/ PERSPECTIVES / Louis d’Arvieu – Amiral Gestion : Laisser s’exprimer les styles de gestion

Actualités - Offrir une liberté relative dans la philosophie de gestion afin de laisser les différentes personnalités des gérants s'exprimer, c'est la stratégie d'Amiral Gestion. Entrez dans les coulisses de la gestion d'Amiral Gestion.

Lors de la diffusion en avant-première de /PERSPECTIVES/, Louis d’Arvieu, gérant chez Amiral Gestion, a répondu, au cours d’un tchat privé en live, aux questions des CGPI. La rédaction vous propose de découvrir ces échanges. 

Vincent : Vous trouvez de l’attrait aux valeurs japonaises. Ne craignez-vous pas qu’elles subissent le ralentissement de la croissance mondiale ?

Louis d’Arvieu : Si bien sûr, elles sont exposées au ralentissement, pour les valeurs exportatrices. Néanmoins, elles ont plus d’atouts pour y faire face, parce qu’elles sont en situation de trésorerie nette et peuvent augmenter le retour aux actionnaires mêmes si les profits devaient baisser. Par ailleurs, nous avons aussi des sociétés domestiques qui profiteraient d’un Yen fort. 

Arthur : Après la baisse des marchés actions au quatrième trimestre, le marché américain est-il encore trop cher ?

LDA : Oui, le marché américain a enfin baissé en fin d’année, mais il demeure largement sur-valorisé pour nous. Son PER de Shiller est de plus de 28, contre 23 au Japon ou 18 en Europe ou en Asie, pour une moyenne historique de 17.

Baptiste : Voyez-vous un problème d’endettement des entreprises trop élevé et dangereux ?

LDA : Oui mais la situation est très différente selon les zones, avec des niveaux d’endettement records aux USA, élevés en Europe et historiquement faibles au Japon. Dans Sextant Grand Large, nous privilégions les sociétés en situation de trésorerie nette positive.

Laurence : En ce début d’année, avez-vous profité de la baisse en Europe pour investir ? 

LDA : Oui, dans toutes les tailles de capitalisation. Nous avons ainsi acheté en fin d’année du Samsung en Corée, qui vaut moins que sa valeur comptable, alors que la gouvernance et le retour aux actionnaires se sont beaucoup améliorés. En Europe, nous avons investi dans les small caps : du Bink Bank qui était peu cher avec un haut rendement et qui vient de faire l’objet d’une OPA par Saxo Banque.

Arthur : Quel est le poids des petites valeurs dans votre portefeuille ? Quel est votre sentiment pour le CAC Small ?

LDA : Un peu plus de 3% du fonds est investi sur des sociétés de moins de 500 millions d’euros de capitalisation. La baisse du Cac Small s’est concentrée sur les valeurs les plus cycliques, et de moins bonne qualité, ce qui ne nous a pas permis de revenir massivement sur le segment.

Baptiste : On parle beaucoup de disruption, y a-t-il des secteurs que vous évitez ?

LDA : Nous préférons effectivement être du côté des disrupteurs lorsque leur valorisation est raisonnable. C’est le cas aujourd’hui en Chine pour des sociétés comme AliBaba ou Bidu. Au quatrième trimestre, nous avons acheté également du Rinnai, ce n’est pas une société Internet mais c’est le leader mondial des chauffe-eaux sans ballon, une solution écologique qui gagne du terrain partout dans le monde.

Baptiste : Le marché chinois vous semble-t-il intéressant si un accord commercial est conclu avec les Etats-Unis ?

LDA : Nous n’avons pas de vision particulière sur les accords commerciaux mais il y a effectivement des valorisations intéressantes en Chine depuis quelques mois, et nous en avons profité pour renforcer nos positions sur des sociétés comme ClearMedia ou AliBaba.

Laurence : Suite à ces investissements, à quel niveau du portefeuille êtes vous investis en actions ? 

LDA : Aujourd’hui, nous sommes à environ 30% d’exposition nette aux actions, contre 22% début octobre.

Arthur : Est-il raisonnable d’écarter le risque de croissance négative en 2019 ?

LDA : Non, même si nous ne faisons pas de pari sur la macroéconomie. Néanmoins, on peut observer que les indicateurs économiques avancés donnent aujourd’hui des signes de retournement.

