’entreprises qui y sont basées ou de celles du Vieux Continent qui y effectuant une part substantielle de leur activité… au risque de rater le départ de l’Orient Express.

 


Des ressources insoupçonnées

LFDE

L’expérience enseigne que l’on trouve parfois, lorsqu’on est au pied du mur, des ressources insoupçonnées. Aussi n’est-il pas étonnant que les Etats-Unis, au pied du mur de la dette, redécouvrent depuis peu une source de financement qu’ils n’avaient cessé de réduire au cours des dernières années, voire des décennies : l’impôt sur les sociétés. Janet Yellen, Secrétaire au Trésor, vient ainsi d’annoncer que les Etats-Unis envisagent de construire un large consensus mondial autour d’un taux minimal d’imposition sur les sociétés. Celui-ci serait de 21 à 28% pour les bénéfices générés sur leur sol, et de 21% minimum pour les bénéfices réalisés ailleurs dans le monde. Un taux modeste par rapport à ce qui est en place dans de nombreux pays, notamment européens, mais qui constitue une révolution aux Etats-Unis où le dernier mouvement en la matière, effectué par D. Trump peu après son arrivée au pouvoir, fut justement de baisser ce taux.

 

Si les Etats-Unis changent soudainement de doctrine, ce n’est pas seulement parce qu’ils viennent de passer sous administration démocrate, mais par intérêt bien compris, à l’heure où l’Etat dépense sans (presque) compter. La somme des stimuli budgétaires mis en place par les Etats-Unis pour passer la crise du Covid-19 approche en effet, selon le FMI, 27% de leur PIB. Et ce n’est pas terminé : un nouveau plan est en discussion, portant notamment sur les infrastructures, qui pourrait atteindre 2 250 milliards de dollars, répartis sur 8 ans. Pour l’instant, ces dépenses sont aisément financées par la dette, elle-même achetée en grande partie par la Fed. Mais ce mécanisme n’est pas extensible à l’infini. Si l’économie américaine se reprend, en partie justement grâce à ce stimulus hors-norme, la Fed n’aura plus la légitimité d’acheter autant de dette. Dans ce cas, il y a peu de choix: si l’on exclut le recours à une inflation galopante, dont personne ne veut, il ne reste qu’à monter les impôts.

 

L’avantage des Etats-Unis est que la plupart des pays sont au pied du mur de la dette. Ils peuvent donc compter sur une large coopération mondiale pour monter les impôts. Naturellement, la France et l’Allemagne sont leurs premiers soutiens…

Quelle conséquence sur les marchés financiers ? De façon générale, les entreprises américaines pourraient s’avérer un peu moins profitables après impôts. Cela pourrait affecter leurs cours de Bourse. Mais toutes ne seront pas également touchées : d’après une étude Bloomberg, les plus concernées appartiennent aux secteurs de la technologie et de la santé, à l’opposé de secteurs de l’énergie, des matériaux et de la consommation courante qui sont les moins concernés. Les grandes capitalisations, dont la proportion de revenu étranger est généralement plus élevée que les petites, sont plus concernées, d’autant que les cinq plus grandes sont justement des actions apparentées au secteur de la technologie.

Dans le même temps, si l’Etat se finance mieux par les impôts, il pourrait devoir émettre moins de dette, ce qui pourrait freiner la hausse des taux. Ce facteur-ci est davantage favorable aux actions typées « croissance », comme la technologie. Un équilibre pourrait donc en résulter en termes de type de valeur.

Les effets de ce revirement seront donc multiples, et nul ne peut aujourd’hui les pronostiquer avec assurance. Sauf l’effet principal : mieux financé, moins dépendant de l’endettement, l’Etat américain pourrait retrouver un mode de financement plus durable. Et non seulement lui, mais une grande partie du monde qui lui emboîterait le pas : la guerre à la baisse d’impôt devrait moins déstabiliser les Etats qui coopéreront. Des francs-tireurs résisteront certes, mais tout dépend de leur taille : s’il ne s’agit que de quelques  » paradis « , ce n’est pas un problème. S’il s’agit de la Chine, la question sera différente. Les Etats-Unis ne peuvent pas laisser la Chine devenir un paradis pour les entreprises. Heureusement pour eux, le risque n’est pas aujourd’hui flagrant. Mais à long terme ?


Jerome ou Janet ?

LFDE

Auteur : Enguerrand Artaz, gérant

 

Composante majeure des perspectives économiques, la santé du marché de l’emploi est devenue un sujet encore plus crucial depuis quelques mois aux Etats-Unis, après qu’elle a intégré officiellement le mandat de la Réserve fédérale américaine. Son directeur, Jerome Powell, a depuis rappelé à plusieurs reprises que la banque centrale maintiendrait une politique monétaire accommodante tant que le marché du travail américain n’aurait pas donné de signes tangibles d’amélioration. Il a même récemment précisé que l’objectif de la Fed n’était ni plus ni moins que le plein emploi. L’enjeu du rapport sur l’emploi américain publié le 2 avril dernier est donc d’importance.

Il l’est d’autant plus qu’à l’occasion d’une prise de parole commune le 23 mars, le patron de la Fed et sa prédécesseure, Janet Yellen, aujourd’hui Secrétaire d’Etat au Trésor, avaient affiché une certaine divergence de vue sur le calendrier de la normalisation de l’emploi américain. Alors même que Jerome Powell, ainsi que plusieurs membres de la Fed, n’ont cessé de rappeler que cela prendrait du temps, Mme Yellen avait, pour sa part, estimé que les Etats-Unis pourraient retrouver le plein emploi dès l’année prochaine. De quoi plonger dans la circonspection des marchés particulièrement attentifs à tout élément pouvant annoncer un futur resserrement monétaire.

A première vue, les chiffres publiés début avril par le Bureau of Labor Statistics (BLS) sembleraient donner raison à J. Yellen. Les créations d’emplois, pourtant attendues très fortes (660 000), ont pulvérisé les anticipations, en ressortant à 916 000. A ces dernières, il faut ajouter les quelque 90 000 créations au titre de la révision des chiffres du mois précédent. Si l’on excepte les mois de mai à août 2020, correspondant à la réouverture de l’économie américaine, il s’agit de la plus forte création mensuelle d’emplois depuis 1983. Le taux de chômage a ainsi reculé à 6,0%, contre 6,2% en février. Incontestablement, la situation de l’emploi américain continue de s’améliorer à un rythme élevé. Suffisamment pour coller à la prédiction de Janet Yellen ? Sans doute pas.

Pour nuancer ces très fortes créations d’emplois, il faut observer le taux de participation (population active rapportée au total de la population en âge de travailler). Celui-ci n’a que modérément progressé sur le mois (+0,1%) et reste, à 61,5%, nettement inférieur à ses niveaux d’avant crise (63,4%). Autrement dit, les 5 millions de travailleurs américains sortis de la population active pendant la crise de l’an dernier ne reviennent toujours pas massivement sur le marché de l’emploi. Or, J. Powell regarde cela attentivement, considérant que ces travailleurs doivent être ajoutés au total des chômeurs pour obtenir une vision réelle de l’impact de la crise. Si l’on effectue cette analyse, le taux de chômage américain reste encore nettement supérieur, à 8%. Encore loin donc du taux inférieur à 5% qui pourrait caractériser le « plein emploi ».

Par ailleurs, les mesures complémentaires décrites par M. Powell et constituant son tableau de bord sur l’emploi, telles que le taux de participation des diplômés du secondaire – sans diplôme supérieur – ou le taux de chômage des populations afro-américaines, n’affichent pas d’accélération nette par rapport aux chiffres de l’ensemble de la population. Match nul entre Mme Yellen et M. Powell, pourrait-on donc être tenté de dire. Plus concrètement, ces chiffres n’accentuent pas réellement le risque de voir la Fed diminuer son soutien monétaire plus tôt que prévu. En revanche, ils vont dans le sens de la poursuite d’une forte reprise économique, d’une pression à la hausse sur les taux d’intérêts et d’une surperformance des actions des entreprises, croissance et value, les plus sensibles au cycle économique. 

 


La Financière de l’Echiquier se dote d’une stratégie climat et renforce sa politique charbon

LFDE

Paris, le 30.03.2021 ǀ La Financière de l’Echiquier (LFDE) adopte une stratégie climat ambitieuse et ajuste sa gouvernance climatique. Cette stratégie climat se décline en 9 engagements afin de mobiliser clients et entreprises, au-delà des recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD). 

Pour répondre à l’urgence climatique, LFDE, pionnière de l’investissement responsable en France, déploie une stratégie climat pragmatique et transparente, associée à un processus annuel d’évaluation et de révision. Conçue en partenariat avec I Care & Consult, cette stratégie ambitieuse comprend la formation aux sujets finance-climat du conseil d’administration et du comité exécutif de LFDE, ainsi que de l’ensemble des équipes, afin d’intégrer les enjeux climatiques au sein de tous les métiers et dans toutes les prises de décision de l’entreprise.

Le périmètre de la stratégie climat est identique à celui de sa démarche d’intégration Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG). 

