Marchés mondiaux et portefeuilles multi-actifs : la reprise des bénéfices se poursuit

Asset Management - Au cours de ces dernières semaines, les différents facteurs qui influent sur les actifs risqués ont tous évolué : les principaux indicateurs américains se sont calmés après avoir connu des sommets, les derniers chiffres d’inflation s’avèrent plus modérés que prévu, le programme des politiques intérieures a changé de dynamique, les tensions se sont exacerbées entre les États-Unis et la Corée du Nord et la politique européenne a fait la preuve de sa capacité permanente à surprendre des deux côtés de la Manche.

Ces différentes forces ont, dans une certaine mesure, éclipsé l’un des principaux moteurs des rendements des actions : la croissance des bénéfices. Alors que la saison des résultats du premier trimestre commence à battre son plein, nous examinons les forces cycliques et structurelles qui influent sur les bénéfices américains et leur impact sur les portefeuilles multi-actifs.

À l’approche du début de la saison des résultats aux États-Unis, les attentes du consensus concernant le S&P 500 sont généralement révisées à la baisse, après quoi les résultats définitifs sont source de surprise positive. Le premier trimestre de 2017 s’annonce du même acabit : sur les trois derniers mois, les analystes ont réduit leurs prévisions de bénéfice par action (BPA) d’environ 3 %.

Le taux de croissance attendu par le consensus pour le 1er trimestre 2017 se situe pourtant à 8,7 %, en forte amélioration par rapport aux 5,3 % du 4ème trimestre 2016, et, s’il se confirme, le taux le plus élevé observé depuis le 3ème trimestre 2014. Les prévisions du consensus pour l’année complète sont tout aussi impressionnantes, à 10,1 % de croissance, le chiffre le plus élevé de ces six dernières années.

Si ces chiffres se confirment, ils suffiront à faire progresser les marchés actions, ce qui semble remettre en cause l’une des hypothèses de l’efficience des marchés selon laquelle les prévisions qui se réalisent parfaitement ne devraient pas modifier le cours des actifs. La concrétisation de ces prévisions de croissance marquerait pourtant la fin des déceptions en série qui ont caractérisé les marchés actions ces dernières années. Le consensus concernant le taux de croissance annuel des BPA au début de chacune des cinq dernières années s’est élevé en moyenne à 8,6 % contre une croissance moyenne effective de 4,6 %. Si les entreprises arrivent souvent à faire mieux que le consensus sur les résultats trimestriels en persuadant les analystes de revoir à la baisse leurs prévisions à l’approche des annonces de résultats, elles ont plus de mal à y arriver avec les chiffres de l’année complète. Les prévisions de croissance des BPA se situaient en début d’année au niveau plus optimiste de 11,6 %. Bien qu’elles aient été légèrement revues à la baisse depuis, nous n’imaginons pas qu’elles diminuent de moitié, comme cela a été la norme ces cinq dernières années.

L’humeur est encore plus à l’optimisme à l’échelon mondial. Les prévisions de croissance du consensus pour 2017 ont été revues à la hausse depuis le début de l’année. Les prévisions de croissance des résultats pour le MSCI EAFE (marchés développés hors États-Unis) ont augmenté de 1,6 point de pourcentage pour atteindre 14,6 %. Celles concernant le MSCI Emerging Markets sont passées de 14,1 à 19,1 % en l’espace de tout juste trois mois.

Les fluctuations de change expliquent en partie cette vision plus optimiste des résultats internationaux : un dollar U.S. (USD) plus bas favorise une revalorisation des bénéfices sur les marchés émergents, tandis que la faiblesse de la livre sterling (GBP) a, jusqu’à la semaine dernière, stimulé les résultats des entreprises largement tournées vers l’international dans le FTSE 100. Mais la reprise de l’économie mondiale est également un facteur, car il est rare d’observer une amélioration simultanée des indicateurs économiques dans la plupart des grandes régions.

Quelles sont les perspectives à moyen terme pour les bénéfices des entreprises américaines ?

Le principal souci des marchés ces dernières années a été le niveau des marges bénéficiaires des entreprises. Les tensions sur le marché du travail pourraient exacerber cette préoccupation. Le taux de chômages est passé en dessous de la plupart des estimations de NAIRU, faisant surgir le spectre d’une augmentation plus rapide des salaires susceptible de limiter encore plus la croissance des bénéfices.

À moyen terme, les bénéfices devraient être soutenus par la croissance nominale et les taux obligataires. La croissance économique réelle restera proche de la tendance de ces deux dernières années, tandis que l’inflation continuera d’augmenter doucement.

Pour ce qui est de la croissance des chiffres d’affaires, la croissance du PIB nominal sera une fois de plus un facteur clé, le bêta de la croissance des CA étant proche du double de la croissance du PIB sur les vingt dernières années. L’amélioration ces derniers mois de la confiance des entreprises est de bon augure pour les dépenses d’investissement.

Malgré la récente faiblesse du dollar, les entreprises mentionnent souvent la vigueur de la devise américaine parmi les facteurs pesant sur les bénéfices. Les perspectives du dollar et du pétrole devraient rester relativement stables, avec un taux de croissance aux alentours de 5 % pour les chiffres d’affaires.