Le pétrole, juge de paix de la croissance

Asset Management - « Décarboner » l’économie est à la mode mais avant d’atteindre cet objectif, le pétrole n’en finit pas de dicter sa loi. Depuis, le premier choc pétrolier, la croissance dépend fortement du prix du baril.

Le rebond de la fin des années 80 et celui des années 90 sont intiment liés à l’effacement des deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979/80. Par ricochet, l’envolée des cours en 2007 n’est pas directement responsable de l’explosion de la bulle immobilière en 2008/2009 mais y a contribué en provoquant la hausse des taux d’intérêt. La remontée du prix du baril assez rapide en 2011 et 2012 a fragilisé la croissance des pays surendettés comme la Grèce. La chute des cours intervenue à partir de 2014 n’est pas sans lien avec le léger mieux ressenti depuis.

Au mois de septembre 2017, le prix du pétrole en euros a augmenté 5,9 % après +3,0 % en août. Si l’appréciation de l’euro peut conduire à une hausse mécanique du baril exprimé en dollars, sa monnaie de référence, ces dernières semaines, ce sont les forces du marché qui contribuent à son augmentation. Le renforcement de la croissance de l’économie mondiale s’accompagne d’une accélération de la demande de pétrole en particulier en provenance des pays émergents. D’ici à l’année prochaine, les courbes entre offre et de demande pourraient se croiser sachant que, en 2015, la production dépassait les besoins du marché de 2 millions de barils jour.

L’accord de régulation signé par l’OPEP et quelques États producteurs non membres de l’organisation comme la Russie a permis de réduire cette surproduction à un million. Elle devrait donc disparaître dans les prochains mois. L’évolution des prix dépend de la capacité des producteurs de pétrole alternatif (pétrole de schiste) de répondre ou non aux stimuli de prix. Jusqu’à maintenant, dès que les prix augmentent, les producteurs américains augmentent leurs ventes et pèsent ainsi sur les prix. Mais le sous-investissement dans l’entretien des gisements et dans la recherche pétrolière ainsi que la poursuite de la hausse de la demande pourraient amener, producteur de pétrole de schiste ou pas, à un relèvement sensible des prix autour fin 2018 ou 2019.

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Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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