Marchés financiers : suga libre

Asset Management - Cette semaine, les marchés financiers gardent un œil sur l'emploi aux Etats-Unis et sur l'inflation en zone euro. En Asie, quelques opportunités se dessinent. Pourquoi miser sur l'économie verte en Chine ? Les investisseurs doivent-ils s'intéresser davantage aux actions japonaises ? Le point avec César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Le nombre d’emplois crée aux Etats-Unis s’est révélé plus faible que prévu en août (235 000, contre 1,1 million en juillet), ce qui montre que le variant Delta perturbe l’économie américaine.

Malgré le piètre chiffre pour l’emploi, la hausse du salaire horaire moyen (+4,3 % en rythme annuel) et la faible croissance de la productivité (+0,6 % contre une prévision de +1,6 %) ont concouru à pousser les taux obligataires à la hausse à la fin de la semaine dernière.

Pour la première fois depuis dix ans, il devient évident que les marchés doivent composer avec une pénurie de main-d’œuvre et non pas avec un problème de demande.

Zone euro, l’inflation toujours

En zone euro, l’inflation globale (IPCH) a accéléré de 3,0 % en rythme annuel en août — un chiffre supérieur aux prévisions — et devrait aussi augmenter fortement dans les prochains mois pour plusieurs raisons. 

Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait donner des signaux sur la réduction de son programme d’achat d’urgence face à la pandémie (Pandemic emergency purchase programme – PEPP) au quatrième trimestre 2021. Nous avons un positionnement sous-pondéré sur les obligations d’État.

Chine, vers la transition verte ?

En Chine, l’indice des directeurs d’achat (PMI) s’est replié à son bas niveau depuis deux ans en août, confirmant que la pandémie de Covid et l’offensive réglementaire plombent l’activité économique de la deuxième plus grande puissance économique mondiale. Compte tenu de la rapidité de la dégradation des indicateurs économiques chinois, nous pouvons raisonnablement penser que le gouvernement adoptera des mesures d’assouplissement.

Dans cette optique, la Chine envisage de construire un parc éolien et photovoltaïque de 400 gigawatts qui rebattrait les cartes en matière d’approvisionnement en énergie au niveau mondial. Si ce projet venait à aboutir, la Chine se doterait d’une capacité de production d’énergie renouvelable similaire à celle qu’affiche l’Europe à l’heure actuelle.

Si confirmé, le projet serait un exemple marquant de la volonté de la Chine à réorienter son économie vers de nouveaux secteurs stratégiques et aurait toute sa place dans le « Plan Marshall vert », un de nos thèmes d’investissement de prédilection.

Quelques considérations politiques

Vertement critiqué pour sa gestion de la pandémie et pour sa décision de maintenir des Jeux olympiques très controversés dans le pays, le Premier ministre japonais Yoshihide Suga a créé la surprise en annonçant sa démission. L’annonce a provoqué une hausse des actions japonaises, puisque la démission de Suga pourrait ouvrir la voie à de nouvelles dépenses budgétaires, nous devenons positifs sur les actions japonaises. 

Ailleurs, les marchés redoutent que si le CDU, parti de centre-droit, n’a pas une position forte dans la coalition qui devra être formée après les élections allemandes à la fin de ce mois, nous aurons un relâchement durable de la discipline fiscale aussi bien en Allemagne qu’en Europe en général.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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