La reprise en France, l’INSEE y croit

Asset Management - Après plusieurs années de stagnation (2013-2015) suivies d’une légère reprise (2016) l’INSEE croit au retour de la croissance. Dans sa note de conjoncture du mois de juin, l’Institut statistique prévoit, en effet, que le taux de croissance du PIB au 2e et au 3e trimestre sera de 0,5 % contre 0,4 % au 1er trimestre. Sur l’année, le taux de croissance pourrait atteindre 1,6 % quand il était attendu il y a encore quelques semaines à 1,5 %.

La bonne nouvelle de cette fin de premier semestre provient de la progression de l’investissement qui jouerait le rôle de locomotive pour la croissance. La consommation devrait également augmenter mais de manière plus faible qu’en 2016 du fait de la moindre progression du pouvoir d’achat.

La production industrielle en hausse

Avec l’amélioration du climat des affaires, la production industrielle devrait s’accroître de 1,5 % sur l’ensemble de l’année après une hausse de 0,8 % en 2016. La production agricole après une contraction de 5,6 % l’année dernière en raison de conditions climatiques défavorables, devrait enregistrer, en 2017, une petite progression. Les services marchands devraient enregistrer une expansion de 2,4 % et cela malgré le ralentissement de la consommation des ménages. La construction devrait renouer avec une croissance franche, +1,8 % en 2017 contre +0,1 % en 2016.

La baisse du chômage enclenchée

En matière d’emploi, l’INSEE table sur 203 000 créations nettes comme en 2016. En intégrant les emplois non-marchand, les créations pourraient atteindre cette année 222 000. Dans ces conditions, le taux de chômage devrait être de 9,4 % à la fin de l’année. Avec l’arrivée sur le marché du travail, de générations un peu moins importantes, le taux de chômage devrait poursuivre son processus de baisse et permettre à la France de combler en partie son écart avec les pays de la zone euro.

Le très léger retour de l’inflation érode le pouvoir d’achat des ménages

L’INSEE prévoit une inflation en fin d’année de 1,1 % sachant qu’au mois de mai elle était de 0,8 % contre 0 % un an auparavant. L’accalmie de la hausse des produits pétroliers et la faiblesse de l’inflation sous-jacente pèsent sur l’indice des prix.

Les gains de pouvoir d’achat seraient de 1,1 % cette année contre 1,8 % l’année dernière. Les revenus salariaux du secteur marchand progresseraient de 1,6 % et ceux de la fonction publique connaîtraient une augmentation plus importante grâce à la revalorisation intervenue avant les élections.

Du fait de cette moindre progression du pouvoir d’achat, la consommation n’augmenterait, cette année, que de 1,2 % contre +2,1 % en 2016. L’INSEE croit à une baisse du taux d’épargne qui passerait en-dessous de 14 % ce qui serait le taux le plus bas enregistré depuis 1990. Ce recul serait imputable à la diminution du taux de chômage et au retour de la confiance.

La bonne surprise de l’investissement

L’investissement des entreprises devrait fortement augmenter. Une progression de 2,9 % est attendue portant le taux d’investissement à son plus haut niveau depuis 2008. Au deuxième trimestre, un recul est attendu en raison de la fin du dispositif de suramortissement. L’augmentation de l’investissement reposerait sur le retour de la confiance, sur le niveau bas des taux d’intérêt et sur les bonnes perspectives de demande. L’amélioration du taux de marge et du taux d’autofinancement des entreprises favorise cette reprise.

Les ménages renouent avec l’investissement qui devrait progresser de 3,7 % en 2017, une hausse sans précédent depuis 2009. Cet essor se traduit par d’importants achats immobiliers.

L’enclenchement d’un cycle de croissance est-il possible ?

L’année 2017 pourrait donc se traduire par l’enclenchement d’un cycle autoalimenté de croissance. La France commence ainsi à effacer les stigmates de la crise de 2008 à la réserve près que le chômage et la dette publiques sont supérieurs à leur niveau d’avant crise. Le retard de croissance accumulé, ces dernières années, est important. La question est de savoir si la France a la capacité économique de hausser son niveau de croissance au-dessus de 2 %. La réponse repose sur le maintien ou pas du rythme de progression de l’investissement. Par ailleurs, plusieurs incertitudes pourraient contrarier la croissance. Une crise financière et politique en Italie pourrait évidemment générer d’importantes tensions en Europe. De même, l’engagement d’un processus protectionniste aux Etats-Unis pourrait avoir des effets en chaine. L’endettement en Chine constitue également une menace même si pour le moment celle-ci semble être contenue.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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