Pour mieux maîtriser son exposition aux risques climatiques, LFDE entreprend de mesurer les risques physiques et de transition des fonds ISR d’ici fin 2021, et de tous les autres fonds fin 2022. Le déploiement de la mesure de l’empreinte carbone sur l’ensemble des portefeuilles sera étendu au scope 3, et celui de la mesure de la part verte, aligné avec la taxonomie européenne. Ils seront effectifs fin 2021.

La stratégie Climat de LFDE se fonde sur le score Maturité Climat, déterminé grâce à une méthodologie propriétaire, portant sur la gouvernance et les engagements climatiques ainsi que sur la transition juste. Une démarche permettant de cerner la qualité climat des émetteurs et de sélectionner ceux dont la transition est en bonne voie et auprès desquels LFDE pourrait s’engager.

Pour mobiliser les entreprises, LFDE consolide sa démarche d’engagement en renforçant les priorités climat de sa politique de vote, en intégrant systématiquement les sujets climatiques dans le dialogue avec les entreprises et en intensifiant ses exigences envers les secteurs les plus émissifs, dans le cadre d’une politique charbon stricte (voir plus loin).

Pour mobiliser ses clients dans la transition de la gestion de leur épargne, LFDE déploie des initiatives pédagogiques, parmi lesquelles un accompagnement spécifique de la prise en compte des sujets climatiques.

L’engagement auprès des entreprises et des clients s’enrichira d’un séminaire Climat annuel, une initiative unique sur la Place de Paris réunissant des experts climatiques, et destinée à stimuler l’échange de bonnes pratiques.

 

La politique charbon de LFDE

Dans le cadre de sa stratégie climat, LFDE s’engage également à exclure totalement le charbon thermique de ses investissements d’ici 2030, en appliquant des restrictions strictes et progressives, en lien avec les évolutions de la Global Coal Exit List de l’ONG allemande Urgewald. La politique charbon de LFDE se traduit, à partir de janvier 2021, par le déploiement d’une politique d’exclusion renforcée, qui jusqu’ici concernait l’exclusion des entreprises impliquées dans l’extraction de charbon thermique avec un seuil de 5% du chiffre d’affaires.

 A partir du 01.01.2021, LFDE n’investit plus dans les entreprises :

  • qui développent de nouveaux projets impliquant l’utilisation de charbon thermique
  • qui réalisent plus de 5% de leur chiffre d’affaires dans l’extraction de charbon thermique (exclusion en vigueur depuis 2018) ou plus de 20% de leur chiffre d’affaires dans les activités liées au charbon thermique.
  • Sont également exclues les entreprises dont la production d’électricité à base de charbon thermique excède 20% de leur mix énergétique, dépasse 10 millions de tonnes/an ou dont la puissance des centrales dépasse 5GW.

 Cette politique charbon s’accompagne d’une démarche d’engagement actionnarial renforcée.

 Bettina Ducat, Directrice Générale de La Financière de l’Echiquier, déclare : « La Financière de l’Echiquier est un acteur engagé de l’investissement responsable depuis 30 ans. Notre ambition est à présent de devenir un acteur de référence sur les sujets finance-climat. La gestion d’actifs a un rôle majeur à jouer pour lutter contre le réchauffement climatique et orienter les capitaux vers les entreprises les plus engagées. LFDE entend être moteur et force d’innovation pour contribuer à relever le défi climatique. »

 

Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué en charge de la Gestion d’Actifs, ajoute : « A l’heure où l’urgence climatique exige des entreprise l’adaptation de leur business modèle, nous renforçons notre attention sur la gouvernance climatique de nos participations, mais aussi notre engagement auprès des entreprises. Notre exigence est le reflet de celle que notre société de gestion s’applique à elle-même. »

Pour en savoir plus sur la stratégie climat de LFDE, cliquez ici

Pour en savoir plus sur la politique charbon de LFDE, cliquez là

 


La Chine sort les griffes

LFDE

Si la crise du Covid ne semble pas avoir été la rupture brutale tant de fois annoncée, elle aura été un accélérateur majeur de tendances.
Expansion monétaire, soutiens budgétaires inédits, prise de conscience des enjeux environnementaux, boom du e-commerce, essor du travail à distance, accroissement des inégalités : la liste est longue sur les plans économique et sociétal.

 

D’un point de vue géopolitique également, cette crise aura agi comme un puissant accélérateur de tendances : la Chine s’est affirmée en tant que superpuissance, le panda géant s’est mué en dragon.

 

Dopé par une pandémie maîtrisée et une reprise économique précoce, le poids de la Chine dans l’économie mondiale n’a jamais autant pesé. Et même si l’image de l’Empire du milieu s’est dégradée en Europe ou aux Etats-Unis en raison de l’absence de transparence sur l’origine de la crise sanitaire, la Chine affiche désormais une confiance en elle sans faille. Sa posture est celle d’une superpuissance prête à en assumer le rôle, comme l’a clairement formulé Xi Jinping devant l’Assemblée populaire début mars : « la Chine peut à présent regarder le monde dans les yeux ».

 

Plusieurs éléments récents l’illustrent, comme la première rencontre diplomatique de l’ère Biden entre responsables américains et chinois. Aucun compromis ne semble envisageable sur l’indépendance de Hong Kong ou de Taïwan, sur le sort réservé à la minorité Ouïghoure, ni sur les questions de souveraineté en mer de Chine. Face aux sanctions européennes déclenchées par les atteintes aux droits de l’Homme subies par les Ouïghours dans le Xinjiang, la Chine a aussitôt répliqué en décidant de représailles. Ces derniers jours, le champ de bataille idéologique s’est également déplacé sur le front commercial. H&M, Nike ou Adidas font ainsi l’objet d’appels au boycott largement relayés par la presse et les réseaux sociaux chinois. Ces entreprises ont en commun d’avoir renoncé au coton en provenance du Xinjiang, région sur laquelle planent de lourds soupçons de recours au travail forcé. Gare à qui caressera le dragon chinois dans le mauvais sens des écailles, il s’expose directement au retour de feu de la puissance chinoise.

Si la Chine affermit un peu plus sa posture souverainiste sur les questions politiques ou sociales, elle emprunte le chemin inverse sur le plan financier. L’ouverture de ses marchés financiers n’a jamais été aussi importante pour les investisseurs étrangers, et sa monnaie devient peu à peu une référence mondiale dans les échanges ou pour thésauriser. Que ce soit sur les actions ou les obligations, la profondeur et l’éventail des titres cotés chinois n’ont aujourd’hui plus grand-chose à envier au marché américain. Pour l’investisseur en quête de diversification, il serait mal avisé d’exclure de facto une exposition à cette zone, principal moteur de la croissance mondiale, tant en 2020, année de récession mondiale, qu’en 2021, année probablement placée sous le signe de l’euphorie de la croissance. Exposition qui peut être directe, en investissant dans des titres chinois, ou indirecte via des sociétés occidentales réalisant une part significative de leur chiffre d’affaires en Chine.

 

 


La Financière de l’Echiquier renforce son équipe de gestion thématique internationale avec l’arrivée de Lena Jacquelin, Analyste senior

LFDE

La Financière de l’Echiquier (LFDE) annonce la nomination de Lena Jacquelin, au poste d’analyste senior. Son arrivée étoffe ainsi l’équipe actions internationales thématiques, dirigée par Rolando Grandi, CFA, qui gère notamment les fonds Echiquier Artificial Intelligence (888 millions d’encours) ou encore Echiquier World Next Leaders[1], fonds multi thématiques qui investit dans les mégatendances qui façonneront l’économie de demain (470 millions d’encours).

 Cette nomination s’inscrit dans le cadre du fort développement que connaît le pôle actions internationales de LFDE depuis sa création il y a dix ans et dans la volonté, aujourd’hui réaffirmée, de poursuivre et d’intensifier cette dynamique. En particulier, la conception de solutions d’investissement thématiques innovantes est une des priorités de LFDE, dont la gamme est appelée à se renforcer.

 Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué en charge de la Gestion d’Actifs de La Financière de l’Echiquier, déclare : « Nous souhaitons la bienvenue à Lena Jacquelin. Son profil et son expérience internationale enrichiront notre expertise de sélection de valeurs et consolideront le développement de notre gamme thématique internationale. »

A propos de Lena Jacquelin| Analyste senior Actions thématiques internationales

Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs Leonard de Vinci de Paris La Défense avec une spécialité en finance de marché, Lena Jacquelin a débuté chez Invest Securities en tant qu’analyste sell-side. En 2015, elle rejoint Natixis Investment Manager Asia à Singapour en qualité d’assistante de gestion, avant de devenir analyste actions. Elle devient membre du comité d’investissement d’un fonds tech en 2018 et d’un fonds Global Sport en 2019. En mars 2021, Lena Jacquelin intègre La Financière de l’Echiquier en tant qu’analyste senior dans l’équipe actions thématiques internationales, qui compte désormais 3 personnes.


Christine, en attendant Jerome.

LFDE

 

Vu d’il y a quelques semaines, cette réunion de mars aurait dû être mineure pour la Banque centrale européenne (BCE). S’il était prévu que l’institution y dévoile ses nouvelles prévisions sur l’inflation et la croissance de la zone euro, peu de changement était à attendre sur la politique monétaire. Mais le récent mouvement haussier des taux d’intérêts à long terme a nettement accru les attentes sur ce rendez-vous. Pour autant, il était difficile d’envisager des annonces majeures. En effet, la hausse des taux européens a surtout été due à un effet d’entraînement de la hausse des taux américains, alors que les perspectives de croissance pour le premier semestre sont moroses sur le Vieux Continent et que l’inflation y demeure faible.

