Comment les sociétés de gestion peuvent-elles utiliser la blockchain ?

Asset Management - La blockchain offre un registre décentralisé des transactions qui sont effectuées au sein d’un réseau. En pratique, lorsqu'un individu veut passer une transaction par une blockchain, un réseau appelé « réseau de nœuds » valide la transaction et le statut de son auteur, grâce à des algorithmes.

Ce processus est valable pour les cyber-monnaies mais également pour tous les types de contrats, ou d’informations. La transaction validée par les algorithmes est ensuite agrégée à d’autres, formant un bloc de données dans un registre qui est ajouté à la blockchain de façon permanente.

C’est ainsi que les chambres de compensation ont travaillé sur des projets communs (PoC – preuves de concept), les activités de trading également, ainsi que des sociétés de gestion, pour former des consortiums pour la recherche et développement.  Il est encourageant de constater que les sociétés de gestion veulent optimiser leurs interactions, même si elles travaillent dans leur intérêt propre ; on parle de « coopétition ».

Cela a été le cas pour développer des plateformes qui permettent aux asset managers de limiter les intermédiaires lorsqu’un investisseur veut souscrire des parts de fonds. Natixis a été pionnier en donnant à des investisseurs, la possibilité de souscrire des parts de fonds grâce à la blockchain (plateforme FundsDLT). L’investisseur a donc pu effectuer sa souscription directement, tout en ayant connaissance de tous les documents réglementaires et de la valorisation ; le virement de son compte vers celui du fonds a été réalisé rapidement et ce transfert a été inscrit dans la blockchain.

Cette technologie est donc particulièrement adaptée à la gestion d’actifs, si l’on considère le nombre important d’intermédiaires (dépositaire, valorisateur, etc.) qui font que les Asset Managers connaissent souvent difficilement ou pas, le client final.

Blockchain : une meilleure connaissance clients

La blockchain permet pour les sociétés de gestion, d’avoir une meilleure connaissance clients. En effet, il est fréquent pour elles, de voir apparaître des souscriptions par l’intermédiaire de dépositaires, sans connaître le client final. Pourtant, cette connaissance du client final et son profil sont  importants pour une société de gestion en terme réglementaire, d’approche commerciale et de gestion de risque de liquidité.

Cela  donne au gérant, une bonne visibilité sur la typologie des souscripteurs, leur aversion au risque, grâce à un  questionnaires clients ; ce qui lui permet d’appréhender d’éventuels rachats et de mieux gérer son risque de liquidité. Certaines sociétés de gestion travaillent ensemble pour mettre en place des plateformes communes qui renseignent les KYC de leurs clients, donnant la possibilité aux investisseurs de remplir leur profil une seule fois (et non pas à chaque souscription) ; ce qui offre un vrai gain de temps dans le process des transactions.

Groupama, Ofi, le Crédit Mutuel ou le CIC ont par exemple, mis en commun des données concernant leurs OPCVM, pour faire évoluer des modèles de recherche, mais aussi générer des scénarios de « stress tests »  permettant au gérant de mieux anticiper sa capacité à avoir la liquidité adaptée en cas de rachats. Bien entendu, la confidentialité des données est exigée et fiable, grâce à des clés de cryptage. Pour les gérants actions, l’intelligence artificielle et l’analyse des méga-données automatisent le traitement de milliers de données sur des sociétés ; données si nombreuses qu’elles ne sont pas « lisibles » par l’être humain.

Ces alertes et analyses définissent des points d’entrée et des opportunités d’investissement pour améliorer la performance de leurs fonds. En résumé, la blockchain réduit les coûts (30% d’après certaines sociétés de gestion), facilite les opérations et les rend plus rapides en diminuant le nombre d’intermédiaires. Elle renforcer le niveau de sécurité et la connaissance clients. Elle diminue le nombre d’erreurs. Enfin, soulignons que ces nouvelles technologies doivent être utilisées comme un outil ; le gérant restant décisionnaire. Car les signaux délivrés ne sont pas systématiquement source de valeur, ils peuvent aussi être source de « bruits ».