Marchés financiers : déjà-vu

Asset Management - Brexit, Chine et Etats-Unis... Cette semaine, les marchés financiers connaissent une embellie à la faveur du recul des risques politiques. Quelles perspectives en Europe, concernant l'accord sur le Brexit ? Comment se porte la croissance chinoise ? Quelle évolution pour la consommation aux Etats-Unis ? César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management, partage son analyse.

Après moult rebondissements, Boris Johnson est parvenu à un accord avec l’Union européenne à propos du Brexit : la première étape est donc franchie. La seconde étape consiste à remporter le vote au Parlement — étape qui a fait trébucher Theresa May non pas une, mais trois fois. Le vote n’ayant pas pu avoir lieu samedi, nous allons voir aujourd’hui ce qu’il adviendra de l’accord de Boris Johnson.

Les effets à long terme du Brexit sur l’économie sont encore largement incertains, raison pour laquelle il faudra rester sélectif au cours des prochains mois en matière d’actifs britanniques. Pour l’instant, l’embellie de soulagement a donné un nouveau coup de fouet aux actifs risqués, déjà soutenus par les perspectives d’un accord de « phase 1 » entre les Etats-Unis et la Chine. Les titres value et les petites capitalisations en particulier devraient profiter des évolutions positives autour du Brexit. Davantage de certitude favorisera également une hausse des taux à long terme, ce qui se traduira par une pentification de la courbe des rendements.

Vers une stabilisation en Chine

Au troisième trimestre, l’économie chinoise a progressé de 6,0 %, un rythme inférieur aux attentes — le taux de croissance trimestrielle le plus bas depuis trois décennies. La Chine est dorénavant la seconde économie mondiale, alors qu’elle ne faisait pas partie du « top 10 » il y a trente ans. Certes, le pays est actuellement confronté à de nombreux vents contraires freinant la croissance — et pas seulement liés à la guerre commerciale avec les Etats-Unis — mais l’économie chinoise est devenue trop importante pour continuer de progresser à une vitesse vertigineuse.

Par ailleurs, le gouvernement dispose de nombreux leviers budgétaires lui permettant d’amortir le ralentissement, si nécessaire. Les chiffres de vendredi étaient aussi porteurs de quelques bonnes nouvelles, en particulier l’augmentation de 5,8 % de la production industrielle en septembre par rapport à l’année dernière. Les autorités chinoises vont par ailleurs tenter de stabiliser la conjoncture par le biais d’injections de liquidités et de baisses des taux de la banque centrale.

Etats-Unis, la consommation fragilisée ?

Bien que nous ne soyons qu’au début de la saison des résultats du troisième trimestre, celle-ci a pour l’instant surpris agréablement — en particulier s’agissant des banques américaines. Les chiffres ont été bons, aussi bien en termes de pourcentage d’entreprises publiant des résultats supérieurs aux attentes qu’en termes de surprises, en moyenne positives. Mais l’affaiblissement des données relatives au commerce de détail américain nous incite à surveiller de très près les chiffres de la consommation américaine au cours des prochains mois, compte tenu du rôle crucial que jouent les dépenses de consommation dans la croissance du pays.

Les marges semblent bien résister, malgré un ralentissement de la progression des chiffres d’affaires, ce qui est encourageant. En revanche, sur les marchés émergents, la saison des résultats a débuté dans un contexte maussade, avec des chiffres d’affaires conformes aux attentes, mais des bénéfices moins bons que prévu. Nous restons neutres vis-à-vis des actions des marchés développés et préférons miser sur les marchés émergents par le biais de la dette souveraine en monnaies locales.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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