En annonçant que les achats d’actifs au titre du PEPP  seraient « menés à un rythme significativement supérieur au cours du trimestre à venir par rapport aux premiers mois de l’année », la BCE a probablement trouvé la bonne mesure. D’un côté, elle a positivement surpris les marchés, provoquant la détente des taux longs et une réduction de la prime de risque des pays de l’Europe périphérique. De l’autre, cette action reste suffisamment modérée pour ne pas être perçue comme une surréaction qui n’aurait pas lieu d’être. Par ailleurs, elle permet à la banque centrale d’accélérer ses rachats sur de meilleurs niveaux qu’en fin d’année dernière, et ce en amont d’une période qui s’annonce dense en termes d’émissions de nouvelles dettes. La Présidente Christine Lagarde a donc réussi son exercice de communication.

Un exercice qui s’annonce nettement plus complexe pour la Réserve fédérale américaine. Jerome Powell, patron de la Fed, va en effet devoir composer, la semaine prochaine, avec deux forces contraires. D’un côté, la hausse incontestable des perspectives d’inflation. Plusieurs éléments conjugués génèreront très probablement, ces prochains mois, une hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis. Le déploiement du 3e plan de relance, récemment validé par le Congrès, se traduira par de nouvelles aides directes aux ménages, à hauteur de 422 milliards de dollars, alors même que le taux d’épargne des ménages américains a nettement progressé en janvier – à plus de 20% du revenu disponible – malgré une forte hausse, en parallèle, des ventes au détail. La réserve de consommation est donc très importante. Et si une part de cette réserve restera épargnée, et vraisemblablement investie en partie sur les marchés financiers, ce sont plusieurs centaines de milliards de dollars de dépenses de consommation qui pourraient se matérialiser ces prochains mois. Confrontées à de fortes pressions haussières sur les prix des intrants – fret, énergie et matériaux non transformés notamment –, les entreprises pourront ainsi relever leurs prix de vente… ce qui se traduira par une hausse des prix à la consommation. Par ailleurs, de manière temporaire, l’inflation sera accentuée par des effets de base, puisque la variation des prix sur un an commencera à être calculée avec pour point de départ le printemps 2020, lors duquel la fermeture brutale de l’économie avait entraîné une forte baisse des prix. Ces pressions inflationnistes pourraient, naturellement, inciter la Fed à tenir un discours moins accommodant.

Mais de l’autre côté, le marché de l’emploi, devenu un enjeu officiel pour la Fed, est loin d’être normalisé. Ajusté des personnes sorties du marché de l’emploi pendant la crise, le taux de chômage atteint environ 8,5% (6,2% pour le chiffre officiel). Le taux de participation des personnes seulement diplômées du secondaire, un des trois indicateurs du tableau de bord de Jerome Powell sur l’emploi, a nettement reculé depuis octobre et se rapproche de son point bas d’avril 2020. Enfin, à 42,4%, le taux de non-emploi – chômeurs et personnes hors de la population active – reste nettement plus haut qu’au pic de la dernière crise (41,8%). Difficile pour la Fed, dans de telles conditions, d’amoindrir son soutien à l’économie. Entre ces deux extrêmes, elle devra donc trouver une ligne de crête, qui s’annonce bien mince.

 


Harder, Better, Faster, Stronger.

LFDE

Dans la bouche d’un membre du directoire de la BCE, ces paroles ont de quoi surprendre. Pourtant, elles ont bien été prononcées par Fabio Panetta la semaine dernière, non pas sous les stroboscopes d’une boîte de nuit, mais lors d’une conférence en ligne de l’université Bocconi de Milan, situation sanitaire oblige.

En plus de rendre hommage au duo Daft Punk qui vient d’annoncer sa séparation, son message a pour but d’illustrer clairement la trajectoire que va prendre la politique monétaire de la BCE dans les trimestres à venir. Elle est limpide : “The harder we push to close the output and inflation gaps, the better the outlook for the euro area economy. And the faster we get there, the stronger our growth potential will be.” 1 Autrement dit, ce ne sont pas les craintes de poussées inflationnistes ici ou là qui risquent de retourner la posture accommodante de la BCE à moyen terme. 

Pour preuve, l’institution estime que les prix à la consommation sont plus de 10% en-dessous de la trajectoire qui cible de +2% par an dans la zone euro depuis la création de la monnaie unique, là où les Etats-Unis ou le Royaume-Uni ont réussi à atteindre cet objectif presque parfaitement. Sur le PIB, le fossé s’est également creusé entre la croissance potentielle et la croissance réelle depuis de longues années. L’écart est, encore plus marqué depuis un an : la BCE estime que depuis 2008, la croissance réelle a été de 14% inférieure à la croissance potentielle, dont 6% dus à la crise Covid. Voilà pourquoi la banque centrale juge nécessaire une action plus forte – harder – afin d’ancrer des meilleures – better – anticipations dans l’esprit des acteurs économiques. Enfin le rythme de convergence doit aller plus vite – faster – et a également toute son importante pour une reprise plus puissante – stronger -.

Pour atteindre cet objectif, la BCE a déjà déployé une palette d’outils, notamment le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Program). Cette enveloppe conjoncturelle a été portée à 1850 milliards d’euros en décembre dernier. Elle lui permet d’acheter des dettes gouvernementales pendant encore 2 ans pour garantir un financement des dépenses budgétaires à moindre coût, voire à taux négatif pour les Etats les plus sûrs. Comme l’a rappelé Christine Lagarde, elle est avant tout destinée à garantir des conditions financières accommodantes et à éviter une fragmentation de la zone, c’est-à-dire un renchérissement des conditions de financement pour les Etats les plus fragiles. Mais si la question d’un contrôle explicite de la courbe des taux a jusqu’ici toujours été écartée par la BCE, la désynchronisation entre la zone euro et les Etats-Unis tant sur la croissance que l’inflation, pourrait rapidement faire évoluer la BCE sur ce point et lui permettre de contenir l’épidémie de hausses des taux qui émerge des Etats-Unis et commence à se répercuter sur les taux européens.

Harder, Better, Faster, Stronger, ce refrain risque bien de devenir cette petite musique entêtante dans l’esprit de la BCE et des investisseurs. Rendez-vous à Francfort le 11 mars prochain pour une première répétition.

 


L'EDITO DU MOIS

LFDE

Au secours, l’économie se redresse !

Fin février, à l’orée du vote d’un troisième plan de soutien américain d’une ampleur inédite, les taux américains à 10 ans ont retrouvé leur niveau précédent la crise du Covid, autour de 1,5%. Bonne nouvelle ? Pas pour les actions, qui fléchissent à cette nouvelle, en particulier le Nasdaq.

Pourtant, les marchés ne devraient-ils passe réjouir de cette normalisation ? Enfin des taux qui rémunèrent le prêteur et non le débiteur ! Enfin une incitation à consommer plutôt qu’à épargner encore davantage !

Certes, la transmission de la hausse de taux longs à l’économie réelle conduit à un durcissement des conditions financières. Mais la phase actuelle du cycle est au redémarrage. En l’absence de nouveaux confinements, la dynamique de rebond est telle qu’elle devrait pouvoir s’accommoder d’une remontée modérée des taux. Et ce d’autant qu’une légère remontée de l’inflation – une reflation – est anticipée, notamment aux Etats-Unis grâce au nouveau plan de relance. Une reflation contenue permettrait aux taux
réels, c’est-à-dire aux taux nominaux corrigés de l’inflation, de rester minimes, voire négatifs. La situation serait alors financièrement idéale : des taux nominaux positifs accompagnés de taux réels minimes, favorables à l’activité économique.

Il est vrai que la frontière est ténue entre une reflation favorable et une inflation destructrice, ce qui pourrait expliquer le stress du marché. Mais depuis dix ans l’inflation des pays riches, notamment au Japon et en Europe, est trop basse. Par quel mécanisme pourrait-elle tout à coup exploser, alors que rien n’a fondamentalement changé dans le système économique ?

La fébrilité du marché doit donc s’expliquer autrement. En particulier par la crainte que les taux nominaux s’emballent, surtout dans un environnement où les gouvernements inondent le marché de dette pour absorber leurs déficits. Mais les banques centrales l’ont prouvé à de nombreuses reprises, elles contrôlent fermement les taux. Nul doute qu’elles absorberaient l’excès d’offre obligataire en cas de besoin, « whatever it takes », comme disait le « sauveur de l’euro », nouveau maître de Rome.

La dernière explication serait une crainte spécifique sur l’avenir des valeurs les plus chères de la cote, en particulier les sociétés d’innovation digitale ou énergétique. Leur prix actuel ne se justifie que par des hypothèses optimistes à long terme. Une augmentation structurelle du coût du capital impacterait fortement leur valorisation et les fragiliserait. Leur retournement serait alors violent. TESLA par exemple a perdu 20% sur le mois de février, dans un mouvement exactement inverse aux taux américains à 10 ans. Mais ce risque, sans être anecdotique, reste localisé. Des gérants avisés sauront trier le bon grain de l’ivraie.
En contrepartie, les bénéfices pour le reste du système économique sont considérables.

