Marchés financiers : la troisième vague s’emballe

Asset Management - Cette semaine va apporter sa rafale de statistiques sur l’état de la conjoncture économique. Quelles perspectives se dessinent en termes de créations d'emploi et d'évolution des taux longs aux USA ? Le blocage du canal de suez aura-t-il un impact sur l'inflation ? Où en sommes-nous de la transition énergétique ?

La dernière semaine aura été révélatrice de la force avec laquelle cette troisième vague de l’épidémie est en train de frapper, notamment en Europe. Nous avons vu la tendance à la hausse des contagions s’accélérer très nettement. La stratégie d’opter pour des règles le moins contraignantes possible de mobilité — afin de ne pas trop heurter les populations et maintenir l’activité économique — semble ne pas vraiment avoir porté ses fruits.

Europe, les vaccins et la montre

En Allemagne, la chancelière a menacé las gouvernement régionaux de prendre le contrôle de la pandémie au niveau fédéral tant, de son point de vue, les restrictions de mobilité n’étaient pas appliquées de manière efficace. Il est probable que des restrictions plus sévères ne viennent à être mise en place afin d’éviter une accélération plus radicale des contagions, portées essentiellement par la circulation très forte des variants.

Outre les mesures de confinement qui pourraient être prises afin d’éviter une accélération des contagions et mettre à mal des systèmes hospitaliers déjà sous forte tension, c’est bien par l’accélération des vaccinations que les autorités européennes veulent avancer. Mais, à très court terme, la course de vitesse semble pour l’instant perdue. Si des restrictions plus sévères venaient à être mises en place, le coût économique pourrait s’avérer plus important que prévu en ce début de T2 2021.

Marchés financiers : la troisième vague s’emballe

Etats-Unis, les chiffres de l’emploi

Sur les marchés, nous verrons si les statistiques conjoncturelles prêtent main forte au pari de reflation. Les regards seront tournés sur les indicateurs d’activité manufacturière qui devraient confirmer le rebond dans le secteur et surtout toujours des tensions sur les prix.

Mais ce seront les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis qui devrait le plus affecter le marché. Sans surprise, vu l’amélioration de la situation sanitaire et l’ouverture de l’économie, nous devrions avoir une hausse très forte des créations d’emplois, notamment dans les secteurs de la restauration et de l’hébergement.

La baisse continue des demandes d’allocation chômage ces dernières semaines pointe bien vers un chiffre important. Le consensus des économistes table sur plus de 600 000 créations d’emplois et un taux de chômage qui poursuivrait sa décrue. Un chiffre bien supérieur pour le nombre de nouveaux postes de travail créés pourrait venir accentuer la montée des taux longs. 

Taux longs et politiques monétaires

Une hausse supplémentaire des taux longs pourrait continuer de se faire par une hausse de la prime de terme. La vitesse et la force de la reprise américaine, en dépit des propos rassurants de dirigeants de la Fed, pourrait pousser les investisseurs à introduire plus d’incertitude sur l’évolution des taux longs.

En ce qui concerne l’évolution de l’inflation à moyen terme, nous restons toujours sur deux camps qui s’opposent. Ceux qui pensent que la tendance séculaire d’une inflation basse devrait persister. Cette dynamique est notamment défendue pour l’Europe, où le déficit de croissance généré par la crise ne serait comblé qu’avec lenteur, notamment faute de politiques de relance plus agressives. 

En revanche aux Etats-Unis, la stratégie de l’économie en surchauffe poursuivie par la Fed afin de mieux ancrer les anticipations d’inflation, en laissant l’inflation évoluer pendant un temps au-dessus du taux cible, de manière à compenser la faible inflation liée à la crise, pourrait engendrer une inflation durablement plus élevée.

Transition écologique, l’urgence

Sur les forces qui pourraient contribuer à une inflation plus élevée dans le futur nous avons l’argument associé au nécessaire coût de la sortie du carbone. Ceci ne se traduire pas simplement par des changements des prix relatifs, mais bien par une inflation plus élevée.

En ce sens, la décision de la Cour suprême du Canada de valider la taxe carbone proposée par le premier ministre, Justin Trudeau, aura évidemment un impact sur les prix à long terme. Cette taxe devrait porter le prix du carbone à 170 dollars canadiens (113 euros) par tonne d’ici 2030. C’est le « prix » à payer pour réussir à atteindre la cible de neutralité carbone à l’horizon 2030.

Marchés financiers : la troisième vague s’emballe

Un prix du carbone plus élevé dévient de plus en plus une réalité. En Europe, sur le marché des permis d’émissions, qui reste le plus important du monde, on a vu le prix continuer sa course haussière. Il est probable qu’avec plus de restrictions sur les industries génératrices de CO2 avec donc moins de permis distribués, la hausse du prix devrait se poursuivre.

Vers une hausse de l’inflation ?

Il est encore difficile de le déterminer l’impact que ceci aura sur la dynamique de l’inflation à plus long-terme, mais c’est évidemment un des facteurs qui pourrait participer à une inflation plus élevée dans l’avenir.

Sebastian Paris-Horvitz - La Banque Postale Asset Management

Economiste et stratégiste chez La Banque Postale Asset Management

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