Où va la croissance ?

Asset Management - La question centrale qui taraude les marchés est de savoir comment toutes ces remises en cause de la logique de l’intégration économique (qu’il s’agisse de commerce mondial ou d’Europe) vont peser sur le tempo de la croissance. D’où l’intérêt aujourd’hui élevé pour les indicateurs avancés et les enquêtes de conjoncture.

Pour ce qui est du mois de juin qui vient de se terminer, on se souvient d’indices PMI encourageants en Zone Euro et plus décevants aux États-Unis. Une première batterie concernant la Chine a été publiée durant le weekend. En focalisant sur le PMI officiel manufacturier, deux messages apparaissent : une baisse en juin par rapport à mai (51,5 après 51,9), mais un niveau pour le deuxième trimestre supérieur à celui du premier (51,6 contre 51).

La croissance pourrait ralentir

De quoi conclure que la croissance économique serait restée bien orientée en T2, mais pourrait ralentir en T3. Au Japon, l’enquête TANKAN de la banque centrale pointe un « indice de diffusion » pour les grandes entreprises manufacturières en retrait pour le deuxième trimestre consécutif. Le niveau reste toutefois élevé et la projection à trois mois est à la stabilité.

La conclusion en termes de croissance mondiale paraît bien être une amélioration en T2 (tirée pour beaucoup par les États-Unis et le Japon) après la déception de T1 (États-Unis, Zone Euro, Japon et Royaume-Uni). Quid de T3 ? Le momentum ex ante était plutôt favorable, même si un affaiblissement en toute fin de deuxième trimestre semblait peut-être se dessiner. La « messe n’est pas encore dite » ; d’où l’importance des événements à venir sur le double front du commerce mondial et de l’avenir de l’Europe.

Donald Trump entrave les échanges

Commençons par les initiatives du Président Trump en termes d’entrave aux échanges. Celles-ci ne donnent-elles pas le « la » pour ce qui est des questions commerciales ? La question du jour concerne moins les relations américano-chinoises que le devenir de l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain) après l’élection d’Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) à la Présidence du Mexique et du possible contrôle du Parlement son parti. AMLO est présenté comme assez marqué à gauche et plutôt nationaliste.

Pour ce qui est des relations entre les États-Unis et le Mexique, cette seconde dimension est sans doute la plus importante. AMLO devrait cependant s’efforcer de trouver un terrain d’entente avec les partenaires de l’ALENA ; d’abord au titre d’une opinion publique qui apporte toujours son soutien à l’accord. En fait, l’attention du nouveau Président mexicain devait d’abord se porter sur les dossiers  de la corruption et de la lutte contre les trafics de drogue et peut-être aussi sur la place des oligopoles dans l’économie du pays.

Pas de réponses claires de l’Union européenne

Passons à l’Europe. Il ne semble pas que la Conseil Européen ait apporté beaucoup de réponses claires sur les sujets du moment. Celui des migrants a été traité à coup de propositions vagues et de bonnes intentions, le tout enrobé de propos confiants. Tant est si bien qu’à peine quelques jours plus tard l’insatisfaction est visible à-peu-près partout. L’Italie s’estime lésée et la crise en Allemagne entre la CDU et la CSU (la branche bavaroise des chrétiens-démocrates) n’est pas réglée.

La position de la Chancelière reste fragile. Arrivera-t-elle à reprendre la main sur sa majorité parlementaire, même en cas de dénouement heureux de la crise en cours ? On ne sait pas bien et pourtant la réponse conditionne la perspective concernant l’avancée du deuxième dossier européen important qu’est l’intégration de la Zone Euro. Sans trop de surprises, les avancées ont été maigres en la matière en fin de semaine dernière. Si faire du Mécanisme Européen de Stabilité le « filet de sécurité » en dernier recours pour le système bancaire est confirmé, rien ne se dessine pour ce qui est d’un budget commun.

Hausses du taux des fonds fédéraux

Les deux thèmes de la croissance et des entraves à l’intégration économique resteront très présents au cours de la semaine qui commence. La croissance avec l’emploi américain de juin et l’intégration économique avec la mise en place de droits de douane supplémentaires par les États-Unis et la Chine sur un certain montant d’importations de part et d’autre.

Le premier chiffre devrait être bon et on craint évidemment les réactions de chaque partenaire aux mesures prises par l’autre. On s’intéressera aussi à la publication des minutes du comité américain de politique monétaire du 13 juin dernier : combien de hausses du taux des fonds fédéraux cette année ?