La balance est donc vite faite : que les taux montent ! (Sorry Elon Musk !) Le marché actions dans son ensemble, en pleine phase de reprise économique, devrait pouvoir faire face. Et à terme, le marché obligataire pourrait même retrouver de l’intérêt. Peut-on souhaiter une meilleure nouvelle boursière ?

 


Les Chroniques de l'Intelligence Artificielle de La Financière de l'Echiquier

La voiture du 21e siècle 

 

Rolando Grandi, CFA, Gérant d’Echiquier Artificial Intelligence

Au 19e siècle, l’essor de l’industrie pétrolière et le développement du moteur à combustion ont engendré l’une des plus grandes révolutions économiques, technologiques et sociales de l’Histoire, ainsi que l’apparition de moyens de transports modernes : voitures, avions, bateaux à moteur thermique…

Icône de cette deuxième révolution industrielle qui a transformé le monde, la voiture, cet « objet parfaitement magique »1a remplacé le cheval. Une banalité pour nous aujourd’hui, une mutation à l’époque. Les voitures se cassaient fréquemment, l’infrastructure était inexistante, l’essence rare et chère. C’est l’apparition du fordisme et le développement des infrastructures qui ont favorisé la percée de l’automobile dans le quotidien des populations. En l’espace de 10 ans, les villes se sont adaptées, reléguant les chevaux au rang de loisir.

A notre tour de vivre une révolution, celle du digital qui métamorphose l’économie grâce à l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA), qui impactera progressivement tous les secteurs. Nos voitures n’y échapperont pas, alors que la course à l’autonomie accélère.

WAYMO est aujourd’hui la société la plus avancée sur ce sujet, avec déjà plus de 32 millions de kilomètres effectués en conditions réelles et plus de 15 milliards de kilomètres virtuels. Cette filiale d’ALPHABET, société mère de GOOGLE, développe des taxis intelligents dépourvus de chauffeur humain et dotés d’une myriade de capteurs permettant à l’IA de piloter la voiture en toute sécurité. Aujourd’hui, à Phoenix, Arizona, vous pouvez les tester par vous-même ! Lors du dernier voyage de l’équipe de gestion à San Francisco en 2019, nous avons pu observer de nombreuses voitures autonomes sillonner la ville, où WAYMO propose depuis février 2021 un service de robots-taxis. D’autres marques comme ZOOX (rachetée par AMAZON) ou UBER (en cours de cession) sont en lice. Sans oublier APPLE, la plus grande entreprise du monde, qui développe des projets liés à la voiture autonome, et négocie avec des constructeurs automobiles coréens pour fabriquer leurs voitures autonomes.

Les bienfaits sont nombreux. Le désengorgement des villes en sera un majeur. En orchestrant le flux des voitures au sein des villes, le système devient plus efficient et devrait réduire drastiquement les bouchons. La sécurité devrait également y gagner. Les voitures pourront communiquer entre elles, les algorithmes d’IA devraient se révéler plus réactifs que l’être humain, ne seront jamais fatigués, ni distraits. Enfin, les conducteurs seront libérés de la conduite, transformant la voiture en espace de travail ou de détente. Ce qui explique les investissements massifs actuels dans l’infotainment, qui fera de la voiture un espace de convivialité avec musique, écrans et connectivité. Il n’est pas anodin qu’une société comme SAMSUNG ait acheté HARMAN KARDON en 2016 afin d’avoir un pied dans la voiture de demain et vous permettre de la contrôler via votre smartphone.

D’ici 2040, 55 millions de véhicules sans chauffeur devraient être en circulation le mondeet leur adoption massive est prévue en 2050 selon le cabinet de conseil McKinsey. Le chemin est encore long, mais viendra le jour où chaque voiture devra être dotée d’un certain niveau d’intelligence pour avoir le droit de circuler.

Et comme pour les chevaux du XXe siècle, il y aura toujours à proximité des (smart) villes des circuits, où les passionnés de conduite pourront s’adonner à leur passe-temps favori.

 


Le dégel des taux

LFDE

Maintenus en territoire négatif depuis longtemps, une partie des taux gouvernementaux européens a légèrement dégelé cette semaine, c’est-à-dire retrouvé un niveau moins négatif, tel le 10 ans allemand, passé d’environ -0,60% début janvier à -0,25 % le 25 février, ou même positif, tel le 10 ans français. Tout comme un membre gelé devient très douloureux lorsqu’il se réchauffe, ce dégel – une bonne nouvelle en soi, car les taux négatifs traduisent une activité déprimée – s’accompagne d’une certaine souffrance : le marché actions s’est crispé cette semaine. En tout cas un pan particulier de la cote : les valeurs les plus chères, comme certaines valeurs technologiques ou liées à la transition énergétique. Elles avaient tellement profité de la baisse régulière des taux et de la crise liée au Covid que leur correction est logique, voire saine. Les marchés retrouvent un début de normalité : situation édénique – rarement observée – où les taux sont positifs, la croissance vigoureuse et l’inflation « proche mais inférieure à 2% », selon le mantra de la BCE. Mais il ne s’agit bien que d’un début de normalité : pour le moment, une grande partie des taux européens reste négative. Et surtout, l’ensemble des taux dits  « réels » (taux nominaux diminués de l’inflation) restent « congelés » sous 0%, puisque l’inflation attendue à long terme sur la zone euro est actuellement située autour de 1,3 %*, nettement supérieure la plupart des taux gouvernementaux de cette zone.

 

Ce soudain dégel ne trouve pas son origine, hélas, dans la zone euro, mais aux Etats-Unis. Les taux 10 ans y sont passés d’un niveau proche de 0,90% en début d’année, à plus de 1,50% récemment, soit leur niveau d’avant la crise du Covid. La conjonction de la baisse des contaminations, associée à une politique monétaire plus souple sur le contrôle de l’inflation et à une politique budgétaire extrêmement volontariste depuis l’arrivée de Joe Biden, laisse entrevoir une forte accélération de la croissance en 2021, une reprise en flèche de la consommation et une normalisation de l’inflation. Autant d’éléments présents également en Europe, certes, mais à bien moindre échelle. Comme sur les vaccinations, le digital et tant d’autres domaines, la zone euro n’a fait que bénéficier de l’amélioration venue d’outre-Atlantique.

Ce mouvement peut-il aller plus loin ? A vrai dire, ce serait souhaitable ! Même si la douleur serait alors forte pour les actionnaires des valeurs les plus chères et pour les créanciers, qui verront leurs actifs se déprécier. Mais cette douleur passagère, qui affecterait surtout ce qui est hors de prix – et peut-être le reste par contagion – , ne serait-elle pas préférable à un statut quo déprimé ? Retrouver des taux positifs permettrait à l’économie de sortir d’une situation absurde où l’on paye les Etats et les meilleures entreprises pour leur prêter de l’argent. Dans un second temps, certes, d’autres douleurs se réveilleraient. En particulier, on se rappellerait que s’endetter coûte en principe de l’argent. Les Etats ne pourront plus s’endetter « quoi qu’il en coûte ». Les contribuables, de même que les bénéficiaires des subsides étatiques, sentiraient la différence. Mais nous en sommes encore loin, du moins en Europe. D’ici-là, il n’est pas impossible qu’une partie des dettes d’Etat soient mises de côté d’une façon ou d’une autre par les Banques centrales, qui ne prendront certainement pas le risque de laisser fondre le glacier des dettes mondiales. Car ce réchauffement serait presque aussi dramatique que celui de la planète. Heureusement, il est plus facile à contrôler. Saluons donc ce réchauffement financier comme une bonne nouvelle. Et comptons sur les banques centrales pour savoir anesthésier la douleur qu’il entraînera s’il s’accentue.

 


L’Europe sera asiatique, ou ne sera pas

LFDE

Des PMI manufacturiers en forte hausse et nettement supérieurs aux attentes, attestant d’une activité industrielle en grande forme… Une enquête ZEW qui suit la même dynamique, et démontre une confiance accrue des investisseurs allemands portée par l’euphorie de début d’année sur les marchés… Des résultats d’entreprises qui battent largement les anticipations, avec des taux parmi les plus élevés des dernières années… Des images de restaurants ouverts en Italie ou Espagne qui annoncent le retour à une vie normale… Sous de nombreux angles, la situation en zone euro semble s’améliorer. Ce momentum favorable pourrait même, à court terme, offrir un potentiel de surperformance à des actions européennes en légère sous-performance depuis le début de l’année.

A plus long terme, en revanche, les perspectives sont moins réjouissantes. En mettant en œuvre des mesures de restrictions nettement plus drastiques et étirées dans le temps que sur d’autres continents, les dirigeants européens ont lourdement impacté l’économie du Vieux Continent. En parallèle, la réponse budgétaire, certes rapide, n’en est pas moins insuffisante au regard de la concurrence mondiale. Alors qu’un troisième plan de relance devrait être entériné sous peu côté américain, l’hypothèse d’un second plan pour l’Union européenne relève du fantasme. Ainsi, le stimulus fiscal aux Etats-Unis représentera-t-il plus de 10% du PIB anticipé pour 2021, contre seulement 6% en zone euro1. Les conséquences sont loin d’être neutres.

