Marchés financiers : l’optimisme du vaccin domine à nouveau

Asset Management - Depuis l'annonce d'un potentiel vaccin contre la Covid-19, les marchés financiers restent résolument optimistes. Les désaccords entre la réserve fédérale américaine (Fed) et le pouvoir politique aux Etats-Unis peuvent-ils modifier la tendance ? Quid des tensions entre les USA et la Chine ? L'éclairage de Vincent Boy, Analyste marché chez IG France.

Les marchés conservent un biais haussier depuis les différentes annonces concernant les vaccins à l’étude — et notamment celui de Pfizer, qui pourrait être le premier à être validé par la FDA avant sa commercialisation à grande échelle.

Ces annonces permettent de faire oublier aux investisseurs, les reconfinements en Europe, l’augmentation importante du nombre d’hospitalisations et de décès aux Etats-Unis ou encore l’absence de consensus entre les deux chambres du congrès pour trouver un nouvel accord de soutien.

Manœuvres post-électorales

Par ailleurs, l’actuel secrétaire au trésor, Steven Mnuchin, souhaite ne pas poursuivre après le 31 décembre le programme de prêts mis en place avec la réserve fédérale américaine (Fed), afin de soutenir les petites et moyennes entreprises. Cette manœuvre — en désaccord avec la Fed — pourrait réduire encore d’avantage le rebond économique qui s’essouffle depuis plusieurs semaines déjà.

Steven Mnuchin a envoyé une demande au président de la Fed, dans le but de retourner l’enveloppe allouée pour aider les petites et moyennes entreprises afin de redistribuer cette somme au sein de l’administration. Cette demande ne semble pas justifiée, et ressemble plus à une manœuvre politique afin de priver le prochain secrétaire au trésor, qui sera démocrate, de cette somme. Cela pourrait avoir un impact sur la reprise, d’autant que le nouveau plan d’aide du congrès ne semble pas se préciser.

Le nouveau président élu, Joe Biden devrait d’ailleurs annoncer dans les prochains jours les noms des personnes qui devraient constituer son cabinet et notamment le nouveau secrétaire au trésor. En février prochain le mandat de Jerome Powell se termine, et il est possible que le nouveau président américain nomme un autre président. En revanche, bien que cela semblait remis en doute sous l’ère Trump, la réserve fédérale et le pouvoir politique sont normalement parfaitement indépendants et n’ont a priori pas d’influence l’un sur l’autre.

Vers un optimisme durable ?

Sur un autre front, l’administration Trump — qui devrait quitter le pouvoir le 20 janvier prochain — continue de mettre la pression sur la Chine, avec la possible mise sous surveillance de 89 nouvelles entreprises chinoises, qui auraient des liens avec le secteur militaire chinois. Celles-ci s’ajouteraient à la liste noire des Etats-Unis, qui interdit les sociétés listées de commercer avec les sociétés américaines.

Un autre point pourrait faire ressurgir les tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Selon certaines sources, un gradé américain aurait fait une visite à Taiwan — ce qui va à l’encontre des souhaits de la Chine, qui voit Taiwan comme une de ses régions. Malgré l’augmentation des risques liés à la crise sanitaire, aux conséquences sur la situation économique, aux tensions en mer de Chine, au manque de soutien budgétaire aux Etats-Unis ou encore des risques liés à la transition entre Donald Trump et Jo Biden, les marchés restent optimistes.

Cette situation pourrait durer encore. La perspective de voir les principales banques centrales annoncer une poursuite du soutien sans faille début décembre confirme l’idée d’une poursuite de l’optimisme des investisseurs.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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