Politica et política

Asset Management - Au centre de toutes les préoccupations cette semaine, les situations politiques de l’Italie et de l’Espagne ne sont pourtant guère comparables.

Le cas italien était le plus préoccupant. Le veto mis dimanche dernier par le président Mattarella à la nomination de l’eurosceptique Paolo Savona au ministère des Finances avait mis le feu aux poudres. Il a conduit au renoncement de Giuseppe Conte puis à la convocation de Carlo Cottarelli, ancien du FMI, pour former un nouveau gouvernement, lequel n’aurait jamais reçu l’aval du Parlement et n’aurait donc été que technique, chargé d’administrer les affaires courantes et surtout de préparer de nouvelles élections. Les réactions sur les marchés actions mais surtout obligataires ont été violentes, avec un taux 10 ans italien qui a touché les 3% et un spread Italie – Allemagne au plus haut depuis plus de 4 ans.

La perspective d’un nouveau scrutin n’avait en effet rien de réjouissant. Cela aurait prolongé la période d’incertitude, n’aurait pas nécessairement abouti à un paysage politique plus clair et aurait probablement vu les rhétoriques eurosceptiques de la Ligue et du M5S réapparaître. Et ce, dans un contexte où, même si elle s’améliore progressivement, la situation économique italienne reste fragile, avec un niveau de dette élevé (130% du PIB) et une croissance potentielle atone.

C’était sans compter sur un nouveau retournement de situation, avec l’annonce jeudi soir d’un compromis entre le M5S, la Ligue et le président Mattarella. Giuseppe Conte est donc de nouveau désigné pour former un gouvernement. Celui-ci comptera 18 ministres, dont le leader de la Ligue, Matteo Salvini, et celui du M5S, Luigi Di Maio. Paolo Savona hérite finalement quant à lui du portefeuille des Affaires européennes. La nouvelle a été saluée par les marchés, car elle lève les incertitudes de court terme sur la politique italienne. A plus long terme, l’accession au pouvoir d’un gouvernement de coalition entre deux partis populistes risque d’avoir des conséquences moins positives…

Quant au sujet espagnol, il est à analyser avec moins de méfiance. La condamnation pour corruption du parti au pouvoir et la destitution de Mariano Rajoy suite à la motion de censure déposée par les socialistes créent indéniablement des remous politiques. Mais la situation économique espagnole s’est largement améliorée ces dernières années et bon nombre de réformes structurelles sont déjà en place. De plus, la situation politique a peu en commun avec celle de l’Italie. Le socialiste Pedro Sanchez, qui succède à Mariano Rajoy à la tête du gouvernement, n’organisera pas nécessairement de nouvelles élections et peut choisir d’aller jusqu’au bout de la mandature, en 2020. Et même si un nouveau scrutin était organisé, il y a fort à parier que la victoire reviendrait à une coalition socialo-conservatrice qui n’aurait pas forcément les défaveurs des marchés.

Didier Le Menestrel

Président de La Financière de l’Echiquier

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