Entre la période pré-crise et aujourd’hui, l’écart de croissance attendue entre la zone euro et les autres grandes zones économiques s’est en effet accru. Il y a un an, l’écart de croissance sur 3 ans (2020 à 2022) était de 2% entre la zone euro et les Etats-Unis, et de 14,6% entre la zone euro et la Chine. Ces écarts sont aujourd’hui respectivement de 3,3% et 16,4%. Fin 2022, le PIB américain pourrait être en hausse de près de 4% par rapport à son niveau de fin 20192. En zone euro, il le dépassera à peine. On retrouve la même dichotomie en considérant les attentes de résultats d’entreprises. Sur un horizon de 12 mois, les bénéfices des entreprises américaines devraient retrouver leur niveau d’avant crise. En zone euro, ils pourraient être encore en retrait de près de -20%.

Prise dans sa globalité, la zone euro peut donc sembler guère attrayante pour un investisseur, en relatif aux Etats-Unis ou à l’Asie émergente. Elle dispose néanmoins de certains atouts. La zone euro possède notamment un très riche vivier d’entreprises exposées à la consommation asiatique. Les récents résultats de l’Italien Moncler illustrent parfaitement la pertinence d’investir sur ces entreprises. Le groupe de luxe, qui réalise 49% de ses ventes en Asie-Pacifique, a en effet publié des chiffres très nettement supérieurs aux attentes du marché, avec notamment un résultat annuel supérieur de 20% aux anticipations. Et les ventes en Asie ne sont pas pour rien dans ces résultats. Elles ont augmenté, au quatrième trimestre, de 26% et même de 60% en Chine ! De quoi compenser largement le recul de -13% des ventes en Europe. Même son de cloche du côté d’Hermès, avec des ventes en recul de -9,8% en Europe, mais qui s’envolent de 47,4% en Asie (hors Japon).
Indubitablement, la faiblesse de la réponse budgétaire européenne fait peser un risque de sous-performance structurelle des actifs européens à long terme. Il n’en demeure pas moins que de nombreuses entreprises européennes, notamment grâce à leur ouverture internationale, peuvent faire fi de ces perspectives moroses. Et c’est sans doute sur celles-ci qu’il faudra investir pour les années à venir.

 


L'EDITO DU MOIS

LFDE

L’Odyssée des robots

Bipède, agile comme un athlète olympique, conçu pour évoluer dans des environnements difficiles, Atlas, un humanoïde développé par Boston Dynamics, peut dérouter à première vue. Ou faire peur. Il n’en est pas moins un prodige technologique, à l’aisance blufflante. Cet Atlas-ci pourrait bien porter sur ses épaules sinon le monde, du moins la renaissance industrielle.

Défi démographique, vieillissement de la population, pénibilité du travail, essor de l’économie de services… les défis s’accumulent pour les secteurs manufacturiers et nos besoins en équipements électronique, infrastructures, moyens de transport… sont loin de se tarir.

Pour résoudre l’équation économique de l’industrie, la robotique pourrait bien apporter une réponse révolutionnaire, notamment grâce au recours aux robots industriels, comme ceux de FANUC au Japon ou de KUKA en Allemagne. Le travail homme/machine se développe à vive allure, avec les robots collaboratifs, dits cobots, à l’image de ceux d’UNIVERSAL ROBOTS, fabriquant danois racheté en 2015
par l’Américain TERDYNE pour 285 millions de dollars. Dotés de capteurs intelligents, ces robots nouvelle génération travaillent en toute sécurité aux cotés des humains, et facilitent ainsi la production semi- automatisée de biens. Un duo performant grâce aux atouts cumulés des machines et des hommes.

La course technologique apporte également son lot d’innovations au secteur de la santé, avec l’essor des robots chirurgiens. Da Vinci, plateforme robotisée d’INTUITIVE SURGICAL, issue d’une technologie développée par la Nasa, décuple ainsi les capacités du chirurgien – humain jusqu’ici – grâce à ses quatre bras robotisés, ainsi qu’à ses modules de réalité augmentée qui fournissent en temps réel une information
précise. La société californienne développe aussi des robots capables de réaliser des interventions de chirurgie minimalement invasive, qui favorisent la récupération du patient.

Autre tendance à l’œuvre, l’adoption de systèmes de robotisation dans les entrepôts de logistique, au service du e-commerce notamment. Sous l’effet de l’immense bond des commandes en ligne, les entrepôts doivent accroître leurs capacités, ce que rendent possible des systèmes intelligents ultra-performants, comme ceux du Japonais DAIFUKU ou de l’Américain COGNEX.

L’Intelligence Artificielle (IA) a elle aussi trouvé avec la robotique un territoire de plus où déverser ses vagues d’innovations : l’Internet des Objets permet en effet de connecter chaque élément d’une usine à un système de contrôle centralisé. Un système capable, en temps réel, d’analyser et d’optimiser la production, et même d’intervenir de manière proactive pour éviter toute panne ou arrêt de production. Ces solutions intelligentes qui fusionnent les prodigieuses capacités de l’IA et de la robotique représentent un terroir fertile pour cultiver la croissance future de l’économie.

Utopie ou vecteur de croissance, la robotique a de beaux jours devant elle, avec un marché estimé à 90 milliards de dollars d’ici 20301. De nombreuses entreprises s’y intéressent formant un vivier et un potentiel dont devraient bénéficier nos solutions d’investissement thématiques.

 

 


L'EDITO DU MOIS

LFDE

Une histoire d’équilibre… 

Après avoir affronté un cumulonimbus géant, une anomalie imprévisible, les passagers d’un vol Paris New-York se retrouvent confrontés à une autre réalité, qui bouleverse leur vie et le monde entier. Comme dans le roman d’Hervé Le Tellier 1 , la planète entière aura été sommée en 2020 de réagir à un événement inimaginable qui a changé nos vies et redessiné l’économie mondiale.

2020 restera une année très particulière à bien des égards. Une année marquée par une pandémie aux multiples conséquences, survenue dans un climat déjà proche de l’hystérie.

L’hystérie des relations internationales, d’abord, avec la limitation des échanges et de la mobilité qui
s’est greffée aux mesures protectionnistes et à la guerre commerciale lancées par l’administration
américaine. Le commerce mondial de biens devrait ainsi reculer de plus de 5,5%, sa plus forte chute
depuis la crise de 2008. Le commerce des services devrait, lui, s’effondrer de près de 16%, sa plus forte
baisse depuis 1990, date à laquelle la CNUCED a débuté ses statistiques .

L’hystérie des réactions de politique intérieure ensuite. Si le psychodrame du Brexit a pris fin, du moins
provisoirement, son dénouement est survenu 1 646 jours après le référendum britannique, sans que de
nombreux sujets, tels que les services financiers – 7% du PIB du Royaume-Uni ­– ne soient abordés.
Outre-Atlantique, la politique du Président Trump à coup de tweets restera dans les annales du Capitole, rendant la transmission du pouvoir pour le moins chaotique.

Hystérie des marchés financiers, enfin, qui ont connu au premier trimestre 2020 l’une des baisses les
plus rapides de leur histoire, l’une des plus rapidement effacées aussi pour le marché américain.
L’annonce de la découverte de vaccins anti-Covid en novembre a ainsi généré la meilleure performance
mensuelle du Dow Jones depuis 1987, le meilleur mois de novembre du S&P 500 depuis 1928, et encore
les meilleures performances mensuelles de l’histoire des marchés actions italiens ou espagnols.

On en vient à se demander si les grands indices boursiers mondiaux auraient achevé 2020 aussi haut sans cette « anomalie », cette pandémie à l’origine d’une crise planétaire sans précédent. Nul ne saurait dire, mais heureusement, les hommes et les institutions ont retenu les leçons des précédentes crises : la
conjonction de politiques massives de soutien budgétaire et monétaire a su contrecarrer une partie des
effets de la crise, sans répéter les erreurs de l’histoire, celles d’un soutien trop bref, trop ténu, comme en
2008-2009, ou lors de la crise des dettes souveraines européennes en 2011.
Gageons que l’extrême polarisation des réactions qui a dominé 2020 laissera place en 2021 à un monde
et des marchés plus équilibrés. Des éclaircies pointent à l’horizon, avec les premières campagnes de
vaccination, un futur Président américain plus diplomatique, plus classique, et des valorisations des
différentes classes d’actifs et des secteurs plus nuancées. Un cocktail favorable à la prise de risque…

En parallèle aux campagnes de vaccination, l’amélioration de la conjoncture devrait permettre aux valeurs cycliques de qualité de rebondir et de réduire l’écart de valorisation avec les valeurs de croissance, devenu trop extrême.
Après 2019, année indicielle, après 2020, année sectorielle, 2021 pourrait être l’année d’une forme
d’équilibre retrouvé dans les valorisations, plus discriminante en termes de qualité des entreprises et
donc de performances boursières.

