Marchés financiers : une récession moins profonde

Asset Management - Grâce aux politiques monétaires des banques centrales et aux plans de relance, la récession semble s'atténuer. La crise sanitaire a toutefois accentué les inégalités, et les campagnes de vaccination prennent du retard. Les marchés peuvent-ils anticiper un retour à la normale d'ici la fin de l'année ? L'éclairage de Karamo Kaba, Directeur de la recherche économique chez Ecofi.

La campagne de vaccination à peine débutée, les espoirs semblent déjà être refroidis par les craintes d’une pénurie de vaccins et par l’apparition de versions mutantes plus contagieuses du virus. D’où l’introduction de nouvelles restrictions sanitaires. Même si elles sont moins sévères qu’au printemps dernier, elles devraient tout de même entraîner la zone euro en récession au 1er trimestre.

Cette panne du début d’année serait suivie d’un fort rebond économique grâce aux actions des banques centrales et aux plans de relance en série des États. Nous pensons également que les retards observés sur ce front de la vaccination vont être rattrapés, ce qui permettrait de revenir à un semblant de normalité vers la fin de l’année.

Des inégalités en hausse

La situation doit être devenue grave pour que même le Fonds monétaire international (FMI) mette en garde contre les dangers de marchés déconnectés de la réalité économique. Il faut dire que la crise sanitaire n’a pas été suivie de la même façon pour tout le monde.

Dans son dernier rapport, intitulé à juste titre « Le virus des inégalités », l’ONG Oxfam montre que là où il a fallu attendre 9 mois pour que les milliardaires effacent les séquelles de la crise du coronavirus, il faudra attendre plus de dix ans pour les personnes les plus pauvres.

Ces inégalités, qui ne sont pas nouvelles, ont eu tendance à s’accélérer au cours des dernières années avec la dynamique des marchés financiers et de l’immobilier qui ont boosté le patrimoine des plus riches.

Politiques monétaires

Il est malheureusement à craindre une poursuite de ces écarts de revenus. Avec l’apparition de versions mutantes plus contagieuses du virus SARSCoV-2, le biais accommodant des politiques monétaires devraient perdurer.

Il est même probable que les politiques de rachats de titres des banques centrales soient bonifiées si l’épidémie ne montrait pas de signe d’essoufflement — malgré la montée en puissance de la campagne de vaccination.

Cette politique devrait continuer de porter les actifs risqués, alors même que l’activité rencontrera des difficultés. Même si les nouvelles restrictions
sanitaires se sont avérées moins sévères qu’au printemps dernier, elles devraient faire rebasculer la zone euro dans la récession au 1er trimestre.

Quel calendrier de relance ?

Les États-Unis, grâce à l’adoption de près de 5 000 milliards de dollars d’aides depuis le début de la crise, devraient échapper à ce triste sort. Cependant, en dépit de cette panne du début d’année, nous sommes enclins à penser que l’activité économique mondiale va rebondir.

Bien avant l’arrivée des vaccins, les plans de relance en série mis en place par les différents États ont nourri cet espoir. Ce rebond serait renforcé par le rattrapage des retards accumulés sur le front de la vaccination, ce qui permettrait d’atteindre une immunité collective et de revenir à un semblant de normalité vers la fin de l’année.

Il faudrait pour cela que les vaccins soient efficaces contre les nouvelles variantes du virus et surtout que les États continuent de soutenir l’activité aussi longtemps que possible. Les banques centrales ont déjà exclu tout durcissement dans un avenir proche.

Karamo Kaba

Directeur des études économiques

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