Marchés financiers : tout est bien qui finit bien

Asset Management - La fin de l'année 2019 a posé les bases d'une situation macroéconomique positive sur les marchés actions. En revanche, les politiques monétaires accommodantes et les enjeux climatiques posent question. Quelles perspectives s'ouvrent en 2020 pour les investisseurs ? Tomas Hildebrandt, Gérant Senior en charge de la gestion institutionnelle d’actifs français, partage son analyse.

L’actualité plutôt positive en décembre a porté les marchés actions vers de nouveaux sommets. Les États-Unis et la Chine ont annoncé qu’ils s’étaient entendus sur une première phase d’un accord commercial qui sera signé en janvier. Cette première phase de l’accord liste les questions clés sur lesquelles les deux pays devront se mettre d’accord à un stade ultérieur (propriété intellectuelle, transfert de technologie, agriculture, services financiers, devises, expansion du commerce et résolution des différends).

La Chine a accepté d’augmenter ses importations en provenance des États-Unis de 200 milliards de dollars au cours des deux prochaines années et d’abandonner les droits de douane supplémentaires sur les voitures, le maïs et d’autres produits. Les États-Unis quant à eux suspendront l’augmentation des taxes qui étaient prévues et abaisseront à 7,5 % leurs droits de douane actuels sur des groupes de produits d’une valeur de 120 milliards de dollars. En revanche, les droits de douane de 25 % sur un ensemble de produits d’une valeur de 250 milliards de dollars resteront en vigueur.

Les marchés ont réagi positivement. Bien que cette première phase de l’accord laisse de nombreuses questions en suspens et peuvent prendre beaucoup de temps à se résoudre, cette première phase est considérée comme une étape dans la désescalade de la guerre commerciale. Toutefois, la nouvelle année a commencé par des frappes militaires opposants les États-Unis et l’Iran. Les investisseurs se demandent maintenant si cela va changer la donne dans l’évolution de l’économie mondiale.

Retour sur les marchés en 2019

En 2019, les marchés ont commencé l’année dans l’incertitude en raison des turbulences du second semestre 2018. Les risques politiques ont tenu les investisseurs et les marchés en haleine tout au long de l’année, ce qui s’est traduit par une redirection des flux financiers des actions vers des actifs moins risqués.

La prise de risque sur les marchés en valait pourtant la peine, car, malgré les craintes, les risques ne se sont finalement pas matérialisés. En Europe, le gouvernement populiste en Italie a été remplacé par un gouvernement plus modéré. Au Royaume-Uni, avec Boris Johnson comme premier ministre, le Parti conservateur a remporté les élections et des progrès ont été réalisés sur les négociations autour du Brexit.

Les tensions commerciales et tarifaires entre les États-Unis et la Chine ont provoqué quelques baisses des marchés boursiers au cours de l’année, mais les prix ont finalement augmenté à la fin de l’année à mesure que les négociations avançaient. De plus, les démarches lancées en vue de la destitution du président Trump n’ont pas eu d’impact sur les marchés. De nombreux indicateurs ont révélé une crainte importante sur une récession aux Etats-Unis, mais ces craintes se sont estompées vers la fin de l’année.

Politiques monétaires et conséquences

Les incertitudes relatives à l’économie et au commerce international ont incité les banques centrales à assouplir leurs politiques monétaires, et les taux d’intérêt n’ont jamais atteint des niveaux aussi bas. À l’échelle mondiale, jusqu’à un tiers des obligations ont connu des rendements négatifs.

Bien qu’elle fut un choix surprise, Christine Lagarde, ancienne Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), est devenue Présidente de la Banque centrale européenne (BCE) cette année.

D’autre part, les résultats des entreprises n’ont guère progressé en 2019. Néanmoins, les marchés actions ont atteint de nouveaux sommets et les capitalisations boursières des plus grandes entreprises mondiales ont dépassé la barre des 1 000 milliards de dollars.

Enjeux climatiques sans réponse

La lutte contre le changement climatique a subi des revers au cours de l’année. Les États-Unis se sont tout d’abord retirés de l’Accord de Paris, comme ils l’avaient annoncé précédemment. L’utilisation du charbon pour la production d’énergie semble avoir encore augmenté en Chine et dans de nombreux pays en développement.

La politique climatique indifférente du Brésil et son attitude face aux incendies de la forêt amazonienne ont également fait l’objet de vives critiques. Ailleurs, la fin des feux de brousse prolongés en Australie avant la saison des pluies au printemps n’est toujours pas en vue.

Malgré les légers progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique, aucune solution ou décision n’a été prise lors de la COP25 organisée par les Nations Unies qui s’est tenue à Madrid en décembre. En conséquence, les nouvelles mesures de lutte contre le changement climatique ont été reportées et il semble que l’action dépendra de la volonté politique de certains pays de l’UE.

Tomas Hildebrandt - Evli Fund Management Company

Gérant Senior pour des clients institutionnels

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