 


Stratégie d'investissement 2021

LFDE

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L'EDITO DU MOIS

LFDE

Pour que le soleil ne verdisse pas…

Dans Soleil Vert paru en 1966, H. Harrison décrit un monde surpeuplé dont les océans meurent et la
faune et la flore s’éteignent en raison de l’industrialisation. L’effet de serre et la température élevée ont
laissé un monde sans ressource naturelle où la pollution, la pauvreté sont devenus l’ordinaire. Une
caste contrôle la production de nourriture de synthèse à base de plancton, prête à tout pour conserver
le pouvoir. L’histoire se situe en 2022 à New York, mégalopole de 44 millions d’habitants.

Dans les livres de fiction climatique, après l’emballement du réchauffement climatique, seule une petite
élite mondiale parvient à survivre sous des dômes recréant des écosystèmes artificiels paradisiaques. La
« cli fi », climate fiction donc, a un temps d’avance sur les rares projets lancés, plus ou moins aboutis
comme Crystal Island à Moscou, Arcosanti en Arizona ou Masdar City à Abu Dhabi, ville-laboratoire du
désert expérimentant des solutions vertes. Mais les solutions ne manquent pas pour lutter contre le
changement climatique et sauver la planète.

La COP 21 marque un tournant avec la volonté politique d’éviter le scénario apocalyptique décrit par la
science-fiction. Instances internationales et chefs d’Etat réajustent les plans mondiaux climatiques. Le
Parlement européen a ainsi décidé en octobre, dans le cadre de la loi Climat, de réduire de 60% les
émissions de CO 2 pour permettre à l’Europe de respecter ses engagements pris dans le cadre de
l’Accord de Paris.

Nous sommes convaincus que la sphère financière a un rôle décisif à jouer en orientant les capitaux vers
une économie décarbonée pour accélérer la transition énergétique et écologique. Les initiatives se
multiplient à l’image de l’Observatoire de la finance durable 1 , ou du Climate Action 100+, une coalition
d’investisseurs à l’origine d’engagements collaboratifs avec les plus grands émetteurs de gaz à effet de
serre du monde, destinés à les inciter à améliorer leur gouvernance climatique et réduire leurs
émissions.

Pour contribuer à relever le défi climatique, à notre échelle, nous voulons franchir une étape ambitieuse.
Nous avons donc développé avec un expert indépendant une méthodologie évolutive, « Maturité Climat ».
Axée sur la gouvernance climatique, l’engagement climat et la transition juste, elle permet d’évaluer la
trajectoire, de mesurer l’impact climatique et l’effort de transition des entreprises. C’est sur cette méthode
propriétaire que se fonde notre nouvelle stratégie à impact climatique, qui permettra à tous d’investir
dans des actions cotées responsables, des entreprises impliquées dans la transition climatique. Son
objectif est d’aligner la température du portefeuille avec celle de l’Accord de Paris, en sélectionnant des
sociétés, pionnières, en transition ou qui apportent des solutions aux enjeux climatiques.

1 Lancé à l’occasion du Climate Finance Day fin octobre


La Financière de l'Echiquier lance un podcast pédagogique sur l'investissement responsable

Paris, le 28.09.2020 –

La Financière de l’Echiquier (LFDE), en partenariat avec l’agence Rébellion spécialisée en stratégie de communication et création de contenu, lance une série de podcasts pédagogiques sur l’ISR. Après l’Ecole de l’ISR by LFDE, cette initiative innovante s’inscrit dans la volonté de la société de gestion de contribuer à plus grande échelle à un enjeu de pédagogie financière prioritaire.

Disponible à partir du 1er octobre 2020, cette série de podcasts novateurs, intitulée « Un pied devant l’autre », invite à découvrir les enjeux de la finance responsable et à explorer, grâce à un panel d’experts, différents thèmes de l’investissement responsable, de la gouvernance des entreprises aux labels en passant par l’investissement à impact.

Au fil des épisodes, Coline Pavot, Responsable de la Recherche ESG de LFDE, s’entretient avec un panel d’experts, parmi lesquels le Directeur des Ressources Humaines et de la RSE du groupe ELIS, un représentant du Forum pour l’Investissement Responsable et la directrice générale de Novethic.

Cette série de podcasts est accessible à tous sur les grandes plateformes de podcasts – Spotify, Apple Podcast, Deezer, Soundcloud, Google Podcast, Youtube …

Coline Pavot, Responsable de la Recherche ESG de LFDE, déclare :  » Nous souhaitons éclairer et accompagner les auditeurs afin de leur donner les clefs pour investir de façon responsable en choisissant des produits à la démarche sincère, et de leur démontrer qu’il est possible d’aligner leurs valeurs avec leurs investissements. LFDE remercie sincèrement tous les experts
qui ont contribué à cette nouvelle aventure pédagogique à ses côtés. »


Le thème de la semaine : morosité automnale

LFDE

Alors que l’été a cédé, sous les nuages, sa place à l’automne, les marchés semblent gagnés par la mélancolie propre à cette saison. Il faut bien reconnaître que les nouvelles des derniers jours sont loin d’être enthousiasmantes. Après le reconfinement d’Israël, ce fut au tour du Royaume-Uni et de l’Espagne d’annoncer un durcissement des mesures sanitaires, pour enrayer une deuxième vague de contamination à présent incontestable sur le Vieux Continent. En milieu de semaine, la France a suivi le mouvement. De quoi faire peser des craintes importantes quant à la poursuite de la reprise économique européenne. Craintes renforcées après la publication des PMI préliminaires pour le mois de septembre, qui ont certes matérialisé la poursuite d’une amélioration très progressive de l’activité manufacturière, mais ont surtout traduit une rechute nette de l’activité dans les services. Ainsi, en France comme en Allemagne, les PMI composites repassent sous la barre des 50, pointant une contraction globale de l’activité.
Côté américain, les publications économiques ont dans l’ensemble été satisfaisantes. Mais après un discours jugé décevant par les marchés la semaine dernière, Jerome Powell, Président de la Réserve Fédérale américaine (Fed), a de nouveau pesé sur la tendance. Lors de son audition devant le Congrès, il a indiqué…

La Financière de l'Echiquier sélectionnée pour contribuer au financement d’entreprises technologiques dans le cadre de la mission Tibi

Paris, le 31.07.2020 – La Financière de l’Echiquier (LFDE) est officiellement sélectionnée par le comité d’investisseurs institutionnels partenaires du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance dans le cadre d’une initiative engagée pour favoriser l’investissement dans les technologies de rupture et le développement de fonds global tech en France. A ce jour 22 investisseurs institutionnels et plus de 6 milliards d’euros sont engagés sur deux classes d’actifs, cotés et non cotés.

Présidé par Philippe Tibi, le comité des investisseurs institutionnels partenaires, réuni le 6 juillet 2020 a retenu 7 fonds cotés, dont Echiquier Artificial Intelligence, géré par La Financière de l’Echiquier. Parmi les critères d’éligibilité figuraient l’expertise de la société de gestion, la compétence des équipes de gestion, la diversification des investissements en termes de capitalisation boursière, la liquidité du portefeuille, une forte connaissance des entreprises et la prise en compte des enjeux ESG.

La Financière de l’Echiquier avait été la première société de gestion française à proposer une solution de stock-picking dédiée à l’intelligence artificielle, en juin 2018, Echiquier Artificial Intelligence[1], un fonds Global Tech dont la dynamique est prometteuse : le fonds a dépassé les 440 millions d’euros d’encours, avec une performance depuis le début de l’année de 45.0% vs -5.3% pour son indice de référence, le MSCI World NR EUR, et une performance cumulée depuis sa création de 74.8% vs 11.9% pour son indice[2].

Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué en charge de la Gestion d’Actifs de La Financière de l’Echiquier, déclare :  » Le développement de fonds global tech domiciliés en France est un enjeu de Place auquel LFDE entend contribuer activement. Nous sommes très heureux de la reconnaissance de l’expertise de LFDE que constitue cette sélection ainsi que de la confiance que les investisseurs institutionnels nous renouvellent. « 

 

Pour en savoir plus sur les caractéristiques et les risques d’Echiquier Artificial Intelligence, cliquez ici[3]

 

1] Ce compartiment de la SICAV de droit luxembourgeois Echiquier Fund a été lancé le 20 juin 2018. Données au 28/7/2020. Action K LU1819479939

2 Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir

3  Il comporte des risques, notamment de risque en perte de capital et risque actions


"Rien n'est jamais acquis à l'homme"

LFDE

« Et quand il veut serrer son bonheur il le broie », ajoutait Louis Aragon. Bien malgré lui, les vers du poète communiste décrivent bien le sentiment actuel des investisseurs – même si eux non plus ne confondent pas bonheur et cours de Bourse !

En effet, 24 heures après que le Nasdaq a atteint son cours le plus élevé de son histoire, et le S&P compensé toutes ses pertes depuis le début de l’année, la journée du 11 juin a signé la pire performance des grands indices actions depuis les pires jours du mois de mars ! Selon les zones, ils ont brusquement perdu entre 3 et 6%. Pourtant, aucune nouvelle économique d’importance n’a été annoncée. De quoi le marché a-t-il pris peur ?

