Marchés financiers : hausse de la volatilité sur les places mondiales

Asset Management - La nervosité des marchés financiers favorise la volatilité. Hausse des cas de coronavirus, tensions internationales, frilosité des marchés obligataires... Quels sont les facteurs qui expliquent le retour des incertitudes sur les places mondiales ? Les explications d'Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France.

La volatilité s’est de nouveau invitée sur les places mondiales au cours des dernières heures, et notamment en Europe. Les indices ont ainsi effacé rapidement les gains de la veille.

L’ombre du confinement

Il n’y a pas eu un seul facteur déclenchant, mais une série d’éléments négatifs. Tout d’abord la poursuite de la hausse du nombre de cas de coronavirus aux Etats-Unis, avec des Etats plus impactés que d’autres comme la Californie qui a dénombré 6 500 nouveaux cas sur la seule journée d’hier avec une hausse du nombre de décès.

Même si le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a été catégorique sur le fait qu’il n’y aurait pas de nouveau « lockdown » à l’échelle des Etats-Unis, le chef du centre des maladies infectieuses Anthony Fauci a parlé d’une « situation sérieuse » et n’a pas fermé la porte à la possible nécessité de nouvelles mesures de confinement.

Coup de froid Etats-Unis/Chine

Puis il y a eu les suites de l’épisode « Navarro », ce conseiller commercial de la Maison Blanche qui a brièvement inquiété les marchés dans la nuit de lundi à mardi avec une communication hasardeuse faisant craindre la fin de l’accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

Cela avait nécessité un tweet du président américain pour clarifier la situation, mais cette sortie a laissé des traces. Quelques heures après, malgré l’apaisement joué par l’administration américaine, le Global Times — proche du pouvoir chinois — a twitté que les « clarifications de Navarro ne suffisaient pas à effacer les dégâts portés à l’accord commercial ».

Le Secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a également ajouté un couplet à ce nouveau froid jeté sur les relations sino-américaines, en déclarant que si les entreprises américaines ne pouvaient pas participer équitablement à l’économie chinoise, alors il y aurait un découplage des économies. Des petites phrases suffisamment explicites pour générer un regain d’inquiétude sur les marchés financiers.

Nervosité des marchés obligataires

Des divergences sur le marché des obligations d’entreprises ont également participé à ce regain de nervosité. Depuis quelques jours, nous observons une divergence dans la trajectoire de la dette des entreprises américaines en catégorie « investissement » par rapport à celle en catégorie « spéculative ».

Or, la corrélation directionnelle était plutôt bonne depuis le début de la crise sanitaire. Même si nous savons que la Fed intervient désormais sur la dette à « haut rendement » des entreprises américaines — à travers des ETF et des obligations individuelles — ce genre de divergence peut traduire une crainte des investisseurs.

Sachant également que juin a été un mois record dans l’émission de « junk bonds » par les entreprises américaines… Et c’est dans ce contexte que la note du groupe Carnival — spécialiste mondial du secteur des croisières — a été dégradée en catégorie « junk » par l’agence S&P.

Tensions sur la taxe GAFA

Autre source de nervosité, l’administration américaine s’apprêterait à accroître ses taxes à hauteur de 3,1 milliards de dollars sur les exportations de plusieurs européens dont la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Unis, en ciblant également de nouveaux produits.

De quoi raviver les craintes d’une reprise des tensions commerciales en pleine campagne présidentielle, les Etats-Unis voulant également faire pression sur l’Europe qui souhaite, de son côté, avancer sur la question des taxes sur les services numériques.

Le secteur « tech » qui pourrait également être mis sous pression par la justice américaine. Le Département de la Justice ainsi que des procureurs de plusieurs Etats américain devraient se réunir vendredi pour avancer sur l’enquête antitrust contre Google.

Vers l’accélération de la correction ?

Ce flot d’informations a ramené les indices européens au contact de zones « support » importantes, testées à plusieurs reprises ces derniers jours : 4 900 points pour le CAC 40 et 12 200 points pour le DAX. Un basculement sous ces zones de prix devrait entraîner une accélération de la correction.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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