Dix ans de croissance économique anéantis en deux trimestres : telle semble être l’amplitude du choc récessif en Allemagne mais aussi en France après une contraction de près de 14 % du PIB tricolore entre mars et juin 2020. C’est le plus fort déclin trimestriel enregistré par l’INSEE depuis 1968. À l’époque, la croissance avait rebondi de 8 % le trimestre suivant.
En attendant le rebond…
Aujourd’hui, en cette période de résultats d’entreprises qui confirment la violence de la crise, mais surtout, le manque de visibilité pour les mois à venir, les marchés sont focalisés sur la mesure du rebond attendu au prochain trimestre.
Les signaux reçus sont contradictoires : si les dernières données économiques à haute fréquence — offres d’emploi, affluence dans les commerces et services, réservations hôtelières, trafic aérien, émissions de carbone, etc. — restent encourageantes, la confiance des consommateurs, notamment en France, se replie déjà.
Risque de deuxième vague
Le taux d’épargne y progresse encore. La crainte de voir les prochaines défaillances d’entreprises produire à rebours leurs effets sur l’emploi altère la propension des ménages à consommer. Le risque de seconde vague, désormais tangible en Espagne et en Europe de l’Est, pèse sur le sentiment tant des consommateurs que des investisseurs.
Les restrictions de déplacements qui pourraient en résulter, au plus fort de la période estivale, mineraient encore davantage le secteur touristique européen, qui accueille 200 millions de voyageurs internationaux chaque année. Ce marché de 800 milliards d’euros — un tiers du volume d’affaires touristique mondial — qui emploie 13 millions de personnes sur le continent représente près de 15 % du PIB de l’Espagne et de l’Italie.
Reprise et stabilité financière
La fragilité de l’hypothétique reprise rend la concrétisation du plan de relance européen d’autant plus urgente que la question du pouvoir d’achat pourrait se poser de façon vindicative à la rentrée. Aux États-Unis, où l’épidémie continue de sévir, la FED constatait déjà un net ralentissement de la reprise malgré les mesures fiscales et monétaires.
Si la stabilité financière a été efficacement rétablie par les banques centrales, charge aux États à présent de rassurer l’ensemble des acteurs économiques et d’organiser plus efficacement la réponse au risque de seconde vague. En attendant que l’un des 142 candidats à un vaccin potentiel soit viable, le danger demeure entier.