En premier lieu, …

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Valse à trois temps

LFDE

« Une valse à trois temps […] comme c’est charmant » chantait Jacques Brel au rythme endiablé de l’accordéon. Dansés sur le rythme tout aussi effréné de la hausse des marchés, les trois temps de la valse européenne ont indubitablement charmé les investisseurs.

Premier temps, mi-mai, avec l’ambitieuse proposition franco-allemande de relance, qui a ouvert la voie à la mutualisation de la dette au niveau européen, ainsi qu’au renforcement des mécanismes de solidarité. Deuxième temps,…

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L’Intelligence Artificielle sur le front du coronavirus

Rolando Grandi, CFA, gérant actions internationales, La Financière de l’Echiquier.

Rédigé le 25 mars 2020

« Nous sommes en guerre » a déclaré le Président français le 16 mars 2020. Nous combattons un ennemi « invisible » mais non invincible. Cette guerre ne fait que commencer et le secours apporté par l’Intelligence Artificielle (IA) pourrait peut-être contribuer à enrayer la prolifération du virus.

La recherche bénéficie aujourd’hui des progrès qui ont favorisé l’émergence de l’IA, le cloud computing et les cartes graphiques (GPU). Grâce au cloud computing, les ressources de calcul sont aujourd’hui accessibles à distance, sans que les chercheurs aient besoin de gigantesques data centers pour faire fonctionner leurs modélisations moléculaires et ainsi étudier le coronavirus. Pour celà, ils peuvent faire appel à des fournisseurs comme AWS (AMAZON), Azure (MICROSOFT) ou AliCloud (ALIBABA). Grâce à FOLDING AT HOME, société de recherche biomédicale collaborative, et à NVIDIA, leader mondial des cartes graphiques, un système de mutualisation de cartes graphiques permet à la recherche de passer à la vitesse supérieure. Ces cartes graphiques permettent d’accélérer les algorithmes d’IA, ainsi que les logiciels de simulation biologique utilisés par la recherche pour comprendre le virus et élaborer médicaments et vaccins. Le « don » de puissance de calcul est ainsi possible, et son succès est conséquent, avec plus de 470 pétaflops de puissance de calcul, soit davantage que les 7 superordinateurs les plus puissants du monde.

Les initiatives se multiplient. L’Institut de l’Intelligence Artificielle Allen de Seattle a lui développé un algorithme d’analyse sémantique pour synthétiser les publications de la recherche mondiale sur le virus. Cette initiative a retenu l’attention du gouvernement américain, qui a invité plusieurs groupes de recherche à s’y joindre1 . Le canadien BLUEDOT a quant à lui identifié la pandémie en décembre 2019, en observant le nombre grandissant de pneumonie en Chine. Neuf jours plus tard, l’OMS signalait l’apparition du COVID-19. D’autres entreprises, telles que HEALTHMAP à Boston ou METABIOTA à San Francisco ont alerté de l’imminente propagation du virus. Si ces alertes n’ont pas généré de réponses immédiates, elles ont révélé les capacités prédictives de l’IA. Couplées à des actions concrètes, elles pourraient à l’avenir renforcer la résilience de nos sociétés et de l’économie.

La puissance de calcul partagée et collaborative fait progresser la recherche, et l’IA permet d’optimiser les efforts scientifiques déployés à l’échelle mondiale, en classant notamment les quelque 24 000 publications scientifiques parues2 à ce jour sur le coronavirus. L’IA n’en est qu’au stade de l’enfance et ses premiers pas sont prometteurs. Echiquier Artificial Intelligence3 maintient le cap pour détecter et investir dans les meilleures entreprises, à nos yeux, qui développent ou qui bénéficient de cette technologie révolutionnaire.

 

1 www.geekwire.com

2 www.technologyreview.com

3 Les principaux risques auxquels est exposé ce compartiment de SICAV sont le risque actions avec une exposition de 60% minimum, le risque de perte en capital et le risque de change. La performance depuis création, en juin 2018, est de 9,9 %, vs -6,9% pour son indice de référence le MSCI WORLD NET TOTAL RETURN (en EUR), et de 1,5% sur un an vs -8,8% pour l’indice.

Données au 25/03/2020.


Vous avez dit réduction ?

Coline Pavot LFDE

Par Coline Pavot, Responsable de la recherche ESG, La Financière de l’Echiquier

L’urgence climatique ne fait plus débat, le compte à rebours est lancé. Le sujet n’est plus de savoir s’il faut agir, mais comment. Cette question, nous nous la posons tous à notre échelle, individus, entreprises, Etats… mais la réponse n’est pas toujours évidente. Alors que 86% des Français disent vouloir contribuer à la protection de l’environnement  et que les leviers d’action se multiplient, quelle trajectoire choisir pour maximiser son impact positif ?

L’innovation technologique au service de l’impact

La première réponse de notre époque est l’innovation technologique. Le progrès apporte des solutions à de nombreuses problématiques environnementales, en mettant à notre disposition des alternatives à nos modes de vie : remplacer nos voitures thermiques par des voitures électriques, ou encore nos centrales à charbon par des parcs éoliens et photovoltaïques. Des alternatives plutôt confortables qui n’impliquent pas de transformation profonde de nos usages et habitudes de consommation. Elles sont cependant régulièrement décriées par manque de recul sur leur véritable impact. On leur reproche leurs coûts écologiques cachés et leurs effets rebonds . Une étude d’un think-tank américain a démontré qu’à l’échelle de la société « à chaque fois que nous progressons de deux pas du point de vue de l’efficacité énergétique, l’effet rebond signifie un recul d’un pas ou plus, allant jusqu’à ruiner les gains réalisés au départ » . Pour être des alternatives environnementales viables, il est donc essentiel que ces technologies progressent en questionnant l’ensemble de leurs impacts.

L’option compensation

Au risque de faire des choix contre-productifs sur le plan environnemental, de plus en plus d’acteurs décident de compenser leurs émissions de CO2. L’une des options la plus commune est la reforestation. Quand on sait que les puits de carbone naturels – océans, végétation, sols – absorbent en moyenne la moitié des émissions annuelles de CO2 , ce choix semble pertinent. Cependant, malgré les annonces de certaines compagnies pétrolières et aériennes, il ne suffit pas de planter des arbres pour être neutre en carbone, encore moins pour se dédouaner de ses activités polluantes. Toute démarche de compensation doit s’accompagner de mesures de réduction significatives de son impact environnemental. Qui plus est, la reforestation joue un rôle efficace de capture du CO2 dans certaines conditions bien précises, rarement réunies. La forêt doit être gérée de manière responsable, de façon à maintenir ou restaurer la biodiversité, et une fois arrivé à maturité, le bois devra être utilisé dans la fabrication de biens durables, et non laissé en décomposition, relâchant alors dans l’atmosphère le carbone capturé tout au long de sa vie.

La première des solutions : la réduction

Face à ces constats en demi-teinte, une solution semble mettre tout le monde d’accord : la réduction. Elle est même au cœur du scénario du GIEC d’augmentation moyenne de la température de 2°C. La bonne nouvelle, c’est que l’impact potentiel est énorme et que nous avons tous à notre échelle la possibilité d’agir. Les particuliers, soucieux de réduire leur volume de déchets, se tournent par exemple de plus en plus vers les produits en vrac, un marché qui a crû de 41% en 2019 en France et devrait atteindre 3,2 milliards d’euros en 2022  ! Les entreprises ne sont pas en reste. Que ce soit par l’optimisation de leur processus de production ou par les produits et services qu’elles proposent, elles ont un rôle clef à jouer. La société de blanchisserie ELIS l’a bien compris, en s’emparant du sujet de la réduction de son empreinte environnementale il y a déjà plusieurs années. Ainsi, grâce aux efforts déployés, elle permet à ses clients, optant pour le lavage collectif au détriment du lavage individuel, d’avoir un impact jusqu’à 10 fois moins fort sur l’environnement !

A La Financière de l’Echiquier, les entreprises que nous privilégions sont celles qui ont compris qu’innover, compenser et avant tout réduire, fait partie d’une chaîne de solutions qui leur permettra d’améliorer significativement leur impact environnemental.

 

 

 


Adhésion au Global Impact Investing Network

Paris, le 28 février 2020 ǀ La Financière de l’Échiquier (LFDE) annonce son adhésion au Global Impact Investing Network (GIIN), première initiative mondiale consacrée à l’investissement à impact.

Les missions du GIIN visent le renforcement de la transparence, des méthodologies et de l’échelle de l’investissement à impact dans le monde de l’investissement. Chaque année, le GIIN Investor Forum réunit des investisseurs du monde entier et les personnalités de l’écosystème de la finance de l’impact positif afin de développer ce marché et d’échanger les bonnes pratiques.

LFDE avait été l’une des premières sociétés de gestion françaises à lancer, en 2017, une solution d’impact, Echiquier Positive Impact Europe, dont le processus de sélection des entreprises cotées est adossé aux Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU. LFDE publie chaque année le rapport d’impact de cette SICAV labellisée ISR, une démarche qui permet d’évaluer en toute transparence l’impact réel de l’investissement sur les Hommes et la planète.

« L’impact est à nos yeux la nouvelle frontière de l’ISR. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé un fonds d’impact, qui démontre qu’investir de façon intentionnelle dans des entreprises ayant un impact social et/ou environnemental mesurable, génère aussi une performance financière » a déclaré Sonia Fasolo, gérante ISR.

