Marchés financiers : le royaume des Francs

Asset Management - Face à la crise sanitaire, l'Union Européenne (UE) déploie un plan d'aide inédit qui transforme ses règles budgétaires. Ce nouveau plan suffira-t-il à relancer la zone euro ? Comment les marchés vont-ils réagir ? Le point avec Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA.

Charlemagne en l’an 800 régnait sur un territoire qui recouvrait notamment la France et l’Allemagne. Unifiant un nombre important de pays au sein de cet empire, il lui avait même donné une monnaie unique : le denier d’argent. L’initiative d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron pour créer un fonds de soutien à la zone euro résonne comme une réminiscence de l’histoire.

Relancer la zone euro

Le Recovery Fund représentera 3,6 % du PIB de la zone et malgré l’absence de détails précis, nous comprenons que son utilisation ne sera pas sous conditions. Les règles budgétaires internes de la zone euro doivent évoluer pour permettre à ce nouvel outil de se déployer, mais son fonctionnement nécessitera l’accord à l’unanimité des États membres.

Nous estimons son montant à 500 milliards d’euros. Cette réponse budgétaire commune doit permettre de relancer la zone économique après cet arrêt brutal. Les marchés financiers ont accueilli la nouvelle avec circonspection, même s’ils avaient peut-être déjà en tête la nécessité d’un nouveau mécanisme d’aide.

Chômage et baisse d’activité

Le déconfinement des populations n’éloigne pas encore totalement le virus — certains pays comme Singapour et la Chine annoncent encore des mesures de reconfinement — et le redémarrage des économies est lent. Les problématiques de fermeture de sites industriels (exemple, Renault) et de hausse du chômage (le vrai, pas le chômage partiel) vont s’inviter dans le discours des décideurs.

Pour autant, les marchés financiers ont montré leur volonté de résister, sans pour autant pouvoir bien estimer les dégâts sur la profitabilité des entreprises et les pressions futures sur leurs marges. Le dollar et l’or affichent eux aussi leur solidité tout comme les marchés actions américains. Les réponses budgétaires et monétaires sont en place. Nous pouvons souligner la certaine rapidité des autorités à les imaginer et à les annoncer.

Quid de la croissance ?

De ce point de vue, la comparaison avec 2008 donne plutôt du crédit aux banques centrales et aux gouvernements. Il est pourtant difficile d’être très optimiste sur les semestres à venir. Les coûts sociaux d’une telle baisse d’activité sont inévitables et le rythme de croissance ne peut qu’être ralenti durablement, surtout dans des économies rigidifiées par les normes et par les déficiences structurelles.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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