Vincent : Quelle est votre valeur favorite pour 2019 ?

LDA : Berkshire Hathaway, notre seule valeur américaine. On pressent qu’Ajit Jain pourrait succéder à Warren Buffet. On en a d’ailleurs racheté récemment. En France, les caisses régionales du Crédit Agricole nous paraissent toujours attractives. Au Japon, on peut mentionner Toyota Industries, leader mondial des chariots élévateurs, qui se développe dans l’automatisation des entrepôts pour le commerce en ligne, et qui a une participation dans le groupe Toyota qui représente l’équivalent de la capitalisation boursière.

JC : Que peut on attendre de 2019 ?

LDA : Nous pensons qu’il faut continuer à être prudent, dans un contexte de retournement du cycle économique et de hausse des taux, avec des valorisations élevées sur des niveaux de marge également élevés.

JC : Quid du marché obligataire ? Y trouvez vous des opportunités ?

LDA : Autant sur le marché actions, nous avons trouvé de nouvelles idées au quatrième trimestre. Autant sur l’obligataire, nous n’avons pas trouvé de nouvelles opportunités, parce que les sociétés qui ont baissé étaient les plus fragiles. Nous avons essentiellement renforcé des positions existantes. Nous restons à 15% du fonds investis en obligations, avec un rendement couvert du change de plus de 6% pour une sensibilité taux inférieure à 2.

Vincent : Faut-il croire au rallye boursier des trois dernières semaines ?

LDA : Nous restons plutôt prudents par rapport à ce rebond. Nous voyons en effet que les indicateurs économiques avancés sont plutôt en phase d’essoufflement. Ce qui est peu favorable aux marchés actions, alors que ceux-ci sont encore trop chers.

Sylvain : Que pensez vous d’Erdogan et la politique économique en Turquie (dévaluation de la monnaie en 2018, fort endettement)? Est-ce qu’on aura d’autres soucis en Turquie en 2019 ?

LDA : Nous restons prudents par rapport aux dérives du pays, nous n’avons pas d’investissement aujourd’hui en Turquie, même si nous continuons à y suivre des valeurs de qualité. 

JC : Comment faites vous pour obtenir un rendement obligataire de 6% ?

LDA : Nous privilégions des obligations mal suivies, et mal aimées, comme Casino. 

JC : Pourquoi une position cash aussi élevée ?

LDA : Dans un contexte où les marchés actions comme obligations sont sur-valorisés, le cash nous parait la meilleure protection, on a vu en 2018 que toutes les grandes classes d’actifs avaient baissé. Par ailleurs,  nous avons une position de + de 1% en valeur aurifère.

Vincent : Vous anticipez de l’inflation ? Quelle direction pour le dollar américain ?

LDA : Nous ne faisons pas de prévisions macro, nous sommes concentrés sur l’étude de la valorisation des marchés pour nos processus d’allocation, et sur l’analyse fondamentale des sociétés pour la sélection de valeurs. Cela dit, on note effectivement que les entreprises se plaignent de plus en plus de pression sur les salaires, ce qui nous paraît logique, vu la longueur du cycle d’expansion économique et la situation sociale dans les pays développés. Nous abordons 2019 avec confiance et prudence.

En 2018, les marchés ont fortement corrigés alors que l’économie se porte très bien. Ce qui valide notre processus fondé sur les valorisations plutôt que sur les anticipations macroéconomiques.

Laurence : Etes-vous investi sur l’Allemagne et les pays nordiques ? Que pensez-vous de ce secteur géographiques ? 

LDA : Les pays nordiques ont eu historiquement des rentabilités boursières très élevées, et regorgent de sociétés très bien gérées mais souvent bien valorisées. Nous avons peu d’investissement dans ces zones dans Sextant Grand Large aujourd’hui, mais plusieurs sociétés déjà présentes dans d’autres fonds sont à l’étude. En Allemagne, nous sommes investis notamment en Rocket Internet, une société qui présente une forte décote par rapport à son actif net.

Nous vous remercions pour toutes ces questions, et nous vous invitons à vous rapprocher des équipes commerciales d’Amiral Gestion pour plus de précisions : contact@amiralgestion.com.

Roxane Nojac - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (avril 2016 - janvier 2019)

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