Virus VS économie : 2-0

Asset Management - L'automne 2020 reste marqué par l'incertitude et la volatilité boursière. Quel impact les élections américaines vont-elles avoir sur les marchés actions ? Quels scénarios économiques envisager en 2021, face au prolongement de la crise sanitaire ?

Le mois d’octobre a débuté avec le rebond des marchés actions après les creux de septembre. Au départ, les marchés actions ont ignoré les élections présidentielles américaines, alors que les campagnes étaient en train de s’intensifier et que le nombre de cas de Covid-19 augmentait dans les pays occidentaux.

Cette attitude nonchalante a été interprétée comme une réaction à l’augmentation plus modérée que prévu du nombre de décès par rapport aux infections, à l’espoir que la production de vaccins contre les coronavirus commence plus tôt que prévu, à une lassitude générale face aux reportages sur les coronavirus dans les médias et au changement dans la manière de présenter de la pandémie.

L’économie face à la deuxième vague de la Covid

Cependant, l’augmentation du nombre de cas a commencé à échapper à tout contrôle vers la fin du mois dans de nombreux pays européens. La situation en France, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne, entre autres, a entraîné de nouvelles restrictions de la mobilité et des mesures de confinement, qui constituent un nouveau coup porté à la reprise en Europe.

L’accélération de la pandémie a été un revers malheureux pour les attentes optimistes d’une évolution plus positive. Même dans le meilleur des cas, il semble probable que le virus limitera considérablement l’activité économique dans de nombreux pays pendant longtemps encore en 2021 avant de pouvoir être contrôlé par un éventuel vaccin et d’autres mesures.

Les marchés actions ont réagi négativement à la détérioration de la situation. Toutefois, l’indice MSCI World n’a baissé que d’environ 2 % en octobre, après que les prix aient augmenté à un rythme proche des sommets atteints en septembre dernier.

Les démocrates américains tirent leur épingle du jeu

Aux États-Unis, Joe Biden et les démocrates étaient annoncés favoris par les sondages. Un grand nombre d’Américains ont voté tôt, ce qui semble favoriser également les démocrates. En fait, les marchés se préparent à un transfert de pouvoir et à un changement de régime en matière de politique économique.

Une vague bleue — ou la prise de contrôle par les démocrates des deux chambres du Congrès — pourrait entraîner une augmentation des investissements publics, des mesures de lutte contre le changement climatique et d’amélioration des systèmes de santé, des ajustements de la fiscalité et d’autres mesures de relance. Cela ne semble cependant pas se réaliser, les deux partis étant au final à égalité.

Les démocrates ont un programme ambitieux et ils sont soumis à une pression considérable pour obtenir des résultats. Toutefois, le fossé qui se creuse entre les différents groupes de population aux États-Unis est considéré comme un risque pour la réussite de ces programmes politiques, et les élections présidentielles ne vont pas nécessairement régler ce problème. Par ailleurs, en raison des tensions autour des élections, les parties n’ont pas pu se mettre d’accord sur un nouveau programme de soutien économique.

Quels scénarios faut-il envisager pour 2021 ?

Le facteur clé qui influencera les perspectives pour l’année prochaine sera inévitablement la façon dont évoluera la pandémie de coronavirus :

  • dans un scénario optimiste, le virus s’affaiblirait puis disparaîtrait, et/ou des vaccins et des thérapies efficaces seraient rapidement disponibles et mis en œuvre ;
  • au contraire, dans un scénario pessimiste, le virus pourrait muter et devenir encore plus infectieux et/ou mortel, et/ou de nouvelles vagues d’infections entraîneraient des mesures restrictives sévères et/ou inquièteront les consommateurs et les entreprises, limitant ainsi l’activité.
Virus VS économie : 2-0
« Performance des actions internationales sur les cinq dernières années »
Source : Evli Fund Management

D’autre part, Les prochains évènements politiques pourront conduire soit à une accélération de la relocalisation, soit à un retour de la mondialisation :

  • dans un scénario de forte relocalisation, les tensions commerciales (États-Unis/Chine, Royaume-Uni/UE) se poursuivront, tout comme l’incertitude quant à l’évolution des relations entre les pays, et les risques politiques seront considérés comme des facteurs qui contribueront à accélérer cette relocalisation. Les gouvernements des différents pays renforceront alors leurs mesures protectionnistes pour aider les entreprises et les secteurs nationaux et soutenir la production et leur industrie nationales. La politique « America First » et du « laissez-faire » se poursuivra dans ce cas aux États-Unis ;
  • mais, dans le scénario du retour à la mondialisation, de nouveaux efforts seront faits pour améliorer les relations internationales et renforcer l’État de droit. Des objectifs seront alors fixés pour normaliser les relations commerciales et supprimer les droits de douane. Les conditions préalables à la concurrence internationale seront ainsi améliorées. Le commerce mondial se redressera alors et les différends géopolitiques resteront sur la touche.

Indépendamment des facteurs exposés ci-dessus, les performances économiques mondiales pourraient tout aussi bien s’améliorer que se détériorer :

  • dans le scénario optimiste concernant l’économie mondiale, des emplois seraient à nouveau créés et l’emploi se redresserait. La confiance des consommateurs se renforcerait et soutiendrait la consommation. L’activité des entreprises augmenterait et de nouveaux investissements commenceraient à se multiplier. La stimulation économique par les politiques monétaires et fiscales serait alors poursuivie ;
  • mais, si nous considérons les perspectives pessimistes sur l’économie mondiale, la politique monétaire et financière ne réussirait pas à soutenir les consommateurs et les entreprises. La persistance d’un taux de chômage élevé saperait dans ce cas la consommation et entraînerait une baisse des recettes fiscales de l’État. À terme, l’environnement opérationnel difficile entraînerait l’effondrement des entreprises.

Tomas Hildebrandt - Evli Fund Management Company

Gérant Senior pour des clients institutionnels

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