Hôtellerie d’affaires : Extendam, un modèle résilient face à la crise

Immobilier - Au plus fort de la crise sanitaire, l'hôtellerie d'affaires a connu une période d'arrêt complet. A l'heure du déconfinement, quelles perspectives le secteur offre-il aux investisseurs ? Le Courrier Financier a échangé avec Jean-Marc Palhon, Président d'Extendam.

Depuis ce lundi 11 mai, les Français vivent au rythme du déconfinement. C’est l’heure du bilan chez Extendam, spécialiste du capital-investissement dans l’hôtellerie d’affaires en Europe. « Nous accusons bien sûr un manque à gagner, mais les aides de l’Etat — reports de charges, chômage partiel, etc. — ont joué leur rôle de mécanismes d’endiguement. Extendam investit à la fois en fonds et en murs de commerces, ce qui signifie que nous n’avons pas de problématique de loyers. Pendant le confinement, nos charges fixes résiduelles représentaient environ 15 % de notre chiffre d’affaires. Après deux années positives, nous avions la trésorerie pour y faire face », explique Jean-Marc Palhon, Président d’Extendam.

Flux de voyageurs

« Nos hôtels accueillent une clientèle milieu de gamme, qui voyage pour le travail — représentant de commerce, ouvriers en déplacement, etc. — et qui ont donc un besoin fonctionnel d’hébergement. La vitesse de redémarrage de notre activité dépendra du dynamisme de la reprise », ajoute Jean-Marc Palhon. L’emplacement des actifs garantit à moyen terme le retour des flux de voyageurs, « même s’il faudra sans doute attendre jusqu’en septembre prochain pour retrouver l’activité d’avant crise ». Extendam investit dans des hôtels déjà rentables, bien desservis — à proximité des gares, routes et aéroports — et toujours proches des centres villes.

Reste l’inconnue de la liberté de déplacement, actuellement limitée à 100 kilomètres autour du domicile en France. « Nous ne reverrons pas tout de suite la clientèle internationale. Ce n’est pas un problème. En France, nos hôtels accueillent déjà environ trois quart de clients français. C’est tout à fait dans la logique de notre segment milieu de gamme », relève Jean-Marc Palhon. L’Europe affiche une forte densité de population active, mais également une grande densité d’infrastructures de transports au sol : train, automobile, etc. « Les voyageurs professionnels y dépendent moins des avions, que le confinement a cloués au sol », précise Jean-Marc Palhon.

Une période d’opportunités ?

Que ce soit à court ou à moyen terme, « l’hôtellerie d’affaires est un secteur d’activité résilient. C’est un marché mature », analyse Jean-Marc Palhon. En termes d’investissements, le Président d’Extendam se veut confiant. « Notre gestion s’inscrit dans une perspective de long terme. Dans le pire des cas, nous gèlerons certaines de nos opérations d’acquisition ou de cession. Nous n’anticipons pas de repli de valorisation après la crise. Nous achetons et nous cédons au même prix », assure Jean-Marc Palhon. Par ailleurs, l’investisseur sait que les crises ouvrent des « périodes de flottement, qui sont aussi sources d’opportunités ».

Sur le segment de l’hôtellerie d’affaires en Europe, de telles fenêtres de tir seront à la fois « rares et courtes dans le temps », prévient-il. D’ici là, les hôtels eux-mêmes constituent souvent des garanties matérielles suffisantes pour rassurer les partenaires investisseurs et les banques prêteuses. Extendam affiche aujourd’hui un « niveau d’endettement faible », insiste Jean-Marc Palhon. Par contrainte réglementaire, la société de gestion indépendante doit limiter à 40 % la part de ses acquisitions à effet de levier (en anglais leveraged-buy-out, LBO).

Quoi qu’il en soit, l’hôtellerie d’affaires devrait retrouver son niveau d’activité d’avant crise à horizon 2021. « Nous manquons d’exemples comparables. Mais si j’en juge d’après ce qui se passe actuellement en Chine — 60 % d’occupation dans l’hôtellerie d’affaires quelques semaines après son déconfinement, contre 10 % à 20 % pour l’hôtellerie de loisirs — nous devrions rapidement retrouver notre seuil de rentabilité », insiste Jean-Marc Palhon.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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