La performance des marchés actions demeure annulée par la hausse de l’euro face au dollar

Asset Management - Voilà : l’été est terminé. Enfin, pas pour le calendrier qui nous indique que l’automne ne débute qu’au 22 septembre.

En revanche, pour les marchés, les volumes devraient revenir quelque peu après deux mois somme toute tranquilles

En effet, l’EuroStoxx ou le CAC 40 n’ont reculé que de quelques points de base. Pourtant, au-delà de ces grands indices, l’été s’est avéré très mouvementé, à ceci près que le cœur de l’action était ailleurs, sur le marché des changes : en s’appréciant de 4,2% contre dollar, l’euro est venu amputer significativement les performances des marchés actions à tel point que, depuis le début de l’année, les actions mondiales reculent de 1,2% pour l’investisseur en euros.

Sur les huit premiers mois de l’année, l’appréciation de l’euro contre le dollar atteint 13%. Au vu des positions spéculatives massives sur les contrats à terme, ce mouvement avait été largement anticipé et sa poursuite est attendue. En revanche, pour les investisseurs en actions, ce mouvement a totalement annulé la performance des marchés en devises locales. Par ailleurs, à une échéance de quelques mois, ce sont les perspectives bénéficiaires des entreprises européennes qui sont en cause : toute appréciation de 10% de l’euro diminue en moyenne les bénéfices de 5% à 8% sur les trimestres suivants. Or, à ce jour, les anticipations du consensus demeurent très élevées, proches de 19% sur 2017. Et aucune révision significative n’a encore été apportée, ce qui signifie qu’elles restent à venir, à l’occasion de la rentrée des classes, et des analystes.

Au-delà des devises, ce sont les mouvements de taux qui ont également été intrigants, cet été

Alors que le scénario des taux « plus bas pour longtemps » demeure populaire, il semblerait que la déconnexion entre les anticipations de marché et la réalité macro- économique se renforce un peu plus chaque jour. Flashback : mai 2013, Ben Bernanke annonce un prochain ralentissement du Quantitative Easing de la FED. Cette annonce provoque un choc qui va faire monter le taux à 10 ans américain de 140 points de base en seulement 7 mois. On pense alors que le marché haussier obligataire touche à sa fin. Mais un an plus tard, le pétrole ainsi que de nombreuses matières premières commencent à se déprécier fortement sous le poids d’un dollar toujours plus ferme. L’impact déflationniste de ce mouvement, couplé à un ralentissement économique mondial significatif, va avoir raison des pressions haussières sur les taux. Or il semble qu’aujourd’hui, les flux massifs dans les fonds obligataires et des positions spéculatives très élevées sur les obligations longues montrent que cette période a eu un impact psychologique massif sur le marché : les taux sont condamnés à rester au plancher quel que soit le contexte, nous dit le consensus. Ce constat n’est-il pas en contradiction avec les récents développements ? Les matières premières semblent se stabiliser (certains métaux industriels sont mêmes revenus à des plus hauts de 3 ans) alors que le cycle macro-économique global accélère. Les banques centrales deviennent également moins accommodantes. Autrement dit, le risque de hausse des taux n’est pas pris au sérieux.

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Bernard Aybran

Directeur de la multigestion - Invesco Asset Management

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