Le sommet de l’OPEP accouche d’un accord, mais faut-il y croire ?

Asset Management - Le sommet de l’OPEP a finalement accouché d’un accord avec un baisse de la production de pétrole de 33,7mbj à 32,5mbj. Selon le ministre qatari de l'Energie présidant la conférence « c'est un accord historique, qui va certainement aider à rééquilibrer le marché et à réduire la surabondance des stocks de pétrole ».

Dans la foulée le baril de Brent a bondi de presque 13% à 53,4$, et le WTI de +12 % à 50,6$. A noter que cet accord ne prendra effet que le 1er janvier prochain et sera valable six mois (puis reconductible le cas échéant). Finalement, l ‘Arabie saoudite s’est montrée souple à l’égard de l’Iran puisque le royaume wahhabite baissera sa production de 10,5 à 10 mbj, tandis que l’Iran procèdera un gel à 3,8mbj (et semble de toutes façons incapable de produire plus sur le court terme au regard des infrastructures locales). L’Irak va baisser de 0,2mbj à 4,3mbj.

Il semblerait que Moscou ait accepté de baisser sa production (sur des niveaux intenables par ailleurs, au regard des infrastructures) de 0,3mbj alors qu’une baisse russe de 0,6mbj était demandée par l’OPEP. Pour Moscou, la réduction ne sera pas immédiate, mais progressive au cours du premier semestre 2017. Le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan, gros producteurs, n’ont pas encore réagi mais nous en saurons plus le 9 décembre puisqu’une réunion avec les pays producteurs non-OPEP aura lieu à Doha.

Alors que penser de cet accord et de ses conséquences sur le prix du baril ? Il faut noter que les pays membres de l’OPEP avaient déjà anticipé la baisse de production de fin d’année en augmentant leur production. A l’issue de cet accord, l’Arabie saoudite se rapprochera de ses niveaux de début d’année, et l’Irak et la Russie de leurs niveaux d’il y a 3 mois. Ce n’est donc pas une réduction incroyable au regard de la progression récente de la production. Par ailleurs, rares sont les pays de l’OPEP qui ont respecté leurs quotas dans le passé, il ne s’agit que d’un engagement ne faisant pas l’objet d’un contrôle indépendant. Même si on peut croire que les saoudiens veuillent faire respecter (vraiment) cet accord, il reste encore des zones d’ombres concernant l’engagement des pays non membres de l’OPEP.

Là encore, le sommet de Doha du 9 décembre nous apportera quelques réponses.

La position de ces pays est importante puisque la production hors OPEP représente les deux tiers de la production mondiale. Rappelons les chiffres du dernier rapport mensuel de l’Agence Internationale de l’Energie, la demande mondiale en 2017 devrait passer de 96,3mbj à 97,5 mbj, alors que la production non OPEP devrait passer de 56,7 mbj à 57,2 mbj. D’autre part, selon l’AIE, la demande pétrolière mondiale tend chaque année à augmenter moins rapidement que celle de l’offre. A ces arguments s’ajoutent les craintes d’une hausse de la production américaine. Depuis que le baril est repassé au-dessus de 40$, les puits rouvrent, et la production totale progresse de nouveau en novembre.

D’ailleurs, selon Esther George, présidente de la Réserve fédérale de Kansas City, la réduction des coûts et les progrès techniques ont réduit d’un tiers le point mort du baril d’huile de schiste à 53$, et même moins sur certains gisements. Alors, certes, le prix du baril rebondit suite à l’accord de Vienne, mais les facteurs baissiers demeurent importants à plus long terme.

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Thomas Page-Lecuyer - CPR AM

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