Métaux précieux : un contexte favorable à la hausse de l’once d’or

Asset Management - L’endettement public élevé des économies occidentales rend improbable toute hausse des taux d’intérêt réels. Ce facteur contribue à soutenir le marché de l’or pour des investisseurs en quête de diversification. Quelles perspectives se dessinent pour le métal précieux en 2019 ? Benjamin Louvet, Gérant matières premières chez Ofi AM, partage son analyse.

Le métal jaune, valeur refuge éternelle ? Au quatrième trimestre 2018, le cours de l’once d’or a connu une forte accélération, sur fond de craintes quant à la croissance économique et au possible changement d’orientation de la politique monétaire des grandes Banques Centrales.

Après la récente correction qui s’explique par une légère surévaluation par rapport au niveau des taux d’intérêt réels — taux nominaux corrigés de l’inflation — le prix de l’or présente toutefois peu de risque de baisse significative au cours des prochains mois.

Les taux d’intérêt réels devraient rester proches de zéro

Il est possible que les taux d’intérêt réels restent bas encore un certain temps. L’endettement des grandes économies occidentales rend ce phénomène hautement improbable. La dette publique des Etats-Unis atteint désormais 105 % du PIB — elle ne ressortait qu’à 76 % en 2008 — et devrait atteindre 135 à 140 % du PIB à horizon 2028.

Ainsi, une hausse des taux d’intérêt réels rendrait-elle insoutenable cette progression de l’endettement pour les finances publiques. Cependant, le maintien des taux d’intérêt réels à des niveaux proches de zéro reste un facteur déterminant de soutien aux cours du métal jaune sur la durée. Résultat, les banques Centrales augmentent leurs stocks d’or.

La Fed ne prévoit aucune politique de resserrement monétaire

L’or en tant qu’actif n’offre aucun rendement, à l’inverse des actions (dividendes) et des obligations (coupons). Pourtant, l’attrait pour le métal jaune devrait se poursuivre, d’autant que la baisse des rendements aboutit à une situation où de plus en plus d’Etats — et même d’entreprises — émettent des obligations offrant des rendements proches de zéro — voire négatifs — y compris sur des échéances relativement longues.

Jerome Powell — Président de la Réserve fédérale des États-Unis, NDLR — écarte tout retour imminent à une politique de resserrement monétaire de la fed, ce qui pourrait se traduire par une hausse du cours de l’or dans les prochains mois. D’autant qu’après un cycle de croissance parmi les plus longs de l’histoire, le dollar devrait avoir du mal à poursuivre sa progression. Et l’or présente généralement une corrélation négative avec le billet vert.

L’appétit des banques centrales ne se dément pas

Les Banques Centrales ne s’y sont pas trompées en augmentant leurs achats de réserves d’or durant ces dernières années. En 2018, ceux-ci ont atteint des niveaux records, inédits au cours du demi-siècle précédent. Ce marché voit même revenir à l’achat des acteurs comme les Banques Centrales chinoise et indienne, qui contribuent à dynamiser la demande financière pour le métal jaune. 

Benjamin Louvet - OFI AM

Gérant matières premières

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