Marchés financiers : tout se complique

Asset Management - Incertitudes sur la croissance mondiale, guerre commerciale et procédure d'impeachement aux Etats-Unis... Comment ces facteurs agitent-ils les marchés financiers cette semaine ? Quelles perspectives se dessinent pour les investisseurs ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

La publication des indices PMI européens en début de semaine a subitement refroidi les marchés qui s’étaient décidés à repartir de l’avant notamment grâce au sursaut de secteurs jusqu’alors malaimés (les banques en Europe). Alors que les investisseurs pariaient sur un scénario de ralentissement avec des soubresauts, les risques de récession — même technique, même limitée géographiquement — s’avèrent de plus en plus prégnants.

Croissance mondiale et incertitudes

Si la croissance mondiale frise encore les 3 %, des zones de fragilités sont apparues en Allemagne, au Royaume-Uni, en Chine et aux Etats-Unis. Si l’incertitude commerciale demeure difficile à quantifier, la plupart des économistes affirme qu’elle est responsable du ralentissement actuel et particulièrement du ralentissement industriel.

Comme la remise en cause du multilatéralisme et de la globalisation constitue un événement inédit et inconnu, il est impossible de lui appliquer une matrice usuelle des risques. Dans l’incertitude et l’impossibilité d’appliquer un coût à un risque, l’industriel ou le consommateur auront tendance à se retenir dans leurs investissements ou dans leurs dépenses. C’est aujourd’hui peut-être la plus grande menace sur l’économie mondiale.

Les difficultés de Donald Trump

La politique commerciale américaine ne produit pas les fruits escomptés pour l’instant sur le plan économique. Tout au plus, elle confirme que les deux plus grandes puissances n’ont plus les mêmes intérêts, ce qui est somme toute logique au vu de la divergence idéologique de leur système politique propre. Si les Chinois intéressent beaucoup Donald Trump, cette semaine aura confirmé qu’il est aussi assez proche de l’ex-Union Soviétique. Il aura en effet vraiment traversé son mandat de Président en compagnie des deux peuples slaves « ennemis », bien que l’Histoire confonde leurs origines communes.

D’abord soupçonné de collusion avec la Russie et son dirigeant Vladimir, il est désormais accusé de subornation et de pression diplomatique avec l’Ukraine et son dirigeant Volodymir. Sans rentrer dans les subtilités des deux langues cousines slaves, on doit aujourd’hui s’interroger sur les conséquences de la procédure d’impeachment lancée par la cheffe de file des Démocrates (Nancy Pelosi). Si les chances d’aboutir juridiquement et institutionnellement sont minces, il faudra, pour Donald Trump, vivre avec cette nouvelle enquête jusqu’à sa campagne et son éventuelle réélection.

Une destitution impossible ?

Dans l’histoire des Etats-Unis, aucune procédure d’impeachement n’a abouti : Andrew Johnson en 1868 sauvé d’une voix au Sénat, Richard Nixon lors du Watergate en 1974 qui préféra démissionner avant que la procédure n’aille à son terme et Bill Clinton pour des frasques plus personnelles en 1988.

Par ailleurs, ces procédures de destitution ne sont pas toujours appréciées du grand public car elles ternissent l’image de l’Amérique à l’extérieur. Au vu du comportement outrancier et provocateur du Président actuel, il était cependant presque étonnant que les Démocrates n’aient pas encore déclenché cette procédure auparavant.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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