Marchés financiers : tensions et jackpot

Asset Management - Guerre commerciale, Brexit, politiques monétaires... De nombreux facteurs macroéconomiques contribuent aujourd'hui à perturber les marchés financiers. Quelles conséquences sur les marchés actions ? Quelles répercutions sur la classe d'actifs obligataire ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

L’issue des négociations entre les Etats-Unis et la Chine a abouti à un accord partiel et une promesse de nouvelle rencontre. Les Etats-Unis avaient savamment fait monter la pression avant cette réunion en sanctionnant huit sociétés chinoises — dont Hikvision, entreprise spécialisée dans la conception et fabrication de matériel de vidéo-surveillance — et en restreignant les visas pour des dirigeants chinois impliqués au Xinjang.

Cette nouvelle a été jouée par les marchés dans la journée de vendredi. Cet optimisme pourrait se poursuivre cette semaine, d’autant plus si une solution au Brexit était trouvée entre la Grande-Bretagne et l’Europe. Ces éléments positifs pourraient venir compenser les zones de fragilité de l’économie mondiale. Ainsi, l’explosion d’un tanker iranien au large du port de Djeddah ravive-t-il les tensions sur le pétrole et pourrait relancer les spéculations sur une crise pétrolière.

Difficultés bancaires et politiques

La Fed — quant à elle — fait face aux problèmes de liquidités de son système bancaire. Pour l’instant, ces difficultés sont qualifiées de « techniques ». Sur les marchés actions, on s’interroge toujours sur la perspective ou non d’une récession imminente. Cela n’empêche les entreprises américaines de continuer à racheter leurs actions massivement sur le marché. Elles sont devenues les premières acheteuses directionnelles sur le S&P 500 avec 731 milliards de dollars de programmes de rachat d’actions à ce jour.

En Europe, les acheteurs et investisseurs en actions se font toujours aussi la rare que la végétation dans le désert de Gobi (80e semaine de décollecte sur les 83 dernières semaines). Le Brexit continue d’embrouiller les esprits des investisseurs, qui ne savent plus vraiment quel scénario est le plus probable tant l’inconstance des prises de position de Boris Johnson perturbe les négociations. Ce que ce sujet nous inspire, c’est la grande insécurité et instabilité que ces initiatives politiques hasardeuses portées par des dirigeants fantasques véhiculent.

Le jeu de l’argent et du hasard

Elles obligent les banques centrales à rentrer dans un jeu de rôle qui ne devrait pas être le leur. Toujours plus de liquidité, toujours moins de rendement sur la classe d’actifs obligataire sont des éléments qui, pour l’instant, crée une loterie mirifique où 100 % des joueurs — ceux qui portent le risque de taux — sont gagnants.

Mais comme tout jeu de hasard, les probabilités finissent toujours par se retourner contre les joueurs collectivement. Ironie de l’histoire, la perspective du Brexit n’aura pas empêché un heureux joueur britannique de remporter le jackpot de 190 millions d’euros à la loterie européenne organisée par l’opérateur de jeux qui prépare son introduction en bourse (La Française des Jeux). Comme quoi, l’Europe et le hasard ont du bon tout de même…

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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