USA : semaine cruciale pour la bourse avec les élections présidentielles et au Congrès, suivies par la Fed

Asset Management - Cette semaine, tous les regards des marchés sont braqués sur les Etats-Unis. Le résultat des élections présidentielles et au Congrès, auront des conséquences immédiates sur la politique économique de la première puissance mondiale. Quels sont les enjeux derrière ce scrutin ? L'éclairage de Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.

Nous entrons finalement dans la dernière ligne droite avant les présidentielles américaines et nous devrions connaître le nom de celui qui sera en charge de sortir le pays des crises sanitaire et économique, dans lesquelles il s’enfonce depuis le second trimestre de l’année.

Au-delà de l’urgence face à ces crises, le président américain devra également gérer les relations avec ses principaux partenaires commerciaux comme la Chine, l’Union Européenne ou encore le Royaume-Uni.

Relations internationales

Après 4 ans sous la présidence Trump, les relations internationales des Etats-Unis se sont fortement dégradées. Alors que ce dernier justifiait ce comportement dans le but de réduire le déficit commercial des Etats-Unis, il apparaît que le déficit commercial de la première puissance mondiale n’a fait que se détériorer ces 4 dernières années et a atteint en septembre, son plus haut niveau depuis 2006.

Une tentative d’amélioration sera plus que probable en cas de victoire de Joe Biden, mais si Donald Trump remporte un nouveau mandat il pourrait continuer de mettre en péril les relations internationales, à l’heure où le monde a besoin d’unité pour se sortir de la crise.

Par ailleurs, les élections au Congrès pourraient jouer un rôle important. Le sénat et la chambre des représentants doivent renouveler certains sièges et alors que le chambre pourrait rester aux mains des démocrates, les républicains risquent de perdre le sénat. Ce cas de figure serait une aubaine pour Joe Biden mais une situation très compliquée à gérer si Donald Trump était élu président.

Marchés sous pression

Les résultats des élections présidentielle et du Congrès devraient être connues dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, mais l’augmentation importante des votes par correspondance cette année pourrait ralentir le décompte.

Donald Trump a insisté sur le fait que les décomptes tardifs, soit après le 3 novembre, pourraient le conduire à demander à ses avocats d’en analyser le caractère légal. Alors que les démocrates ont poussé leurs électeurs à voter par correspondance, les républicains privilégient le vote direct.

Ces élections devraient laisser les marchés sous pression, du fait des nombreux cas de figure possibles à l’issue du décompte et des risques d’une remise en cause des résultats. D’autres évènements sont de nature à générer une volatilité élevée pendant encore un moment.

Position de la Fed

Du côté des Etats-Unis, nous surveillerons ce jeudi 5 novembre le discours de Jerome Powell dans le cadre de la politique monétaire de la réserve fédérale américaine. Le soutien sans faille de la Fed — observé depuis la baisse des taux au niveau plancher en mars dernier — a permis aux marchés financiers de fortement progresser sans que les données fondamentales ne justifient cette tendance.

Les taux bas devraient rester pendant des années, et l’injection massive de liquidités — qui a ralenti ses derniers mois — pourrait reprendre de plus belle, avec les tensions actuelles et les risques de baisse sur les indices américains. Enfin, bien qu’il soit peu probable que le Congrès reprenne les discussions sur le nouveau plan d’aides immédiatement après les élections, nous surveillerons la communication de l’administration américaine en ce sens.

Crise sanitaire en Europe

Concernant la crise sanitaire, les Etats-Unis voient une nouvelle accélération du nombre de cas et d’hospitalisations mais avec les présidentielles, il est peu probable que le pays change de méthode face au virus. En Europe en revanche, de plus en plus de pays se renferment pendant au moins un mois, à l’image de la France, de la Belgique, de l’Allemagne ou encore du Royaume-Uni, dont le confinement devrait démarrer ce jeudi 5 novembre au matin.

Les indices ont fortement corrigé la semaine dernière par anticipation mais ils semblent tenter un rebond aujourd’hui grâce aux algorithmes et aux investisseurs psychologiques qui continuent d’acheter, peu importe les fondamentaux. Le pétrole en revanche subit directement les craintes de voir le monde de refermer à nouveaux.

Coté entreprises, les résultats du troisième trimestre pour de nombreuses sociétés sont ressortis bien en dessous des résultats observés l’an dernier mais ont globalement satisfaits les marchés, car ils montraient des performances meilleures qu’anticipés par les analystes. De nombreux autres résultats sont attendus cette semaine et ensuite.

En cas de vague bleue…

En revanche, les investisseurs semblent peu à peu se poser des questions sur la justification d’une valorisation aussi élevée des actions, dans un environnement économique aussi détérioré. Cela pourrait amener à une correction plus importante et notamment sur les grandes capitalisations technologiques américaines.

En outre, en cas de victoire de Joe Biden, les investisseurs pourraient prendre massivement leurs bénéfices, avant une hausse potentielle des impôts sur les gains du capital pour les particuliers, passant de 20 % à 39,6 % dès l’an prochain, ainsi qu’une hausse des impôts sur les sociétés, qui rendrait les actions moins attractives.

Pour conclure, la semaine risque d’être sous haute tension avec, les élections présidentielles et au congrès, leurs résultats possiblement remis en cause, la politique monétaire de la Fed, la situation face au coronavirus et les résultats d’entreprises.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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