Rentrée tendue pour l’EUR/USD

Asset Management - Alors que la volatilité générale des actifs est restée très basse depuis plusieurs mois, les marchés boursiers ont connu ces derniers jours des séances plus agitées. Le conflit entre les Etats-Unis et la Corée du Nord ainsi que les péripéties politiques à la Maison Blanche les expliquent en grande partie. Mais ces séquences ont été brèves, et pour l’instant n’impliquent pas de changement économique fondamental.

La force de l’euro contre le dollar, en revanche, marque le marché de façon durable. Depuis le mois de janvier, l’appréciation de l’euro est ininterrompue : il est passé de 1,05 dollar pour 1 euro au début de l’année à presque 1.19 USD début août, soit une appréciation de près de 15%.

Naturellement, les actions de la zone euro en ont pâti, notamment depuis l’accélération de cette hausse au mois de mai. Les publications des résultats des entreprises de la zone au deuxième trimestre reflètent déjà quelques difficultés avec ce niveau de l’euro.

Les taux européens sont-ils en cause dans cette appréciation ? En partie oui, mais cette explication ne suffit pas : les taux à 10 ans allemands, par exemple, fluctuent globalement depuis janvier entre 0.20% et 0.50% (avec certes une pointe à 0,60 mi-juillet), sans montrer de direction haussière particulièrement marquée.

Deux facteurs semblent plus nettement à l’œuvre. D’une part, la BCE a commencé à évoquer dès juin la nécessité d’arrêter un jour les achats obligataires sur le marché, voire de réduire son bilan. Certes, la banque n’a depuis cessé de répéter que cette échéance n’était absolument pas d’actualité. Elle a même commencé à se montrer préoccupée par le niveau de l’euro lors de sa réunion en juillet, ainsi que cela apparaît à la lecture des « minutes » publiées la semaine dernière. Mais la forte dynamique de reprise en zone euro remet régulièrement la question du resserrement à l’ordre du jour.

D’autre part, la banque centrale américaine est aux prises avec une inflation qui tend à se réduire, ce qui diminue l’urgence d’un relèvement de ses taux.

 

Vers quoi se dirige-t-on maintenant ?

Les banquiers centraux de la planète se retrouve en fin de semaine, comme tous les ans, à Jackson Hole. Le marché apprécierait qu’ils laissent transparaître plus clairement leurs vues sur les prochaines mesures. Mais rien n’est moins sûr : en fait, de façon étonnante, aucun commentateur économique ne semble attendre une quelconque indication de ce symposium. Ce sont davantage les comités de politique monétaire réguliers, programmés en septembre prochain, qui pourraient livrer quelques indications. Patience, donc.

Il apparait sage de diminuer légèrement les couvertures sur le dollar, c’est-à-dire d’augmenter l’exposition au dollar, tellement le mouvement de baisse du dollar semble brusque et exagéré. Il semble que le taux de change EUR/USD a plus de chances de rebaisser un peu que de continuer à s’apprécier, du moins à l’horizon de quelques semaines.

Mais si la zone euro voit sa reprise s’affermir, et si les Etats-Unis au contraire continuent à voir leur gouvernance tanguer et leur inflation baisser, le mouvement d’appréciation de l’euro contre le dollar pourrait continuer. Ce serait défavorable aux portefeuilles. Pourtant, nous ne pouvons pas non plus souhaiter un ralentissement de la zone euro ! L’appréciation de l’euro est une conséquence de la bonne santé de la zone. Difficile d’avoir l’un sans l’autre. Mais si la reprise est suffisamment soutenue, la dynamique des actions pourrait supplanter la dynamique du taux de change. Si tel est le cas, les actions de la zone euro ont un bel avenir.

 

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Alexis Bienvenu - LFDE

Gérant

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