Marchés financiers : les enquêtes continuent de s’améliorer

Asset Management - Après le confinement lié à la crise du coronavirus, l'activité économique retrouve des couleurs. Dans ce scénario de reprise lente, quelles perspectives pour le marché de l'emploi ? Quelles sont les répercutions macroéconomiques de la consommation des ménages ? Les explications de Karamo Kaba, Directeur des études économiques chez Ecofi Investissements.

Alors que l’activité économique commence à reprendre des couleurs, la situation sur le marché de l’emploi ne montre que peu de signes d’amélioration. Que ce soit aux Etats-Unis ou ailleurs, les entreprises continuent de licencier.

Ainsi, pour la treizième semaine consécutive, la première économie mondiale a-t-elle enregistré plus de 1,5 million de pertes de postes. Même si ce chiffre des nouvelles inscriptions au chômage est ressorti en baisse, il reste encore à un niveau extrêmement élevé.

Scénario de reprise lente

Nous dénombrons désormais près de 47,5 millions d’inscriptions au chômage depuis mi-mars, ce qui représente tout de même 27,8 % de la population active. L’Europe aussi doit faire face à cette mauvaise passe de l’emploi si nous en jugeons par la multiplication des annonces de plans sociaux (Air France, ADP, Airbus, TUI France, etc.). En France, par exemple, l’Unédic s’attend à environ 900 000 postes supprimés d’ici la fin de l’année.

Cela est cohérent avec notre scénario de reprise lente que nous pouvons aussi retrouver dans l’évolution de l’indice ZEW, où la composante mesurant la situation actuelle a continué de se détériorer tandis que celle mesurant les perspectives a continué de s’améliorer pour le troisième mois de rang. Déconfinement oblige, les statistiques se sont nettement améliorées.

Dépenses des ménages

Les ventes au détail aux Etats-Unis ont enregistré un bond sans précédent de 17,7 % en mai, dopées notamment par l’envolée des achats de vêtements (+ 188 %), d’automobiles (+ 44,1 %), d’articles de sport (+ 88,2 %) et de mobilier (+ 89,7 %), mais aussi des dépenses dans les restaurants et bars (+ 29,1 %). Cette bonne performance des dépenses des ménages ne devrait toutefois pas suffire pour éviter une forte contribution négative de la consommation au PIB du deuxième trimestre.

Cela a cependant permis de mettre fin à la spirale baissière de la semaine précédente. Le S&P s’est ainsi apprécié de 0,84 %, notamment après l’annonce d’un projet de relance fiscale de plus de 1 000 milliards de dollars destiné aux infrastructures. Cet enthousiasme des investisseurs s’est traduit par une nette surperformance des indices européens (EuroStoxx 50 : + 3 %, à 3 263 points).

Confiance européenne

Nous pouvons expliquer cette bonne performance de l’Europe par les avancées observées sur le front du plan de relance post Covid-19. Même si des désaccords persistent, aucun pays n’a remis en cause le principe d’un endettement commun. Les dirigeants européens vont ainsi se retrouver mi-juillet à Bruxelles pour trouver un accord rapide sur ce plan de 750 milliards d’euros qui bénéficiera avant tout aux pays de la périphérie de l’Europe.

Cette perspective a aidé à la détente du rendement du taux à 10 ans italien (- 7 points de base, à 1,34 %) et espagnol (- 6 points de base, à 0,51 %). Nous pouvons aussi trouver une explication dans le succès du TLTRO de la Banque centrale européenne avec la participation de 742 banques pour un total de 1 310 milliards d’euros empruntés. Pour mémoire, le record précédent était de 530 milliards d’euros et datait de mars 2012.

Du côté des devises

Le retour de l’optimisme n’a pas nui pour une fois au dollar (+ 0,37 % contre toutes les monnaies), aidé par une batterie de statistiques de bonne facture telles que la production industrielle (+ 1,4 % sur le mois de mai), les ventes au détail, les mises en chantier (+ 4,3 % en mai) et l’indice Empire Manufacturing de New York (passé de -48,5 en mai à -0,5 en juin).

Si les devises liées aux matières premières ont profité du bond du pétrole (+ 7,6 % sur la semaine pour le Brent, à 41,79 dollars), nous ne pouvons pas en dire autant des monnaies européennes. L’euro, en recul de 0,7 % sur la semaine, est revenu à 1,11799 dollar. La monnaie commune a semblé freinée par les réticences exprimées par les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark qu’il faudra vaincre avant l’éventuel lancement du plan de relance.

Karamo Kaba

Directeur des études économiques

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