« L’adhésion de LFDE au GIIN est naturelle. Elle marque notre volonté de partager nos réflexions et de nourrir nos pratiques d’investissement à impact pour faire progresser l’impact positif des marchés cotés sur l’économie réelle » a commenté Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué en charge de la Gestion d’actifs. Pour consulter le rapport d’impact d’Echiquier Positive Impact Europe, cliquez ici.


La Financière de l’Échiquier intensifie son engagement en faveur du climat

Paris, le 5 février 2020 – La Financière de l’Échiquier (LFDE) rejoint l’initiative Climate Action 100+, première coalition d’investisseurs mondiaux à l’origine d’engagements collaboratifs avec les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre du monde.  Le but de cette initiative est d’inciter ces entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris, à améliorer leur gouvernance climatique et accroître la transparence de leur reporting climatique.

Cette initiative réunit à ce jour 410 investisseurs (41 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion) engagés dans un dialogue direct avec 160 entreprises représentant 80% des émissions industrielles mondiales. Climate Action+ a notamment été lancée avec le soutien des Principes pour l’Investissement Responsable (UN PRI), auxquels LFDE adhère depuis 2008.

« Le changement climatique est une source de risques pour les entreprises, notamment pour les plus émettrices. Les inciter à s’engager en faveur du climat est au cœur de notre responsabilité d’investisseurs » a déclaré Sonia Fasolo, gérante ISR.

« La gestion d’actifs a un rôle essentiel à jouer en orientant les capitaux vers les entreprises qui préparent le monde de demain. En anticipant les risques de transition et les risques physiques liés au changement climatique auxquelles elles pourraient être exposées, les entreprises assurent leur pérennité et leurs performances futures. » a commenté Olivier de Berranger, Directeur Général Délégué en charge de la Gestion d’actifs.

Pour en savoir plus sur l’initiative internationale Climate Action 100+, cliquez ici.


SMART SPEAKERS / LA VOIX DE SON MAÎTRE

Par Rolando Grandi, Gérant d’Echiquier Artificial Intelligence

Parmi les objets les plus populaires de ces dernières fêtes de Noël, les enceintes connectées révèlent les tendances d’un marché en plein essor. Un nouvel eldorado ?

Les smart speakers, qui hébergent des assistants intelligents virtuels, s’immiscent à grands pas dans notre société et nos foyers. Ils se positionnent comme le produit électronique le plus en vogue de l’édition 2020 du CES de Las Vegas, le salon tech de l’innovation mondiale1. Ces petites enceintes conçues par les géants technologiques comme AMAZON, pionnier en 2015 avec son enceinte Écho, ou BAIDU en Chine, deviennent les piliers du marché en pleine croissance de la maison connectée mais pas seulement…

Si ces petites enceintes se vendent autant, c’est surtout parce que ces assistants virtuels capables de comprendre le langage humain sont profondément ancrés dans notre vie quotidienne. Ils n’ont qu’un seul but : vous simplifier la vie. Un simple ordre vocal permet de demander à son réfrigérateur s’il reste assez d’œufs pour préparer le dessert du soir,
de régler la température de sa chambre ou de déclencher le robot aspirateur.

 

L’art du dialogue
La voix se positionne ainsi comme la prochaine interface d’interaction avec la technologie.
Un changement de paradigme qui préfigure une nouvelle ère.

Lors de notre rencontre fin 2019 avec iFLYTEK, spécialiste chinois du traitement et de la compréhension vocale du langage humain, et dont l’assistant virtuel, Lingxi, est déjà capable de commander des billets de train sur simple ordre vocal, le management a évoqué les complexités de l’IA vocale, rendue possible grâce aux réseaux neuronaux artificiels : les gigantesques bases de données disponibles permettent à de puissants algorithmes d’apprendre et de s’améliorer pour comprendre la voix humaine et le sens des propos.
La valeur ajoutée de cette connectivité accrue devrait constituer un vecteur de croissance significatif pour le secteur, comme pour le « voice shopping », un marché qui a atteint en 2019 40 milliards de dollars.

 

L’IA vocale, en plein essor

La prolifération de ces petits robots digitaux ouvre d’immenses opportunités pour repenser, à l’ère de l’IA, la façon dont nous communiquons avec la technologie. L’IA encapsulée dans ces enceintes ouvre de nouvelles portes non seulement sur le marché de la domotique intelligente mais aussi du shopping… Les interfaces vont se développer dans tous les domaines et révolutionner la consommation. En 2021, il devrait y avoir plus d’assistants virtuels que de personnes sur la planète2! Et très vite viendra le temps où l’on se demandera comment était la vie avant…ǀ

 

1 Du 7 au 10 janvier 2020 (350 exposants français, 3e pays le plus représenté)
2 OVUM, Key trends in the smart home market: April 2019

 


Cybersanté, la nouvelle frontière de l’Intelligence Artificielle

Par Rolando Grandi, Gérant d’Echiquier Artificial Intelligence – La Financière de l’Echiquier

Dans les années 2060, la présidente française de Transparence, une société numérique, s’apprête à commercialiser Endless, projet qui consiste à transplanter l’âme humaine – les données personnelles d’un individu – dans une enveloppe corporelle artificielle. Si l’on est encore loin de ce monde brillamment imaginé par Marc Dugain [1], l’intelligence artificielle (IA) a commencé à faire muter la médecine. Avec l’augmentation des dépenses mondiales en soins qui devraient atteindre plus de 10 000 milliards de dollars en 2022[2], les services de santé tendent à se digitaliser partout dans le monde. Et pour ce secteur tout particulièrement, l’IA est porteuse d’espoir.

L’apport de l’IA infuse toutes les disciplines : biotechnologie, e-thérapie, épidémiologie, robotique chirurgicale, prothèses intelligentes, pharmacovigilance, etc. Sur tous les fronts, les avancées se multiplient.
L’IA améliore la recherche médicale, dont elle réduit drastiquement les coûts. Le coût de séquençage de l’ADN est ainsi passé par exemple pour la medtech américaine ILLUMINA de 1 million de dollars en 2007 à 1 000 dollars en 2019. Il devrait baisser jusqu’à 100 dollars au cours de la prochaine décennie. La génération inédite de données permettra de développer grâce à l’IA des médicaments et des thérapies personnalisées pour chaque patient.

Le lancement en septembre 2019 par MICROSOFT et ASTRAZENECA, groupe pharmaceutique anglo-suédois, de la AI Factory for Health, accélérateur européen de start-ups de l’IA, renferme de belles promesses. Il
accompagne notamment des start-ups spécialisées en oncologie, comme Owkin. Fondée par un mathématicien et un oncologue, spécialisée dans le machine learning appliqué à la recherche médicale, cette jeune pousse basée à Paris et à New York utilise l’IA et le big data pour accélérer la découverte de médicaments
contre le cancer, dans le respect « total » des données des patients grâce au transfert learning. Une approche révolutionnaire de l’IA qui porte ses fruits : Owkin est à l’origine d’une découverte majeure, en octobre dernier,
dans le traitement de la biologie tumorale.
Une e-santé en pleine forme

En Chine, qui compte 12 millions de professionnels de santé pour 1,4 milliard d’habitants, des assistants virtuels révolutionnent l’accès à la médecine. Les plateformes de santé connectée WeChat de TENCENT ou Good Doctor de PING AN HEALTHCARE AND TECHNOLOGY – qui a doublé son chiffre d’affaires au premier semestre 2019 – sont en grande forme. Si la France n’a pas encore sauté le pas, les applications de santé commencent à y fleurir. Qare vous donne ainsi accès à des téléconsultations remboursées par la Sécurité Sociale, depuis votre portable… Un remède simple aux déserts médicaux ?
Des robots aux petits soins

Autre terrain d’exploration et d’opportunités, la robotique, dont le marché médical mondial représentait en 2018 6,5 milliards de dollars. Grâce à elle, les machines se dotent de capacités perceptuelles, décisionnelles et d’action améliorées et l’éclosion des robots transforme le secteur de la santé : des robots animateurs stimulent les pensionnaires de maisons de retraite sur le plan cognitif ; des prothèses intelligentes réparent ou augmentent le corps humain ; des robots médicaux améliorent la dextérité des chirurgiens. C’est le cas
de Da Vinci d’INTUITIVE SURGICAL, qui a déjà à son actif plus de cinq millions d’opérations dans le monde.
Autre exemple ? Un bras robotique piloté grâce à la 5G a permis à un chirurgien chinois de réaliser, en 2019, la première intervention chirurgicale cérébrale… à 3 000 km de distance.

Les champs d’application de l’IA sont vastes dans un marché en pleine effervescence. En 2035, la valeur ajoutée brute du secteur de la santé de 12 pays développés est estimée à 2 260 milliards de dollars, et en ajoutant l’apport de l’IA, à 2 721 milliards de dollars [3], soit plus que le PIB de la France.

 

[1] Transparence, M. Dugain, Gallimard, 2019
[2] Global Healthcare sector issues in 2019, Deloitte
[3] How AI boosts Profits and Innovation, Accenture & Frontier Economics, 2017